Et il avait perdu.

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« Voilà, termina Red. Maintenant tu sais tout... »

Sans réfléchit quelques instants à ce son ami venait de lui dire, et ouvrit la bouche pour répondre, mais une explosion retentit à l'extérieur, l'en empêchant. Il se leva précipitamment et courut dehors, suivi de près par Red. Une inquiétude sourde les étreignait tout les deux. Ils avaient reconnu ce genre d'explosion. Et ils ne furent pas déçus. Dans les rues du village se dressait la plus grande nuée qu'il leur a été donné de voir. Ils se figèrent soudain. L'immense masse dépassait la cime des arbres, et avait une envergure de plus de dix mètres, tandis qu'habituellement les plus grandes avaient la taille d'un de ces animaux de la surface que les humains appelaient chevaux. La chose ne les avait pas remarqués, trop occupée à engloutir un sapin. Derrière eux arrivèrent Dust et Raspberry.

« On a dit aux autres de rester en sécurité, les filles sont pas en état de se battre et ceux d'ici ne savent pas comment s'occuper de ces choses ! Cria Dust pour couvrir l'horrible bruit des arbres broyés et partant en bugs. Du coup on fait quoi ?

- Vu sa taille, répondit Red, elle est pas stable... Elle va se séparer... On peut pas la tuer maintenant, il faut attendre que ça arrive et se séparer ensuite pour la détruire... Raspb', rentre rapidement pour dire aux autres d'appeler à l'aide leur Error... Normalement ses fils sont efficaces contre ces saloperies... »

Le petit mauve partit sans discuter tandis que les autres se préparaient à se battre. Au dessus de Sans des Blasters apparurent. Des couteaux et des os se mirent à flotter devant Dust. Red fit seulement apparaître un os pour s'appuyer dessus, et deguegnit sa lame aux étranges reflets causés par la magie l'imprégnant. Ils se séparèrent pour entourer la chose qui enfin les avait remarqués, mais ne pouvait les attaquer dans sa forme actuelle.

Un cri inhumain lui échappa quand elle se sépara en deux. La première moitié resta dans sa même forme tandis que l'autre se divisa à nouveau en masses sombres de taille normale qui s'attaquèrent aux squelettes.

Red se concentra sur les deux nuées qui lui faisaient face et le harcelaient sans aucun répit. Plus rapides qu'habituellement, elles lui sautaient dessus tour à tour, créaient des pointes avec lesquelles elles tentaient de transpercer Red, tentaient de l'acculer contre des murs ou sur des arbres. Le rouge ne pouvait qu'esquiver ou se téléporter. Il essayait de les atteindre avec son épée, mais même l'habituelle danse macabre de sa lame ne pouvait les stopper. Il était résistant, mais ces courses dans le village commençaient à le fatiguer.

Et c'est sûrement à cause de cette fatigue qu'il ne vit qu'au dernier moment cette pointe qui se dirigeait vers lui.

Il tenta de se décaler, mais n'eut pas le temps d'esquiver totalement et son avant-bras gauche se brisa. Il cria, et de la détermination liquide se mit à suinter de la plaie. Des larmes écarlate vinrent se mélanger à la sueur coulant depuis un certain temps déjà sur son visage. Il plaça son autre main sur la blessure un instant, et en un éclat de magie il soulagea la douleur lancinante. Il savait que son sort n'allait pas tenir longtemps, mais il espérait qu'il bloquerait sa souffrance jusqu'à ce qu'il en ait fini des nuées. Une d'entre elles lui sautait déjà dessus. Ne pouvant se déplacer, il se contenta de tendre sa lame vers elle, priant pour que cela suffise à la détruire et qu'elle ne l'engloutisse pas.

Un dieu quelconque dut l'entendre puisqu'elle disparut dans un cri rauque et suraigu. Soupirant de soulagement, il se releva pour faire face à celle qui restait, la plus massive des deux. Elle resta immobile un instant avant de fondre sur Red. Il eut cette fois plus de facilité à lui résister puisqu'elle était seule. Chacun des coups de la masse se finissait dans le vide, et la lame du squelette ne fendait que l'air. Leurs puissances étaient égales. Mais le rouge était épuisé, et son sort commençait à perdre de son effet.

Quand il trébucha sur une racine, la nuée se retrouva d'un coup au dessus de lui. Il tenta d'y planter son épée, mais la masse était trop puissante et ce coup n'eut qu'un effet négligeable sur elle. Elle commença à l'engloutir, mais elle s'arrêta. Un fil, puis deux, puis des dizaines l'entourèrent. Ils la serrèrent jusqu'à ce qu'elle disparaisse et laisse place à un squelette aux os ébène. Il aida Red à se relever et lui dit :

« Je vais voir si ton pote à la capuche s'en sort, toi va aider ton copain ! »

Habituellement, Red aurait grogné, gêné par ce qu'Error ventait de dire. Mais il ne le fit pas. Un pressentiment lui serrait l'âme. Un très mauvais pressentiment. Le squelette aux os noirs le téléporta là où il avait vu Sans la dernière fois et disparut. Le rouge n'eut pas à se demander longtemps comment il allait le retrouver puisqu'un cri retentit. Réprimant un gémissement d'angoisse, Red se dirigea vers son origine. Au détour d'une rue, ses orbites s'écarquillèrent.

Sans avait combattu la plus grosse des masses.

Et il avait perdu.

Il était à moitié conscient quand cette dernière le souleva du sol. Sa vue était brouillée, mais il reconnut tout de même Red figé devant lui. Il voulut lui crier de fuir, mais la seule chose qui sortit de sa bouche fut un hurlement difforme alors que la chose lui broyait le bassin et la colonne vertébrale. Sa vision se couvrit d'un voile sombre, et du liquide se glissa entre ses dents et ses os, sûrement sa détermination. Son corps s'engourdit soudain, et la douleur ne l'atteignit plus. Il mourrait, et il le savait. Il regrettait seulement de laisser Red. Il ne voulait pas partir maintenant. Il voulait seulement avoir le temps de lui dire au revoir, de le serrer dans ses bras, de l'embrasser... Mais déjà, son corps partait en des millions de grains grisâtres.

Les orbites de Red se vidèrent à la vue de la poussière de son amour qui s'envolaient tandis que sa veste tachée de détermination retombait lentement au sol. Il n'était plus capable de rien, même penser était devenu trop difficile tant la douleur de la mort de Sans était forte. Il tomba à genoux, ses jambes ne pouvaient plus le porter. La veste se posa doucement devant lui. Il la prit et releva son regard vide vers la masse. Il ne fit rien quand elle fondit vers lui.

Tomber inconscient sous ses coups fut presque une joie pour le rouge.

And... What's next, Partner ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant