Chapitre 17

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Au départ, aucun d'entre nous ne croyait Aretha. Mais après qu'on ait jeté un œil aux papiers, nous arrivâmes à la même conclusion, puis après avoir vérifié deux et trois fois à la recherche d'autres possibilités, nous avons arrêté d'argumenter.

L'idée que les Evos puissent récupérer leurs émotions était...au-delà de toute espérance. Aucun d'entre nous n'avait vécu dans un monde où tout le monde pouvait ressentir des choses, où tout le monde avait une conscience. J'avais étudié l'Ancien Monde pendant des années, mais l'idée de retourner à une société similaire était vraiment incroyable et générateur de joie. La question désormais était si oui ou non nous pouvions réparer les dégâts créés depuis plus de 50 ans maintenant.

Quoi qu'il en soit, leur donner la capacité de ressentir de la culpabilité donnerait à nous, les non-Evos, je l'espère, la chance de pouvoir relâcher la pression et de sortir de ce système démoniaque dans lequel nous étions entrés.

Ce qui est ce pourquoi j'étais debout dans l'ombre à côté de l'allée principale, mon cœur tambourinant dans un bruit terrifiant, alors que des sons étouffés raisonnaient dans l'obscurité.

« Tu as presque fini ? » Demandai-je, le bruit cassant des murmures volèrent entre Alex et moi.

« Pourpre, tu es censée rechercher des Evos et non me regarder travailler. C'est ce que monter la garde veut dire. C'est clair » Répondit-il, ses mots légèrement étouffés tu tournevis qu'il tenait dans la bouche.

« Tu pourrais juste te dépêcher s'il te plait ? »

« J'aurai déjà fini si tu ne m'interrompais pas toutes les deux minutes »

Après ça, je compris le sous-entendu et me relevai rapidement, regardant ici et là, à l'affut du moindre bruit autre que ceux des pièces de métal entre elles. D'insupportables secondes passèrent et au moment où il a dit qu'il avait fini, mon système nerveux était en surchauffe – réduit en miette et brulé vif.

« Tu sais, j'aurais pu t'aider » Grommelai-je alors qu'on reprenait

« Non, c'est faux »

« Pourquoi ? Parce que je suis une fille ? »

« Non » Dit-il, en me lançant un regard à la fois d'ennui et d'effarement, « Parce que j'ai appris à réparer des choses chez un mécanicien quand j'vais douze ans, et pas toi. T'aurais fini par t'en sortir quand même. »

Je me dégonflai légèrement, clairement à court d'argument mais ne voulant pas abandonner. « Oh, vraiment ? Et quand as-tu eu le temps de faire ça – entre les cours et coups ? »

« Est-ce que tu penses vraiment que personne n'a séché les cours ? »

Je soufflai de mécontentement, me renfrognant au vieux taco grinçant qui continuait encore à sentir la lavande.

Nous allions à la capital des Evos, surnommé le Noyau-Pourri par les non-Evos, quand le vieux camion a finalement lâché et qu'on a été obligés de le pousser jusqu'à ce qu'Alex trouve un moyen de réparer cette satanée chose. Il avait utilisé son imagination, marmonné d'incompréhensibles mots, parlé de niveau d'huile et de comment quelque chose avait fui alors que quelque chose d'autre avait rouillé et bloqué une autre pièce. La seule chose que j'ai compris c'est quand il a dit que c'était ''étonnant que ce truc marche encore'', et je lui ai montré son désaccord. De la bonne nourriture et de l'eau apparaissant de nulle part était un miracle. Etre libre était un miracle. Vivre assez longtemps pour connaitre ses petits-enfants était miracle.

Une machine faisant ce pourquoi elle a été fabriquée n'était pas un miracle.

Après avoir expliqué mon opinion, Alex murmura que c'était juste une expression, et après nous fûmes silencieux un long moment.

