L'inquiétude générale

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Quand on s'était enfin rendus compte de ce qui venait d'arriver, tout le monde a paniqué. On a couru dans tous les sens.

Les visages s'assombrissaient. Des larmes d'inquiétude coulaient. Tout le monde cherchait, examinait les environs. Mais il n'y avait pas de trace de Timéo.

Lui, pourtant si timide et réservé, avait fuit le foyer familial. Je ne l'aurai jamais cru capable de cela... Il était calme, sage et n'osait jamais enfreindre la moindre règle.

Pourtant, aujourd'hui, il avait fugué. Il était parti. J'en voulais terriblement à ma mère.

"Tout est de ta faute !" lui criais-je spontanément.

Elle se retourna, elle s'excusa mais je l'ignorai. Ce n'était pas deux petites syllabes insignifiantes qui allaient me ramener mon frère.

Je voulais que tout redevienne comme avant. Je me portais beaucoup mieux sans mère que sans frère.

Nous avions toujours été fusionels. Sa petite tête de furet me revenait en mémoire. Ses cheveux roux décoiffés, ses yeux d'un vert émeraude étincellants, je voulais le serrer dans mes bras.

Mais ce n'était plus possible car cette affreuse femme qui partagait à présent notre vie l'avait fait fuir.

Il était tout seul au milieu de la campagne qu'il ne connaissait pas, du moins, pas encore. Peut-être était-il au petit village lointain, c'est comme cela que nous l'avions prénommé. Le petit village lointain. On le voyait au loin.

Moi aussi, pendant les derniers jours, j'avais pensé aller m'y réfugier mais je n'avais pas eu le courage. J'étais trop lâche.

Je gardais tout de même espoir. J'espérais qu'il revienne de son plein gré. Tout serait terminé.

Ensuite, mes parents décidèrent d'aller voir au village. Ils m'ordonnèrent de rester au campement.

Je ne pensais qu'à Timéo. Pauvre petite créature innocente. Il n'avait jamais eu un comportement très affirmé. Mais aujourd'hui, c'était différent.

A l'âge de 7 ans, on l'avait diagnostiqué surdoué. Il avait sauté une classe mais on parlait de lui en faire sauté une autre. Mais tout cela, c'était avant... avant que l'on quitte tout, avant que l'on abandonne tout.

Il avait toujours été mieux que moi :  intelligent, malin, calme, poli, sensible, sage... l'inverse de moi.

Il fut un temps où je ne supportais pas toutes ces qualités mais ce temps est révolu.

A présent, j'ai décidé que nous étions complémentaires, certainement une manière de soulager ma conscience, de me rendre plus importante.

Après une longue heure, mes parents revinrent essouflés: ils ne l'avaient pas trouvé...

C'était normal, si il ne voulait pas rentré, il était bien trop intelligent pour qu'ils le retrouvent. Bien trop malin...

Mais contre toutes attentes, un homme arriva quelques instants plus tard, il disait avoir retrouvé un jeune homme roux d'une dizaine d'année.




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