-One-shot par xMISSBLACKWIDOWx-

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-Amer souvenir-

Je vois le sable chaud qui enfle à l'intérieur du vent. Il se mouvait pour écraser chacune des si fragiles molécules de fraîcheur, puissant et ravageur. Oh, tu admires sa puissance, tu l'idolâtres même. Je vois les peaux tannées, desséchées, les visages baissés, fatigués. Tu te sens abandonnée, lasse de tout. Et tu préfères le rêve d'un océan chaque soir qui maintes fois n'était qu'un scénario implacable où le malheur était inavouable pour l'être misérable que tu es. Et il y a cet homme aussi. Grand homme, musclé à la peau tannée par les années, meurtrie par le haut soleil qui l'a trop longtemps heurté, brûlé depuis. Il détient ce regard si...

Le son grave et puissant de la voix du jeune homme se heurte durement contre le murmure secoué d'horribles tumultes de rage qu'elle siffle entre ses dents blanches, elle, l'Élu à la si petite silhouette insignifiante, aux yeux si purs et innocents, à la voix si douce et enfantine. Rey redresse son visage, elle à la rage en elle qui la consume, l'habille d'une différente teinte blanchâtre inquiétante contre sa peau anormalement pâle. Les deux iris de ses yeux se rétrécissent en deux trous noirs abyssales où la tempête de Jakku fait rage, enfermée entre les cages rouillées d'avoir trop pleuré de son esprit. Les quelques mèches vagabondes qui encerclent son visage s'enivrent de l'électricité obscure qu'elle produit, ils dansent en rythme autour d'elle, comme les serpents de Médusa, ils narguent, provoquent, torturent puis tuent l'homme.

Rey redresse son visage vers son agresseur, le regarde, le contemple, l'examine, elle lâche d'une seul traite, d'un chuchotement doucereux et enterré par la haine : « - Il avait un regard d'acier, un sourire perverse et mesquin qui déshabillait ma peau. Jour et nuit, nuit et jour il sentait mon désespoir autant qu'il puait l'alcool. Fou, insensé. Regarde le, bouffé par l'addiction et le sexe. Est-ce que tu la voit ? L'amertume. Et le putain de dégoût. Et la honte. Et la tristesse. Et la colère, la rage, la haine, le désespoir, la peur. Tu les vois ? Tu les vois ? Ses saletés de mains sur mon corps, son haleine putride en moi. Regarde-le. Regarde-la. Si petite, terrorisée par son propre père, terrorisée, déjà. La détestes-tu ? Est-ce que tu la détestes ? Cette faible. La faible, saleté de faible que j'ai toujours été. Si seulement, lui, il aurait eu les putains de couilles d'aller jusqu'au bout hein ! De m'jeter dans ce caniveau pourri pour les putes, comme il parlait d'ma mère quand il avait trop bu l'soir. Putain d'espoir ! Rongée, brisée, vas-y, je t'en prie, réjouis-toi de ma peine, de mon putain de désespoir, je ne suis rien. Rien du tout. Rien d'autre qu'une saleté d'poussière parmi les déchets, pas vrai ?»

Et elle se tarit, la source des mœurs enfermées à l'intérieur de sa frêle gorge qui se consume, haletante, prise à court de mots et de maux. Seul ses courtes respirations rythmées par les pulsions meurtrières de son cœur et de son corps animent, dangereuses, le silence qui plonge la pièce obscure dans une ambiance morose. Rey ne relâche pourtant point son visage, tous les muscles de son corps bandés, la mâchoire contracté et ses yeux d'un bleus marine abyssale s'obscurcissent, encore, d'autres souvenirs, toujours plus nombreux au plus profond de sa conscience si tourmentée.Elle ne crie pas, ne pleure pas, ne regrette même plus. Elle ne ressent plus. 

-Es-tu seul?

L'homme relâche la forte prise de la force autour de la conscience de l'être aux yeux bleus saphirs, le crâne de la jeune femme retombe mollement contre sa poitrine qui se soulève à un rythme saccadé. Vers le haut, puis vers le bas, elle suffoque pour reprendre ses droits sur les méandres douloureux de la mort, vers le haut puis vers le bas encore, ses poumons sont trop petits pour la cage thoracique qui la maintient en vie. Le souffle glacé de la jeune femme irradie la peau de ses doigts, il frissonne, interdit. La cascade de cheveux noirs de jai retombe contre ses épaules vêtu d'une longue cape sombres, chatouille brutalement ses joues blanches neiges, il capitule et laisse tomber ses grandes mains le long de son corps droit. Lentement, il abaisse ses genoux pour effleurer la dureté du sol. Ses chaussures noirs au tissus rude, luxueux et lisse d'accroc glissent contre la surface glacée que la terre leur offre encore pour deux. Face à son visage déformé, il contemple sa colère, avide. 

#Reylo// Recueil de one-shots et forum //Où les histoires vivent. Découvrez maintenant