Plus nous approchions, plus j'étais curieuse. Noyau-Pourri était un territoire strictement interdit aux non-Evos – le seul endroit où les Evos n'ont pas le droit de garder des non-Evos ou animaux ou fermiers ou autre. De ce que je sais, aucun non-Evos n'y est déjà entré, et c'est ce que les Evos ont toujours voulu. Il y avait toutes sortes de rumeurs qui courraient disant que ce qu'il y avait à l'intérieur était incroyable, des murs imposants – des choses comme des voitures volantes et des plantes qui pourraient nous faire changer de couleur de peau rien qu'en les mangeant, d'énormes bâtiments appelés aquarium avec des murs emplis de poissons lumineux. Evidemment, il y avait d'autres sortes d'histoire, celles qui parlent de non-Evos torturés pour avoir des informations, de sectes cannibales ou encore d'un feu continu dans lequel on jetait des innocents.

Quoi qu'il en soit, si on se faisait prendre, il n'y aurait aucune chance que cela finisse autrement que par notre mort.

Nous étions passés devant un panneau à demi renversé disant SAN DIEGO : 62, la poussière volant dans les airs derrière nous, et mes rêveries continuaient de me tenir compagnie.

***

La porte de la voiture claqua, me sortant du sommeil.

« Hé ! » Dis-je, baillant et sortant de la voiture. « On est arrivés ? »

« Non » Dit-il sarcastiquement, « Je nous ai emmené jusqu'à l'autre énorme mur qui en sert à rien »

Je lui lançai un regard, réalisant que nous étions dans l'ombre du mur de mille kilomètres de haut qui entourait Noyau-Pourri.

« Ah. Oui. Ce mur » Dis-je, me sentant de plus en plus stupide. C'était une chose terrible de partir en mission avec son ex-petit-ami quand on :

a. L'aime toujours

b. A l'habitude de se faire plus stupide que ce qu'on est

c. Les deux

« Alors tu crois que ça va marcher ? »

« Une seule façon de le savoir » Dit-il en haussant les épaules. « Et si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui peut nous arriver de pire ? »

« Etre torturés pendant des heures pour être exécutés publiquement »

« J'essayais de faire une blague... Tu connais le sarcasme ? » Demanda-t-il, secouant la tête face à ma franchise. Cette fois, c'était mon tour d'hausser les épaules.

On s'accroupit le long du mur avec nos sacs, derrière des buissons, près de la route, après avoir caché le taco derrière des arbres et des vignes, écoutant si une voiture arrivait. Après quelques secondes, mes muscles commencèrent à tétaniser, et ce ne fut qu'après presque quinze minutes douloureuses qu'une voiture passa finalement. L'élégant convertible fit une pause, et bien évidemment, deux gardes vinrent à sa rencontre pour demander les cartes d'identités. Quelqu'un à l'intérieur tendit un petit objet noir qui se déplia, fut vérifié et reprit. Deux énormes portes de fer ouvrirent le mur, comme celles des bunkers post-apocalyptiques, et la voiture entra, le moteur ronronnant légèrement. L'un des gardes bailla alors que nous nous faufilions entre les portes, tous les deux fermèrent les yeux un bref moment – il y avait beau avoir différents spécificité mais le sommeil était universel.

Nous étions à l'intérieur, regardant la ville qui se tenait devant nous, les yeux grands ouverts.

« Je n'arrive pas à croire qu'un plan aussi stupide ait marché » Dis-je, choquée.

« Je n'arrive pas à croire qu'on ait accepté de participer à un plan aussi stupide » Dit Alex.

Mon esprit comprit enfin ce qu'il y avait devant nous, et je fus prise de vertige en regardant la taille de la ville. Je n'avais jamais vu quelque chose de plus grand que deux ou trois étages, mais autour de nous, des gratte-ciels perçaient l'horizon, comme si nous venions de pénétrer dans une forêt faite de verre et de fer.

« Très bien » Dit Alex, légèrement effrayé alors qu'il me poussait sur le côté, dans un coin discret. « Il est temps de se mettre au travail »

***

Bonne année !!!

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A bientôt ;)

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