On se réveilla ensemble naturellement dans une étreinte toute chaude. Tu avais ta tête sur mon épaule et ton bras autour de ma taille. Quand tu ouvris les yeux et pris conscience de notre position, aucune de nous ne chercha à la modifier. Tu n'avais pas idée du bonheur que tu me procurais en cet instant : mon bras passait sous ton cou, ma main atteignait la hauteur de tes côtes. Je sentais tes poumons se remplir et se vider tour à tour. Puis baissant la tête on échangea un regard, je te souris. Tu étais si belle... Tes cheveux lisses arpentaient et épousaient parfaitement les sillons des draps du lit. Tes yeux ne quittaient plus les miens, ce qui provoqua un frisson qui parcouru mon dos. Tes yeux ont toujours étaient ma plus grande faiblesse, et tu en avais parfaitement conscience. Parce que ton regard est toujours sincère. Tu peux me dire qu'on est de simples amies, je sais très bien que c'est bien plus que ça, parce que tu n'as jamais appris à mentir des yeux. Il y a eu toutes ces fois où tu ne voulais plus poser ton regard sur moi... Et putain, ça m'a fait perdre la tête. Tu ne t'es vraiment pas rendu compte que tu étais en train de déclarer une guerre. Jamais je ne te quittais, je n'avais pas de motivation pour quelqu'autre personne ou objet en face de moi. Mais tu avais cette expression comme si tu n'allais plus me regarder parce que je ne le valais plus. Souvent une voix me disait que justement c'était parce que tu savais que je comprendrais. Mais je n'ai jamais osé en parler, parce la douleur de ne pas pouvoir t'atteindre, de ne pas pouvoir te comprendre me possédait en ces moments.
Mais à cet instant, tu faisais mon bonheur à m'accorder tes yeux. Je commençai à ouvrir la bouche puis la referma pour réfléchir un instant. Une fois décidée, je dis simplement "Est-ce que j'ai le droit de te dire que tu m'as manqué...?" Tu me souris et me répondis par un simple hochement de tête. Mais quand tes lèvres se courbèrent, je ne pu m'empêcher de les fixer.
"Peut-être qu'on devrait parler, non?" Je finis par dire avant de faire un faux mouvement. "Premièrement, je suis navrée Nana. Pour tous ces coups de téléphone auxquels je n'ai jamais répondu."
- Je crois que finalement, les appels, j'avais finis par comprendre que tu ne décrocherais pas. Finalement ce n'est pas ça qui m'a fait le plus de mal. Je crois que c'est plutôt les lettres : le fait que je ne sache même pas si tu les recevais, si tu les ouvrais, si tu te forçais à ne pas y répondre ou bien est-ce que c'était pas simple désinvolture"
Je ne savais plus quoi répondre, c'est vrai que tu m'avais envoyée ces lettres. Puis tu repris "En même temps, je n'ai pas à parler comme ça. Je n'ai pas le droit de dire que j'ai eu mal. Pendant tout ce temps seule que tu m'as imposée, j'ai fait un profond retour sur nous. Sur tout ce qu'on avait partagé, comment on s'était rencontrées, pourquoi on a commencé à se désirer, pourquoi il y a eu des sentiments... Certes, c'était surtout pour que je comprenne mieux la décision que tu avais prise. Je voulais savoir si c'était ta raison ou bien ton cœur qui parlait en me condamnant cette expulsion. Je cherchais les fautes que j'avais commises. Les fois où je t'ai fais mal. Les fois où j'ai été maladroite dans mes mots.
Et tu sais, la seule chose dont j'avais besoin de prendre conscience, ce sont tous les gestes que tu continuais désespérément de faire pour moi. Parfois en tant que bonne amie, mais je savais ce que tu ressentais, tu tenais ton rôle d'amie par amour. Et je me suis souvenue des lettres que tu m'envoyais, des poèmes que tu me dédicaçais, des fois où tu es venue me voir quand tu savais que j'allais mal, ou bien que tu cherchais à me joindre quand tu savais que j'avais une crise. Même les fois où tu avais fini par apprendre à te taire quand j'étais avec eux. Tout ce que tu as fait pour moi... Pour quoi en retour? Que je te dise que tu trouverais mieux que moi.
- Je ne sais pas si tu disais ça par simple dégout de toi-même, ou si c'est parce que tu avais besoin de te libérer de toutes responsabilités que tu avais par rapport à moi, pour finalement pouvoir vivre tes relation plus légère.
- Je ne sais pas non plus... Sûrement un léger mélange amer des deux... En tous cas, ce que je veux te dire, c'est que j'ai vu que tu n'avais jamais baissé les bras. Que les lettres continuaient d'arriver jusqu'à chez moi, avec tous ces coquelicots séchés, avec ces feuilles, avec parfois aucun mot, et pourtant toute ton âme. Alors il y a quelques années quand j'ai jugé que ça faisait suffisamment longtemps que je réfléchissais seule sur notre relation et sur ma propre personne et tous les problèmes que j'ai fini par vaincre : j'ai pris une enveloppe et je t'ai écris. J'ai repris toutes tes lettres sans exception et je t'y es répondue. Avec mes mots de presque 10 ans plus tard. Mais j'avais un besoin vital de te répondre. Te répondre, tu sais. Parce que j'étais prête à te répondre.
Sauf que maintenant je me rends bien compte que les choses ont changé, n'est-ce pas? Que maintenant les rôles sont inversés. Que je dois désormais t'écrire jusqu'à ce que tu veuilles bien me répondre. Parce que je ne sais pas bien ce qu'il s'est passé hier soir, mais je ne me fais pas d'idée. J'imagine que tu as besoin de ton temps, de ton espace. J'imagine que ta gentillesse de hier soir est le simple fruit de ta personne.
- Nana, je t'aime. Et je n'ai jamais arrêté de t'aimer en 10 ans, et ça me fait perdre la tête... Oui, je vais sûrement avoir besoin de mon temps et de mon espace, comme tu dis, mais comme toujours : ça n'a pas changé. On a plein de choses à se dire, on a besoin de se remettre à égalité sur bon nombre de choses. On ira à notre rythme. Mais sache que je ne suis pas indifférente à ton retour dans ma vie. Parce que te revoir m'a fait comprendre plein de chose, tu n'as pas idée de ce qu'il s'est passé hier soir en moi."
Ton corps se rapprocha doucement de moi et tu me tins plus fort la taille, blottissant ta tête dans le creux de mon cou.
"Lâchons prise un peu. Laissons-nous être qui nous sommes, Nana.
- Oui, je le veux bien... Enfin... Mais qu'est-ce que ça veut dire vraiment?
- Ca veut dire, laissons-nous nous aimer."
Un silence surplomba la maison. Tu redressas légèrement la tête, ton souffle arrivant à mon oreille : "Je t'aime aussi" et je te répondis "Je sais, Nana..."
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Un Noël avec toi
RomanceJ'étais dans le train me ramenant chez moi. Il s'enfonçait à chaque instant un peu plus dans la montagne, continuant d'avancer malgré la neige plus épaisse et froide encore. Le paysage défilait et mon cœur se réchauffait de voir ces scènes familiale...