Introduction

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J'étais dans le train me ramenant chez moi. Il s'enfonçait à chaque instant un peu plus dans la montagne, continuant d'avancer malgré la neige plus épaisse et froide encore. Le paysage défilait et mon cœur se réchauffait de voir ces scènes familiales par les fenêtres des maisons éclairées de joie et de retrouvailles. La fumée des cheminées, les voitures garées devant les maisons dans les rues désertes, tout faisait parti du tableau parfait qui ne laisse pas indifférent.

Je crois que pendant un temps je m'endormis, m'autorisant à revenir au rythme calme que la montagne inspire.

Quand ce fut mon arrêt, je remis mon manteau et mon écharpe, pris mon sac sur le dos et sortis confronter le froid. Mes jambes avançaient doucement vers ma voiture qui m'attendait dans le parking à l'abri.

Le retour à la maison fut silencieux, comme la plupart de mon temps, car je suis le genre à avoir un fréquent besoin de laisser mes pensées librement passer.

En arrivant chez moi, je m'occupai avant tout de redonner un peu de vie au lieu : allumant les lumières, le chauffage, et n'étant jamais de trop, un feu dans la cheminée. Après cela je me mis à la cuisine. Sans rechercher bien compliqué, je me fis un œuf avec quelques légumes.

Le soir était bien entamé, je m'assis devant le feu. Dans quelques jours c'est Noël, et Dieu sait combien ça ne me touche plus vraiment. Cela fait un moment que je ne passe plus les fêtes avec mes frères et sœurs, ils habitent loin et depuis que mes parents ne sont plus là, je ne trouve plus de volonté. Et tout le monde me comprend très bien. Parce que tout le monde sait que je n'ai aucune famille à construire, que je ne peux pas me concentrer sur la future génération pour donner un sens à celle qui s'en va. Alors me voilà devant mon feu qui s'éteint petit à petit. Quelle belle métaphore de cette foutue vie, n'est-ce pas? Avant d'en voir la fin, je me levai et montai pour aller me coucher

Les jours avançaient doucement avec mes travaux quotidiens : aller couper des sapins en forêt pour les vendre au village, s'occuper du potager et des quelques restaurations de meubles qu'on a pu me passer dans le mois.

Un matin je me réveillai lentement, la maison était submergée d'une lumière bleue. Je m'approchai de la fenêtre, il continuait de neiger. C'était impensable de sortir pour la journée. Prenant la peine de me recouvrir d'une couverture, je descendis me faire un café. Puis me dirigeant vers le bureau, je pris une feuille blanche et armée de mon stylo plume je commençai à écrire. Une bien triste veille de Noël que le ciel a décidé de m'infliger cette année... Et les mots continuaient à déferler sans limite sur le papier.

Un monde contre moi... Une vie difficile à continuer. Des obstacles. Des putains d'obstacles tout le temps. Dès que j'entame un chemin, sans arrêt il faut que je regarde de tous les côtés pour finalement ne jamais atteindre l'arrivée. Sans compter les personnes que j'ai rencontré qui m'ont brisée et malgré le fait que je me relève tout le temps, mon cœur, lui, continue de pleurer à chaque regard posé sur le monde. Un monde qui m'empêche de respirer.

Après avoir repris mon souffle, je me levai pour me servir un verre de bourbon. Encore une journée sans avoir mangé. Encore une journée absorbée par ce que mon corps a besoin d'exprimer. Quand la bouteille retoucha le comptoir, mon portable qui ne quittait jamais ce bar, s'alluma. Et ton nom apparu : Nana.

Le temps semblait s'arrêter pendant un court instant, mon regard se perdit et je n'habitais plus ce monde. Même ces simples quatre lettres sur mon portable continuent toujours à me couper le souffle de façons ponctuelles. Tu ne comprends toujours pas n'est-ce pas...

Pourquoi est-ce que tu m'appelais le soir de Noël? Pourquoi tu persistais? Pourquoi? Je soufflai tout l'air de mes poumons et laissai sonner. Je finis mon verre et allai directement me coucher.

Un Noël avec toiWhere stories live. Discover now