Chapitre 18

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« Cet endroit est... » Commençai-je, les yeux grands ouverts.

« Incroyable » Finit Alex. Le vent souffla, ébouriffant nos cheveux et l'atmosphère avait cet air chaleureux et déstressant que l'on a toujours au moment du crépuscule, comme si le vent s'endormait. Nous étions sur le toit d'un bâtiment de six étages, accessible par un escalier de secours décrépit sur le côté d'un vieux mur de briques. Loin, loin devant nous, les Evos faisaient la taille d'une fourmi, alors que de plus en plus de bâtiments s'élevaient dans toutes les directions dans lesquelles on regardait, certaines tours lointaines paraissaient plus hautes que l'appartement abandonné sur lequel nous étions. L'autre côté du Mur était comme un grain de sable de l'horizon.

« Mais comment est-ce qu'on est censés faire pour exposer tous les Evos à l'arme biologique ? » Demandai-je, sentant les dernières gouttes d'espoir s'évaporer. « Ils sont des millions »

« Je sais »

« Et on n'a qu'une bouteille de gaz »

« Je sais »

« Et on ne sait pas du tout comment ça marche, comment en faire plus ou si on a ne serait-ce que bien compris tout ce truc - »

« Violet ! J'ai compris ! »

Il y eut un silence. « Sinon, le paysage est beau »

Il ria. « Ouais, c'est une belle vue. Et d'ici, la ville n'a pas l'air d'être emplie de cannibales ou de chambres de torture »

« C'est en fait assez...joli » Dis-je, regardant autour de moi. J'écoutais les sons de la vie de tous les jours – les voitures qui roulent, les portes s'ouvrant et se fermant. Autour de nous, des mélanges entre toutes les cultures et architectures possibles s'accordant parfaitement : un temple de style chinois à côté d'un restaurant mexicain authentique. Des gratte-ciels de verre et de fer s'élevaient ici et là, avec des cabanes décorées de courtepointes colorées, des jardins verdoyants habillés les trottoirs gribouillés de systèmes solaires en craie. Des bâtiments à piliers avec des toits dorés semblaient égayer toute la zone, et le linge avait été mis à sécher dans différentes rues.

Je jetai un coup d'œil à Alex, appréciant la manière que la lumière du soir avait de rendre toutes les choses plus douces. Il observait la ville, une unique larme coulant le long de sa joue, semblant être indépendante du temps.

« Tout va bien ? » Demandai-je gentiment, le tirant de sa rêverie.

« Oui, oui » Dit-il en clignant des yeux. « C'est juste que...ça ne me semble pas juste, tu sais ? Le fait que les gens qui nous ont fait subir toutes ses horribles choses – les gens que nous essayons d'anéantir – aient réussi à faire quelque chose de si beau. Je crois que j'espérais à moitié que ce soit un enfer, pas...ça. Pas de personnes. Pas de famille »

« Ce n'est pas aussi noir et blanc – ça ne l'est jamais » Dis-je, regardant vers les rues venteuses. « Je vois ce que tu veux dire, cependant. C'est difficile de faire que tout rendre dans l'ordre – je n'arrive pas à croire que les personnes qui ont créé ceci et que les personnes qui ont tué mes parents soient les même »

« Oui, mais ils ont tué tes parents. Ils ne devraient pas pouvoir nous traiter comme des moins que rien. Ça doit se finir » Répondit-il, l'air plus ferme que jamais.

« Tu as raison » Soupirai-je, m'adossant contre le haut du toit, croisant les bras. Les briques m'arrivaient jusqu'à la taille et étaient encore chaude du soleil. « Mais comment est-ce qu'on va faire pour tous les réunir en un seul »

Je me raidis, les yeux écarquillés. Nous nous regardions l'un l'autre, électrifiés, et parlâmes à l'unisson.

« Le référendum du Noyau-Pourri »

C'était tellement évident que ça en devenait idiot. Une fois par an, tous les Evos assistaient à une assemblée obligatoire pendant trois jours ici à Noyau-Pourri. Personne ne savait ce qu'ils faisaient mais durant ces trois jours, tous les Evos partaient de chez eux, et c'était la plus grande période de vacances du pays – période pendant laquelle on peut se reposer et prendre du plaisir et tout simplement respirer.

Tous les Evos seront réunis au même endroit. Par conséquent, on pourra d'une manière ou d'une autre les réunir dans une petite zone close afin de larguer le gaz, et puis...

Je ricanai ouvertement, résistant à l'envie de faire des bonds. Alex ria de plus en plus fort, et nous nous fîmes un câlin, ravis.

« D'accord, d'accord, on doit découvrir ce que l'événement RNP est, et où ça va se dérouler » Dis-je, reculant juste assez pour le regarder dans les yeux.

« Oui, c'est vrai » Acquiesça-t-il, me regardant. « Alors...comment est-ce qu'on fait ça ? Enfin, on ne peut pas juste demander ici et là. Les Evos se rendront compte que nous ne sommes pas comme eux »

« Je pensais qu'on pourrait juste voir aux alentours, non ? Espionner les gens, voir si quelqu'un prépare une grande réunion, tu sais... le travail habituel quoi »

« C'est juste... Enfin, c'est incroyable ! On a une de ces chances ! » S'exclama-t-il, me prenant à nouveau dans ses bras et me faisant tourner. Je ris, laissant le son s'échapper et sortir de mes lèvres, oubliant momentanément qu'on était en territoire ennemi.

C'était dur de rester en alerte quand tout autour de moi, tout ce que je pouvais entendre et voir était la fin d'une journée, quand tout ce que je pouvais ressentir était les légères étincelles là où les doigts d'Alex touchaient ma peau.

C'était dur d'être terrifiée quand tout ce que je pouvais ressentir était les papillons qui virevoltaient de mon estomac jusqu'au bout de mes doigts, quand tout ce que je pouvais voir était ses incroyablement beau yeux illuminés de nuances de gris dans le soleil mourant.

Le ciel était de la couleur des roses de juillet quand je l'embrassai.

***

Alex et Violet ensemble ? Qui aime ce couple ? ;)

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A bientôt ;)

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