Elle était une pierre pleine d'éclat.
Au cours de sa vie, personne n'a pris soin d'elle mais elle a été solide comme un diamant.
Au fil du temps, elle commençait à sombrer dans les tréfonds des sols du désespoir.
Elle était sur le point de disparaît...
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PDV Inconnu
J'ai pu sauver cette femme avant qu'elle ne commette le pire. Elle s'était ensuite relevée et m'avait regardé pendant une seconde, puis elle s'est évanouie.
Il est huit heures du matin. J'ai emmené cette femme chez moi pour qu'elle dorme sous un toit et pas seule. Je ne l'ai bien sûr pas touché, déshabillé ou quoi que ce soit. Je l'ai couché sur mon lit et je suis allé dormir sur le canapé de mon salon. J'y suis d'ailleurs toujours allongé.
J'entends des pas depuis les escaliers, ce doit être elle. Elle passe devant moi pour aller dans la cuisine. Elle pense que je dors encore. Je l'entends se servir dans les placards.
Je me lève du canapé et pars la rejoindre dans la cuisine.
« — Bonjour. »
Elle se retourne en sursautant et fait tomber la boîte de sucre en poudre par la même occasion.
« — Oh pardon ! Je suis vraiment désolée ! Je... je vais nettoyer. » s'excusa-t-elle.
Elle s'accroupit au sol pour commencer à nettoyer le sucre qui s'est répandu sur le sol. Pendant ce temps, je commence à préparer le petit-déjeuner pour nous deux.
Quand nous eûmes fini nos tâches respectives, nous regagnâmes le salon. Je m'installe autour de la grande table où le petit-déjeuner nous attendait. Au lieu de venir me rejoindre, la jeune femme reste plantée comme un piquet au milieu du salon.
« — Venez. » dis-je.
Elle s'avance timidement près de la table. Elle s'assoit et commence à manger.
« — Quel est votre nom ? demandai-je. — Je... je m'appelle Diamante. — Quel joli prénom ! Et très original. Enchanté, moi c'est Aylan. — Enchantée. »
Un silence s'installa avant que je reprenne la parole :
« — Qu'est-ce qui vous ai passé par la tête hier ? questionnai-je doucement. — Je dois mourir. — Quoi ?! Ne dites plus jamais ça ! — Pourquoi ? C'est la vérité. — Non. Personne ne décide soi-même de mourir. C'est seulement Dieu qui décide quand est-ce qu'on doit mourir. — Il l'a décidé... — Il te l'a dit quand ? »
Elle ne répondit pas.
« — Si selon toi, Il l'a décidé, comment tu expliques que je sois venu à ton secours ? fis-je. — C'était peut-être une dernière péripétie avant mon décès dans un futur très proche. — Non. Tu ne mourras pas dans futur très proche, c'est pas écrit comme ça, j'en suis persuadé. »
Un autre silence s'installa. Je le romps une deuxième fois.
« — J'ai commencé à te tutoyer, ça ne te dérange pas ? — Pas du tout. — Et ta famille ? »
Elle rit nerveusement.
« — Ma famille ? Pfff... ma famille... — Je ne te force pas à m'en parler. Si tu ne veux pas... — Ils m'ont délaissé ! m'interrompt-elle. — Comment ça ? — Je suis pas née ici, je viens d'Angola. Depuis mon enfance je n'étais pas comme les autres enfants... j'étais bizarre. J'avais comme une phobie de jouer avec les autres enfants. Plus je grandissais, plus ma famille me délaissait à cause de cette bizarrerie de ne pas parler aux gens. Je fuyais aussi ma famille. Dans l'adolescence, tout cela m'a beaucoup affectée et je suis tombée en dépression sauf qu'à l'époque je ne le savais pas. En Afrique, tout ce qui est maladie psychologique, mentale, ça n'existe pas ou alors c'est de la sorcellerie. J'étais irritable, je pleurais pour un rien, j'étais mal. Mes parents ne m'aidaient pas en me traitant de sorcière, de pygmée. Ils m'ont emmené voir plusieurs guérisseurs pour "sortir la sorcellerie en moi" mais ça n'a pas marché puisqu'évidemment ce n'est pas de ce ressort là. J'ai évolué avec ma dépression et voilà où j'en suis aujourd'hui. Je suis condamnée à prendre des médicaments sinon je pète un plomb. Je deviens folle. J'ai quitté l'Angola, j'ai fait mes études ici en France mais je n'ai pas la force de travailler parce que j'ai peur de la pression, peur des gens, de ce qu'ils pourront me dire... Je suis démunie. »
J'ai écouté son monologue très attentivement. Elle arrive de loin, son parcours est très fourni. Elle mérite une vie meilleure. Elle a besoin de quelqu'un à ses côtés pour l'épauler.
« — J'ai besoin de compagnie, Aylan, je suis seule. Tiens-moi compagnie, aide-moi s'il te plaît Aylan, aide-moi. »