4 - L'abordage du ciel

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Le vent est glacial et la neige commence à tomber.

Alors que Nicolas le couvre d'une pluie d'insultes, son ami tente de retrouver ses repères, enfin sur la terre ferme. Ou sur une hotte en dehors de son traîneau.

« ...Jamet, tu rattrapes ce traîneau rapidement, j'apporte la hotte ! » Gronde le Korrigan en furie.

Le lutin blond ne se fait pas prier et course le traîneau en faisant des bonds de plus en plus grands. Il sait très bien que Nicolas ne pique pas des crises de colère pour rien et qu'aujourd'hui il n'a que trop raison de lui crier dessus.

Nicolas essaie de rassembler tous les cadeaux qui ont débordé de la hotte pour les remettre à l'intérieur. C'est celle en direction de la Bretagne. Et le paquet de Maëlys ne veut pas passer, le sac géant est déjà trop chargé.

Il secoue la tête et rétrécit le paquet à l'aide de sa peinture Arc-en-ciel attachée à sa ceinture pour pouvoir ranger le cadeau dans la grande poche de sa salopette. Il tâte sa ceinture une nouvelle fois et y trouve à son grand soulagement sa corde. Il attache sac géant et prend le bout pour pouvoir le tirer. Ce que c'est lourd ! Le sac bouge à peine.

Il traîne donc la hotte dans la neige en injuriant Jamet dans sa tête pour se donner un peu plus d'énergie. Déjà, il l'aide à finir sa liste de dernière minute, mais en plus il se retrouve impliqué à faire des heures supplémentaires pour tirer des cadeaux qu'il avait bien déposé dans le traîneau à l'heure ! Et dans le froid... Ah, il déteste le froid, encore plus aujourd'hui que les autres jours.

« Ça caille... » Laisse-t-il échapper en serrant les dents.

Quand il s'arrête pour voir ou en est le traîneau, il plisse les yeux et remarque que celui-ci revient dans sa direction. Décidément, il n'a jamais ses lunettes au bon moment...

Les rennes freinent à l'aide de leur sabots arrivés sur la terre ferme et le vieillard semble autant en colère que Nicolas.

« Non mais j'vous jure, arriver en retard pour Noël, j'vais rapporter ça croyez-moi ! Peste-il dans sa barbe.

- Merci Jamet... » dit Nicolas dans un ton dégoulinant d'ironie.

Celui-ci se fait tout petit, sachant très bien qu'il passera un mauvais quart d'heure de retour au bâtiment.

Le Korrigan charge le hotte dans le traîneau avec un grimace et étire ses bras, épuisé par l'effort.

« Dépêchez-vous de grimper les avortons ! Cingle le vieux.

- Hein ?

- J'vais pas m'amuser à porter ça une fois arrivé sur place alors qu'il y deux lutins assez étourdis pour me mettre en retard, non ? Ils vont aider un petit vieux quand même 》 ricane-t-il.

Intimidés par la menace voilée, surtout parce que les vieux lutins sont beaucoup plus puissants que les jeunes, ils grimpent à bord et les rennes secouent la tête avant un repartir à la conquête du ciel après un coup de cravache de la part du Père Noël.

Évidement, le paysage est à vous couper le souffle, mais c'est sans compter le vieux qui jure dans sa barbe toutes les trois minutes et Jamet sur le point de rendre son estomac.

Il pousse un long soupir et laisse ses pensées l'envahir le temps du voyage. Il ne préfère pas discuter avec Jamet qui semble garder continuellement une main devant sa bouche.

Le Korrigan passe sa main sous son bonnet dans la masse de mèches châtains qui lui sert de cheveux. En réalité, il n'aurait pas pensé qu'il retournerait en Bretagne de si tôt et il ne sait pas vraiment quel sentiment l'habite.

De la joie ? Oui, peut-être qu'il serait joyeux s'il revoyait les enfants de Vannes, mais ce sont des humains et sûrement des vieillards à l'heure qu'il est.

De la peur ? Assurément pas. Il ne s'entend peut-être pas avec les autres Korrigan, mais ça aurait été chez lui quand même, les lutins de Bretagne lui inspire tout sauf la crainte.

Peut-être de l'appréhension. Oui, il doit être en train d'appréhender, mais le retour au pays n'est que pour une courte nuit ; il retourne ensuite au Pôle pour se faire réprimander avec Jamet (dont tout ceci était sa faute) et fera sûrement parti des lutins de dernière minute pur l'année prochaine.

À présent, on peut voir à l'horizon les lumières des premières villes côtières de la France. Le temps est passé à une vitesse hallucinante (enfin, Jamet ne semble pas trop du même avis, il a l'air d'être pressé de descendre) et Nicolas n'a même pas vu la traversée de l'océan.

Le traîneau fait plusieurs escales dans des points de rencontre fixes depuis des décennies. Les vieux livreurs en traîneau, ceux qui arrivent directement du Pôle, déposent les paquets dans ces points de rencontre où d'autres Pères Noël se chargent de de les apporter à leur domicile. C'est plus efficace que de faire une par une chaque cheminée de chaque maison.

Les humains ont une logique assez étrange. Pourtant, ils devraient bien savoir que tout ce travail ne peut pas être effectué par une seule personne !

Quand la hotte est vide, les trois énergumènes s'accordent une pause avant de repartir pour trouver un hôtel pour la nuit. Les cadeaux seront livrés demain soir, en même temps qu'ils partiront. Le Korrigan aura toute sa journée de libre et compte bien en profiter.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 15, 2018 ⏰

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