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         Il m'est doux de sentir ton regard au-dessus de mon épaule, guidant ma main sur la page blanche. Troublant de  sentir ta présence, avec, en filigrane, le manque de sa réalité: cette aura qui émane de chacun, attire ou repousse le geste, la parole, initie la pensée et le rêve, rend palpable des possibles.

           Nous portons ne nous un magnétisme fait d'odeurs importées: savon, parfum... fais-tu la différence entre le coton, la soie, le lin ou les autres vêtements que tu portes? Moi, oui....

        Je sais aussi l'odeur de ta peau, dans ton cou, dans tes cheveux et en milles autres endroits...

        Je sens tes yeux posés sur les mots qui naissent, tes cheveux glissent sur ma nuque et pourtant, je ne perçois pas ta chaleur contre moi.... Car dans la réalité tu n'es pas là!

        J'aspire à une écriture à quatre mains, un monde où tu prends le relais, où tu poses soudain tes doigts sur le clavier pour nous conduire sur d'autres chemins.

         Il y a les mains qui se cherchent, des doigts qui se trouvent: prises mâle et femelle? Non les mains ne s'emboitent pas, les doigts se tressent, se nouent, s'accrochent, se décrochent, glissent ou se fuient. Les mains sont une amarre qui nous rattache au port, un lien fort ou lâche... une branche, un rameau solide et qui casse.... parfois un ruisseau qui s'échappe et s'enfuit en caresse sur la joue, l'épaule...

         Et les regards se croisent, s'attirent, s'ennuagent ou se coupent d'un arc en ciel, se perdent dans le lointain des mirages d'espoir, perdus dans les rêves, les cauchemars...

         Je voudrais sentir ta main sur mon épaule, je voudrais sentir tes cheveux sur ma nuque, ton souffle dans mon cou pour que s'écoulent les flots qui m'étouffent, me noient, m'enferment dans le silence et la solitude de l'ermite, du poète à la poursuite d'une étoile: l'étoile de l'aube! Effacer la mélancolie, oublier l'attente sur le bord de la route... en marchant derrière les haies pour fuir les êtres inhumains, on s'enfonce dans de contrées désertes, on tourne en rond jusqu'à en perdre le nord...

UN PAS VERS LE BONHEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant