Chapitre 2 : Tigréchine

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En remontant le sentier d'Arcum Iris vers les monts de Tigréchine, le paysage changea progressivement. Mynthiao regarda autour d'elle avec des yeux émerveillés. Tout ceci était nouveau pour elle, qui ne connaissait que le désert aride, le sable et les rochers de sa région natale. Ici, il y avait de l'herbe, de l'herbe verte, et plein darbres, verts aussi, comme dans les livres. Des moineaux chantaient dans ces arbres, virevoltant d'une branche à l'autre, rendant l'endroit plus vivant. Les moineaux étaient si petits, si vifs, si mignons, comparés aux grands oiseaux charognards tels que les vautours et condors, sans plume sur la tête, et qui surveillent inlassablement chaque être vivant dans l'espoir de voir ce dernier s'effondrer, assoiffé, afin de se jeter sur sa pauvre carcasse pour la dévorer.

Leonidas, le léomorphe blanc à tête bleue de Mynthiao, semblait tout excité de découvrir cet endroit. Né à la ferme de Solaride, dans le désert d'Arcum Iris, il voyait lui aussi la verdure pour la première fois. Il sautillait, épaté par la texture, plus fraîche, de l'herbe sous ses pattes. Il finit même par désarçonner sa cavalière afin de se rouler dans l'herbe, grognant de plaisir. Au lieu de le réprimander, Mynthiao se mit à rire, et en fit autant. Satsu, la jeune femme qui l'accompagnait dans sa quête, semblait bien moins enthousiaste. Son visage restait fermé, et elle semblait impatiente de se remettre en route. Chum, son léomorphe noir, raclait le sol de ses pattes, frustré, voulant se rouler avec son congénère.

Lorsque Mynthiao et Leonidas furent calmés, la petite troupe se remit en route. Mynthiao décida de briser la glace, ne comprenant pas l'attitude de sa camarade.

« Dis Satsu, tu avais déjà vu de l'herbe toi ?

- Oui, répondit l'intéressée. Mon fiancé m'avait déjà emmenée dans cette région. Je la connais assez bien.

- Oh, je vois... fit Mynthiao, désolée d'avoir ravivé le douloureux souvenir du défunt fiancé de Satsu, tué par Haman du groupe criminel des Faucons Obscurs. Et tu as déjà visité d'autres régions ?

- Nous devions, mais nous n'en avons pas eu le temps, déclara Satsu, baissant la tête. Il m'avait promis de m'emmener à Villanelle, il était persuadé que j'aimerai cette région. On dit que là-bas, les arbres sont roses. Il voulait que nous nous installions au Port de Chante-luth.

- Des arbres roses, vraiment ? » lâcha Mynthiao, abasourdie. Les arbres verts lui paraissaient déjà tellement irréels !

Alors que la petite troupe continuait de remonter le sentier entre deux collines, les jeunes filles entendirent soudain crier. Au loin devant elles, deux personnes agitaient les bras, l'air paniqué. Elles lancèrent leur monture au trot pour arriver rapidement à leur hauteur. Un homme et une femme haranis se tenaient là, essoufflés, et visiblement en colère. Ils parlaient tous deux en même temps, ce qui rendait impossible la bonne compréhension de leurs paroles. Satsu mit pied à terre en agitant la main.

« Ça suffit, s'il vous plaît, dit-elle, espérant les calmer. Je me nomme Satsu, et voici Mynthiao. Qui êtes vous, et que se passe-t-il ?

- Nous ne sommes que de nobles marchands, fit l'homme, ma femme et moi. Une saleté de Firran nous a volé notre chariot ! Il est grand, les poils marrons et s'appelle Baht !

- Nous l'avions embauché comme garde, mais il nous a trahis ! se plaignit la femme. Ah, ces satanés Faucons Obscurs ! Nous aurions dû écouter ma mère, tu vois ! On ne peut pas leur faire confiance !

- Un Faucon Obscur, vous dites ? répéta Mynthiao, hallucinant.

- Nous allons voir ce que nous pouvons faire, déclara Satsu. Allons-y, Mynthiao, il doit encore être dans le coin. »

Les deux jeunes filles se remirent en route au petit trot. Plus loin sur le chemin, proche de l'entrée d'une ville, entre les arbres, elles aperçurent une roulotte et deux chevaux, ainsi qu'une forme humaine, grande et bien échafaudée, qui rôdait autour.

HARANYA tome I : Harani [Terminé] (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant