Survivante

CHAPITRE 3 : A few hours

Le 11 Décembre 2016, à Rennes

Le jour se leva aux alentours de 7h du matin.

Je m'étais posée par terre dans le salon, près de la baie vitrée, pour regarder le lever du soleil

Notre appartement était tout en haut de l'immeuble, au cinquième étage.

On avait de la lumière toute la journée, c'était bien.

Habituellement, à cette heure-ci, la rue était remplie de voitures, de gens et d'écoliers qui partaient travailler.

Depuis 5h du matin, plus aucune voiture n'était passée.

J'avais aperçu deux hommes passer à pied.

Ils étaient effrayants à voir.

Les deux avaient lentement parcouru la rue, sans tourner la tête une seule fois.
J'étais peut-être trop loin pour le vérifier, mais je pouvais deviner leurs regards vides.

Dieu seul savait ce qu'il leur était arrivé.

Plus aucune info ne circulait sur internet.

Plus personne ne répondait à mes appels ou messages.

Je me sentais terriblement seule.
Ce sentiment allait désormais me coller à la peau, peut importe ce que je faisais.

Et pour le moment, ce n'était pas la présence de mon coloc somnolant sur le canapé qui allait améliorer les choses.
Je ne voulais même pas le regarder.

Le vent qui soufflait sur les branches dénudées des arbres et les oiseaux dans le ciel étaient mille fois plus intéressants.

Tiens, c'est vrai, il y avait toujours des oiseaux.

Les volatiles continuaient leur vie simple, passant bien au dessus du drame qui se déroulait sur terre.

Chanceux.

Un mouvement attira mon attention en bas.

C'était un jeune homme, qui passait juste devant mon immeuble.

Je remarquais immédiatement que quelque chose n'allait pas.

Il titubait, comme s'il était imbibé d'alcool. Sauf que ce n'était pas le cas.

Tous les deux pas, il devait s'arrêter pour tenir son ventre, sous l'effet d'intenses crampes.

J'entendais ses hurlements de douleur de là-haut.

- Maxime ! Il faut qu'on l'aide, regarde !

Je me relevais d'un bond, indécise ; je savais parfaitement qu'il n'allait jamais me laisser aller le voir.

J'avais eu raison.

Il se leva pour aller jeter un coup d'œil par la fenêtre, mais s'en détourna presque aussitôt, incapable de supporter la scène.

- On peut pas, fit-il d'un air sombre.

- Mais il va mourir ! m'exclamais-je.

- J'Y PEUX RIEN, PUTAIN !!

Son coup d'éclat me figea sur place.

Il était si calme, d'habitude. Quelques heures dans l'horreur avaient suffit à le transformer.