Chapitre Dix-sept : Je suis une fille banale, tu sais

112 7 4
                                    

Aurora détache ses lèvres de celles de Saul.

- Saul, s'il te plaît, je t'aime bien mais je ne pense vraiment pas que ce soit une bonne idée , toi et moi je veux dire

- Pourquoi ce ne serait pas une bonne idée ? Tu m'as embrassé dans l'avion, je n'ai rien dit mais ça ne m'a pas laissé indifférent ;

- Ah oui ?

- Bien sûr, tu es une magnifique jeune fille et tu es intelligente, sympa, drôle. Je ne demande pas plus.

- Mais je ne suis pas un top model, ni une journaliste, ni rien

- Je t'interdis de redire ça. Tu n'es pas rien. Regarde –toi dans un miroir, beaucoup de personnes aimeraient te ressembler

- Pourquoi tu dis ça ? Je suis une fille banale tu sais

- Banale ? Tu es loin d'être banale ! Je te trouve sublime Aurora. Tu sais combien je suis timide, c'est très dur pour moi de dévoiler mes sentiments comme je le fais en ce moment. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, je veux être là pour toi.

- Tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi. Je me suis toujours débrouillée, je n'ai pas besoin que tu sois là pour t'occuper de moi, te préoccuper de ce qu'il m'arrive... et puis la prochaine fois

- Quoi la prochaine fois ?

- Rien, rien

- Tu parlais du gars qui t'a agressée ?

- Oui

- Tu voulais dire quoi ?

- Rien, laisse tomber. Tu vois pourquoi je ne veux pas qu'on soit ensemble ? Je n'ai pas envie qu'on parle de cette agression. Et à chaque fois que nous serons ensemble, je vais me demander, à quoi pense-t-il ? Est-ce qu'il essaie encore de savoir ce qu'il m'est arrivée l'autre jour ? S'inquiète-t-il qu'il puisse m'arriver autre chose. Je ne peux pas te regarder sans penser à ce moment-là. Je préfère qu'on arrête tout avant de commencer quelque chose. Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi jusqu'à présent mais je ne peux pas continuer.

- Aurora...

- Saul, s'il te plaît. Je ne suis pas une fille pour toi. Pars. Ne reste pas auprès de moi. Je vais te causer plus de tort qu'autre chose.

- Je ne peux pas t'abandonner. Pas après tout ça. Pas après tout ce que je viens de te dire. Je suis tombé amoureux de toi Aurora.

- Saul, je suis désolée que cela te soit arrivé. Je te jure je ne voulais pas que cela arrive. Maintenant si tu peux me laisser travailler et retourner à tes occupations, je t'en saurai gré.

Saul ne répond rien. Des larmes coulent sur son visage, il essaie de les cacher en descendant pour quitter la boutique. Pas sûr que le chef d'Aurora l'ait vu pleurer, mais pas sûr non plus qu'il ait été aussi discret qu'il ne le voulait.

Aurora était en pleurs à l'étage de la boutique. Elle venait de laisser partir la personne à qui elle tenait le plus ici. La personne qui lui a tout donné depuis qu'elle était arrivée à Madrid. Elle venait de le virer de sa vie comme on peut tourner la page d'un livre. Lui, qui voulait juste la soutenir, être là pour elle... Elle avait tellement peur de refaire confiance aux hommes après ce qu'il lui était arrivé l'autre jour dans la rue. Elle n'arrivait pas à en parler avec sa tante et la seule personne qui aurait pu la comprendre, aurait été Saul mais elle venait de lui dire de partir, qu'elle ne voulait pas le revoir car à chaque fois qu'elle le voyait, elle pensait à une chose. Il n'était pas arrivé à temps ce jour-là... Il avait beau l'aimer comme il le disait mais le jour où elle avait le plus besoin de lui, il n'avait pas pu la protéger de cet homme, qui l'avait agressée, qui l'avait violée car elle était dans la rue, en jupe, au mauvais endroit, au mauvais moment...

Qui d'autre pourrait comprendre comment elle se sentait à part lui ? Jamais elle n'aurait le courage d'en parler à sa tante. Elle la jugerait. Elle s'en voulait déjà d'être sortie habillée comme une « pute », comme elle le pensait sincèrement...

Les 2 mois de la dernière chance [Saúl Ñiguez] EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant