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Malgré le gris des brumes d'hiver, malgré les nuages qui écrasent la forêt de leur moelleux d'édredon, étouffant la verdure d'une pâle blancheur... il y a une chandelle qui persiste dans le vent: toi...
Quand le chant du coq rupture la nuit, déchire les sculptures du noir pour hisser les couleurs, une aube maladive pénètre la vacuité de la cuisine.
Et l'odeur du café fait surgir des fantômes du passé, ils se hissent sur l'appui des fenêtres, déposent leur guêtres maculées d'algues putrides.
Le jour filtre dans les meurtrières de tes paupières qui se relâchent, la lumière de ton regard se nettoie des miasmes de cauchemars. Elle incendie mon horizon comme un lever de soleil. En une multitude de grains d'or les poussières du désert s'envolent vers moi lorsque tu caresses ma main tendue vers toi sur la nappe de coton.
Le sourire fragile qui tremble sur ta bouche, te lave des pleurs nocturnes dont la source s'épuise peu à peu...
Les souvenirs ne s'effacent jamais, ils restent enkystés sous la peau, ils démangent, suppurent, éclatent soudain en bubons vénéneux.
Les souviens-toi des jours heureux ne sont qu'un emplâtre qui rappelle qu'il fut un ailleurs, un avant, qu'il y a un après à vivre avec, dans la tête, le poids des défaites.
Ton visage est un paysage où s'épanouit un sourire profond lorsque ta vue défaillante se pose sur le mien et les ombres s'évanouissent.Tu n'es plus seule avec les poussières grises du béton pulvérisé qui filtrent de ta mémoire.
L'odeur du pain chaud donne la douceur des pensées enfantines à ce moment matinal. Tes doigts impatients griffonnent d'étrange hiéroglyphe sur la table. Ils mettent en musique les couleurs de ton âme au carrefour de la vallée aux trois langues...
Les moineaux ont vu nos volets s'ouvrir, ils quêtent déjà les miettes de notre petit déjeuner en heurtant aux carreaux de la fenêtre. Leur pépiements incessant noient parfois la musique qui fredonne en sourdine, ta nécessité de ré-apprivoiser la vie. Parfois ils emportent tes pensées vers d'autres horizon et mon cœur se serre en te percevant comme un navire à la dérive.Mais c'est moins souvent désormais, depuis que tu as repris ta palette pour réapprendre les couleurs, pour les rendre à la vie,pour rendre la vie à des visages, à des personnes qui me sont inconnues. 

Et tu me les racontes, lorsque tu es satisfaite de toi, lorsqu'ils émergent palpitant de vie, émouvant de joie sur le papier...

A mesure que le temps s'écoule, la rumeur s'apaise en toi, si j'en crois l'espacement des averses soudaine qui noient les couleurs, accompagnant tes cris de fureurs, tes abattements silencieux. Tu jettes de moins en moins souvent tes créations détrempées par tes larmes...


UN PAS VERS LE BONHEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant