Il est détruit

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Notre rencontre est classique des histoires niaises...a contrario de nos rapports sexuels qui, eux, sont dignes des plus grands films pour adultes ... (mieux que Casa Erotica ! ). Quand je l'ai rencontré j'avais donc 24 ans, lui 22 et j'étais employé dans un café...

Je regarde la salle et vois une table avec deux hommes dont un sacrément mignon. Je regarde mon amie, Kali et lui jette un regard noir.

- Je m'occupe de cette table.

- Dommage...

Elle sourit et s'en va s'occuper des autres clients. Je m'approche des deux hommes et souris.

- Vous désirez quelque chose ?

L'un des deux lève son visage vers moi et me regarde à peine.

- Un café.

Je regarde le deuxième, il me regarde en restant béa pendant quelques secondes avant d'hésiter à parler.

- Hum...un...un jus d'orange.... s'il vous plaît.

Je note leurs commandes et souris.

- Je vous apporte ça.

Je me dirige vers le comptoir et prépare moi même la commande.
Oui c'est ça quand on est deux dans un café qui a plus d'une cinquantaine de clients par jours. Becky est en retard et d'habitude c'est elle qui prépare les commandes mais bon..elle est un peu la chouchou du patron alors je ne dis rien.
Kali s'approche de moi et prépare aussi une commande. Elle me regarde et me sourit.

- Il t'a maté quand tu es parti.

- Je m'en doute qui peut me résister ?

Elle glousse avant de repartir. Je prépare le jus d'orange car, oui on essaye de faire un maximum de nourriture faite maison avec des produits frais et personne ne s'en plaint, au contraire !
Une fois les deux commandes faites, je leur apporte sur un plateau. Au moment où j'arrive près d'eux, ils sont en pleine conversation et plutôt...animé :

- Ecoute Sammy, met ta fierté de côté deux secondes. Merde, papa a besoin de toi ! sa voix était dure, presque autoritaire mais il parle à voix basse.

- Parce que pour toi j'ai un problème de fierté ? Tu sais très bien ce qu'est le problème et ce n'est sûrement pas ça ! Hors de question que j'aille le voir. siffle le dit "Sammy".

- Fais un effort bon sang ! Fais le au moins pour moi.

Le monsieur-pas-mignon-qui-s'embrouille-avec-le-monsieur-mignon se lève, prend sa veste et pose quelques billets sur la table avant de partir. Je m'approche un peu plus et pose doucement le verre de jus d'orange sur la table.

- Je suppose que le café n'est plus utile ?

Il me regarde et je remarque à mon plus grand plaisir qu'il a de très beaux yeux verts. Il me sourit poliment.

- Désolé...

Je balaye la salle des yeux et m'assoie en face de lui.

- C'est pas grave je le boirai plus tard ou l'empoisonnerai et je le donnerai à quelqu'un que je n'aime pas.

Il me sourit et cette fois-ci, ça me parait un peu plus sincère.

Je me souviens qu'il avait l'air un peu gêné. Vous me direz aussi, quand un inconnu s'assoit près de vous et vous dit qu'il va peut être tenter de tuer quelqu'un... Enfin passons !
Nous nous sommes revus plusieurs fois au café et bien évidement je tenais à ce que ce soit moi qui le serve. Un soir j'étais entrain de faire la fermeture quand je m'aperçu qu'il était le dernier client...

Je m'approche de Sam, qui semblait travailler et je m'assoie en face de lui. Je remarque d'ailleurs que c'est à chaque fois la même table.

- Moose...je ferme.

Il sursaute et me regarde puis regarde autour de lui.

- Désolé je n'avais pas remarqué, il se gratte la nuque, sans doute gêné.

- C'est pas grave. Termine si tu veux, je ne suis pas pressé, je souris doucement.

- Je fais vite alors.

Il écrit encore deux ou trois phrases.

- C'est quoi ?

- De quoi ? il me regarde.

- Ton travail ?

- Oh c'est pour un entretien d'embauche chez un cabinet d'avocat, il sourit.

Il range ses affaires et s'apprête à payer mais je pose ma main sur la sienne.

- Cadeau de la maison.

- Tu es sûr ?

Je lui souris et Sam me remercie silencieusement.

- Je peux te poser une question ?

Il opine et reste en face de moi, son regard dans le mien.

- Je suis curieux, peut-être un peu trop même... Vous parliez de quoi avec l'autre homme la dernière fois ? Je sais que c'est déplacé mais ça avait l'air de vraiment t'affecter et ça fait quoi ? 2 ou 3 mois qu'on se connaît et j'ai l'impression que ça te pèse encore ... Je m'inquiète...

Il semble réfléchir et il passe sa langue sur ses lèvres.

- L'homme, comme tu dis, est mon frère. Notre père a été hospitalisé car il est malade, il marque un petit temps et je lui fais signe qu'il peut continuer. Il se tortille un peu sur sa chaise. Je ne veux pas aller le voir car on ne s'est pas quitté en de bons termes. Il ne voulait pas que j'aille faire des études de droits, il voulait que je reste dans le Kansas avec lui et Dean, que l'on soit tous les deux dans l'armée, ce que Dean a accepté mais pas moi. Nous n'avons jamais été d'accord. Parfois j'ai l'impression qu'il me reproche la mort de notre mère. Elle est morte en accouchant de moi. Il n'est pas d'accord non plus sur mon orientation.. ça le dérange que je sois gay. Donc tout ça combiné....ça donne une adolescence plutôt tendue.

Il sourit faiblement et ne me quitte pas des yeux. Il continue de me parler un peu de son enfance, son frère, son père, la fois où il a cassé le bras d'un de ses camarades de classe alors qu'ils avaient 9 ans, le jour où son père l'a surprit entrain d'embrasser un garçon pour la première fois et qu'il avait été puni pendant un mois de sorties alors qu'il avait 16 ans.

Je me souviens que j'avais fermé la boutique à 21h à la place de 19h. On avait beaucoup parlé et il se sentait beaucoup mieux. C'était la première fois qu'il se confiait à quelqu'un et on s'était donné nos numéros de téléphone et nos adresses comme pour nous donner refuge si ça n'allait pas. Quand je l'ai connu c'était quelqu'un de brisé qui se sentait seul et qui avait besoin de se raccrocher à un espoir. C'est comme ça que nous sommes devenus ami et que j'ai fait mon maximum pour recoller les petits morceaux de son coeur...

My boyfriendOù les histoires vivent. Découvrez maintenant