Partie 5

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Un soir alors que j'étais assise confortablement dans le même fauteuil, le même que celui sur lequel je regardai par la fenêtre il y a près d'un mois en songeant à mes parents, je me remémorai vaguement ce qui s'était passé à ce moment-là puis un souvenir, une image claire et nette apparue à mes yeux : une clé scintillait dans la pénombre de la cave. Une lueur dangereuse en cet endroit sombre. 

Je sentis une présence derrière moi et me retournai brusquement. Ce n'était que ma sœur. Je passai la main à mon cou, un geste devenu habituel chaque fois que je me sentais mal à l'aise et tout d'un coup, je la revis, cette brume bleue, impalpable, cette fois elle prit l'image de ma sœur son visage était songeur, triste, fatigué. Je me précipitai vers elle mais il avait aussitôt disparu comme s'il me fuyait. 

Cette nuit-là j'eus de nouveau du mal à me coucher. Je glissai peu à peu dans un sommeil agité. Ma sœur m'apparut aussi distinctement que dans le salon mais son visage était de marbre, inexpressif, impassible. Ses yeux n'étaient plus embués de larmes, son regard froid, gelé, glacial me fit trembler, non, je ne bougeais pas, je ne bougeais plus. Mes jambes semblaient paralysées, clouées au sol ou plutôt, non, il n'y avait pas de sol, je restais là, dans ces ténèbres et devant moi se tenait ma sœur mais ce n'était pas ma sœur, mais elle possédait les traits de ma sœur mais ce n'était pas elle, non... Qui es-tu ? Qui es-tu ? La peur m'envahit. Où suis-je ? Qui est-ce ? Qui êtes-vous m'écriai-je, dis-je, murmurai-je. Mais aucun son ne sortit de ma bouche, aucun bruit ne parvint à mes oreilles. Seul, le silence régnait. 

La femme qui se tenait devant moi, celle qui portait les traits de ma sœur, étira ses lèvres en un rictus en me regardant essayer en vain de prononcer un mot. Soudain l'air devint glacial, je fus alors envahie par une sorte de nausée, un froid de glace. Une voix s'éleva, aiguë, froide, sifflante, coupante, tranchante telle une flèche transperçant mon cœur, pas plus forte qu'un murmure et pourtant parfaitement audible, comme si la bouche d'où sortait les mots se tenait tout contre mon oreille, elle me dit : « Ta force vitale s'infiltre dans mon corps chaque jour un peu plus. Je renais grâce à toi ! A présent tu seras sous mon contrôle et tu feras tout ce que je te demanderai ! » Effrayée j'essayai de reculer mais je ne pus. Effrayante, l'image de ma sœur s'avança un sourire aux lèvres. «Tu veux t'en aller ? Sans même me dire au revoir ? » Et elle éclata d'un rire aigu puis je me sentis tomber, tomber, toujours dans ce même puits sans fin. 

Je me réveillai le lendemain encore tremblante de peur. Une lueur bleue, aveuglante provenait du collier que je portais autour du cou.

Le Collier ou ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant