Je m'assis sur un fauteuil ancien mais confortable et regardai par la fenêtre close. Je regardai les oiseaux voler dans le ciel clair. Je me replongeai dans mes souvenirs du mois dernier. En y pensant je sentis une larme couler le long de ma joue. Je repensai à cette nuit tragique. C'était un soir. J'étais restée chez moi et mes parents étaient sortis manger au restaurant en me laissant seule avec ma grande soeur. Nous avions regardé la télévision, avions mangé et fait des jeux de société en attendant qu'ils rentrent.
Alors que nous commencions une autre activité, le téléphone sonna. Je décrochai. J'entendis une voix de femme et elle m'annonça une terrible nouvelle : mes parents avaient eu un accident de voiture. Il y eut un bruit sourd et le téléphone se brisa, tout comme mon coeur. « Émilie ! » hurlais-je. « Papa... Maman... accident... hôpital...» hoquetais-je.
Affolées, nous partîmes directement. Sur l'autoroute nous vîmes une voiture noire, retournée, vitres brisées, toute cassée. Ma soeur freina brusquement et je sautai hors de la voiture. Je courus en direction de celle renversée. Je priais de toutes mes forces pour que ce ne soit pas celle de mes parents. Mais comment s'y méprendre ? Je poussais un policier et regardais rapidement la plaque d'immatriculation cabossée. C'était la leur. Bousculant à nouveau l'homme qui se tenait là, je pris ma sur par la main et la poussais dans la voiture sans lui laisser le temps de vérifier quoi que ce soit.
L'hôpital que m'avait indiqué la femme était à un demi-kilomètre de chez nous. Nous arrivâmes bientôt. Avant que ma soeur n'aie eut le temps de garer la voiture, j'étais déjà devant le bâtiment. D'un coup de pied, j'ouvris la porte. Sans me soucier de l'ascenseur je gravis les marches de l'escalier. Chambre 713. Suivie de ma soeur qui m'avait rattrapée, je pénétrai dans la pièce.
Ils étaient pâles, la bouche entrouverte, les yeux fermés. « Non ! » Ils ne pouvaient pas être morts. « Maman, dis-moi, dis-moi seulement un mot, dis-moi que tu es encore vivante ! » Je la serrais contre moi. « Maman, papa...» ma voix s'éteignit. Je ne voulais, je ne pouvais permettre qu'ils aient perdu la vie. Non, non, non. C'était impossible. Je ne voulais pas y croire. Pourtant, il fallait bien que je l'accepte, ils étaient partis à tout jamais. Ceux qui ont tous fait pour moi, mes appuis, mes parents. Pourquoi ? Pourquoi devait-ce arriver à moi ? Les contemplant, des pensées noires me prirent. Je ne réfléchissais plus, mon esprit était embrouillé. Que faisais-je là ? Je ne le savais plus. Je ne pouvais que pleurer, pleurer. Tout ce qui me venait à l'esprit, c'était ce jour où nous nous étions fâchés pour un rien. Ce jour où j'avais pensé du mal d'eux. Ce jour où je disais qu'ils n'étaient que des monstres. Ce jour marquant où j'avais voulu m'enfuir. Ce jour où j'avais écrit sur un papier toutes les méchancetés que je n'osais leur dire mais qui étaient gravées dans mon âme. Ce jour où il avait fallu que je refuse de manger des pâtes, il faut bien croire, et que cette histoire eut mal tourné. Ces certains jours où je m'étais disputée avec mon père, ma mère. Pourquoi est-ce que je devais porter seule ce si lourd fardeau ? Pourquoi fallut-il que je m'embrouillasse autant ? Quelle idiote avais-je été de les avoir traités ainsi ? Pourquoi ne les avais-je pas tout simplement écoutés, obéis ? Pourquoi avais-je pensé des horreurs pareilles d'eux ? Maintenant qu'ils n'étaient plus en vie, ce n'est que maintenant que je me rends compte de mes centaines de fautes ? Pourquoi n'est-ce que maintenant que je regrette mes actes ? Suis-je si cruelle que cela ? Mon coeur était donc de pierre ? Avait-il fallut qu'ils meurent pour que je m'en rende compte ? Pourquoi avais-je si stupidement gâché ces moments qui auraient pu être tendresse et bonheur pour les transformer en nuit noire, tempête, enfer ? Quelques souvenirs de joie me vinrent en tête. Ce ciel bleu si pur, si beau, ces sourires peints sur leur visage qui me regardait. Nous jouions, nous riions, nous nous aimions. A présent, c'était fini. Je voudrais tellement seulement leur dire « pardon ». Mais maintenant, comment faire ? Je ne pouvais plus. J'ai raté l'occasion de le leur dire. C'était trop tard, fini. Mes yeux s'emplirent de larmes. Et d'ailleurs, pourquoi ma soeur, cette soeur, derrière moi n'avançait pas, ne pleurait pas, ne faisait rien pour aller vers mes parents ? Pourquoi restait-elle en arrière, n'ayant aucune émotion ? Avec le geste d'un désespéré, je pris un stylo qui était sur la table de nuit et le projetai à travers la salle. Celui-ci rebondit tristement, sur le mur et retombant par terre, roula jusqu'à moi. De colère, je me levais et me mis à écraser l'objet. Quand il fut cassé, je me tournai vers ma sur qui pleurait silencieusement à genoux. Je me précipitais dans ses bras et m'y jetais. Elle me serra contre son coeur, comme l'aurait fait ma mère et me laissa pleurer de tout mon soûl. Fatiguée par tant d'émotions, je m'assoupis.
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Le Collier ou Elle
Short Story"C'est toujours l'attachement à l'objet qui amène la mort du possesseur" ~ Marcel Proust Et si. Et s'ils n'étaient pas partis. Et si nous étions partis avec eux. Et si nous n'en avions pas hérité. Et si tout cela n'était pas parvenu. Et si. Avec des...