Deuxième Noël 2

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Tu te tenais toujours dans mes bras quand la réalité vint me brûler la peau. Je ne peux vraiment expliquer si c'était de chaleur ou parce que ma chair était en train de se geler. Ma triste vérité était trop dure et froide mais ma peau s'embrasait. Un frénétique besoin soudain : comme une destinée fatalement imposée.

Aussi étrange cela me prenait, j'avais tout compris. Et ça ne me surprenait même pas, parce que dès le début j'ai été habituée à tout comprendre si facilement avec toi. C'est pourquoi ce soir là, aucune grande discussion ne fut lancée. Je sentais dans ton contact que tu ne demandais rien d'autre que ma présence. Et j'ai été très con de ne jamais te l'avoir offerte jusqu'à maintenant. Ma mâchoire ce serra... Il a fallut que tu viennes t'en saisir.

Je ne t'ai rien accordée, je n'ai plus jamais fait d'effort. J'ai été sans cœur car je ne voulais pas devoir me concentrer sur tout ce que tu impliquais. Et pourtant longtemps j'étais volontaire. J'ai enduré de te voir avec des autres. J'ai pris sur moi-même. Je me suis faite taire... Je me suis rendue aveugle. Et tu l'avais compris : c'est pour ça qu'il a fallut que tu viennes te saisir de moi. Il a fallut que tu me prouves ta force.

J'étais assise sur le tapis devant le feu, adossée contre le canapé. Tu étais dos à moi, appuyée contre moi et mes bras t'entouraient encore. Je ne voulais plus te laisser partir. Je voulais simplement te le communiquer. Au fur et à mesure, mes mains glissèrent sur tes cotés et tes doigts atteignirent l'intérieur de mes paumes pour y tracer tes pensées, qui me semblait libérées, d'une certaine façon. Mon corps quant à lui, fut envahi d'une tension qui stoppa mon cœur pendant un moment ; avant qu'il ne reparte d'un coup en relâchant tous les battements qui lui manquait. Et je compris ce que tu étais en train faire. De l'extrémité de ton index tu écrivais lettre par lettre sur ma peau: "relax". Mon regard se perdit dans les flammes, plus rien n'avait de sens à cet instant précis. Le mal, la douleur, les maux humains et divins ; tout pouvait disparaître avec le simple toucher curatif de cette femme.

Ma tête tomba sur ton épaule dans le silence de mon foyer. Je n'avais plus besoin de rien. J'avais pleinement conscience, j'avais compris. Je ne m'étais jamais autorisée à le voir ou plutôt j'avais pris le soin de m'en empêcher. Je fermai les yeux quand tu appuyas ta tête contre la mienne. Je le voyais. Que si tu n'étais pas là, si tu ne me touchais pas à l'instant, je n'existais plus. Si tu venais à détacher tes doigts de ma peau, chacune de mes cellules m'abandonneraient en une lyse destructrice. Mais tes caresses, ton odeur, ton souffle régulier qui me dictait le rythme de mon cœur, tout cela me maintenait entière. Une Nouvelle Alliance divinement nôtre. Et je bénissais les Cieux de me l'avoir accordée avec toi.

Je l'avoue, je n'osais ni bouger ni parler, par peur de devoir avorter cette liaison si délicieuse. Une fois de plus, j'avais bien tord. Je te sentis te redresser et te suivis. Tu me demandas si j'avais des vêtements à te prêter puisque tu voulais te laver, en même temps qu'on montait à la mezzanine. Je te montrai la salle de bain et t'invitai à te servir dans mes habits. Je redescendis afin de te laisser un peu d'intimité. Mes pas me guidèrent dans la cuisine et ma main se tendit sur mon étagère à liqueurs. Une pause m'atteignit, je souris. Et je décidai plutôt de retourner sur le canapé, attrapant mon carnet noir au passage et mon stylo. Je l'ouvris une fois assise et commençai à écrire d'une aisance qui me rappelait nos jeunes années. Je perdis notion du temps, comme je le fais systématiquement. Mais ton corps qui avait retrouvé sa chaleur me toucha. Tu te tenais debout, derrière moi, tes mains posées sur mes épaules. Tu te penchas pour mieux atteindre mon oreille et me demander si on pouvait aller se coucher. Ta voix craqua dans le murmure, et mon cœur s'emporta une fois de plus ce soir. Tu me pris la main et me guidas vers le lit dans une simplicité sans nom.

Une fois allongée, je vins te prendre dans mes bras car pour une fois je n'avais pas à l'imaginer avant de m'endormir. Ton souffle me chatouilla le cou et je sentis nos deux corps se relâcher dans le sommeil.

Un Noël avec toiWhere stories live. Discover now