Chapitre 5 : Villanelle

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Deux jours plus tard, les trois amis passèrent enfin la frontière entre Mahadevi et Villanelle. L'humidité de la jungle se fit moins présente, les arbres s'écartèrent peu à peu pour laisser place à de petites montagnes rocheuses, et, à l'Est, la mer.

« Des arbres roses ! » s'écria Mynthiao.

De magnifiques cerisiers fleuris se dressaient un peu partout aux alentours, égayant l'endroit. Le paysage était, cette fois-ci, radicalement différent. Si Mynthiao contemplait la vue avec excitation, Satsu, elle, eut un petit pincement au cœur. C'était ici que son fiancé lui avait promis de l'emmener pour leur lune de miel, avant que celui-ci ne fut tué par la folie destructrice d'Haman. Elle se promit intérieurement que si elle survivait à sa mission, elle irait déposer des fleurs dans un temple de cette région et prier pour lui. Baht, quant à lui, était un peu angoissé d'arriver dans cette région qu'il ne connaissait absolument pas et dans laquelle on trouvait peu de Firrans. Il ne pourrait pas compter sur ses homologues, ni tirer partie du terrain pour ce combat. Ils n'étaient que trois, et il était évident qu'Haman et Ashabel n'étaient certainement pas que deux.

Les trois amis arrivèrent à un point de contrôle, et durent descendre de leurs montures afin d'être fouillés. Les gardent se montrèrent méfiant vis à vis du lion des neiges de Baht, n'ayant pas l'habitude de voir ce genre de monture dans le coin.

« Ça en fait, des lions des neiges, soupira un des gardes. Je me demande ce que mijotent les Firrans par ici. »

Baht tendit l'oreille. En effet, c'était étrange que des Firrans viennent dans cette région. Villanelle était un endroit déjà bien peuplé et donc plein d'habitations, ce qui est contraire au mode de vie nomade de la plupart de ses compatriotes. Qu'est-ce qu'ils venaient chercher ici ? Seraient-ils venus combattre le même ennemis qu'eux ? Baht n'eut pas le temps de se poser plus de questions : les filles s'étaient déjà remises en selle et continuaient de descendre le sentier.

Le chemin qui partait de Mahadevi menait directement au port de Chante-Luth. Lorsqu'ils purent enfin admirer la ville en contrebas, les trois amis restèrent bouche-bée, surtout les deux Haranies. Chante-Luth était totalement différente de la Cité des Tours et d'Austera : pas de toit en coupole d'or, pas de haute muraille de briques, pas de bâtiments en terre. Les maisons étaient généralement faites de bois, avec des toits en tuiles plus ou moins rectangulaires et incurvés, dont les angles remontaient parfois légèrement. Certaines maisons avaient un étage, et d'autres en comptaient même une dizaine.

« Ces pagodes sont magnifiques, murmura Satsu, sous le charme.

- C'est vraiment le plus bel endroit que j'aie jamais vu, assura Mynthiao.

- Mouais. Trop de bâtiments, ça gâche le paysage, lâcha Baht.

- Sale rabat-joie va. »

Le chemin se terminait par un pont recourbé qui enjambait une rivière dans laquelle passaient de nombreux poissons. Au bout du pont, un grand torii rouge marquait l'entrée de la ville. Aussitôt le torii franchit, les trois amis mirent pied à terre pour laisser leurs montures au jeune palefrenier qui se tenait là. Il recula de deux ou trois pas face au lion des neiges de Baht.

« Oh non pas encore un... murmura-t-il, visiblement angoissé par la bête.

- C'est une brave bête, assura Baht en tapotant la croupe de sa monture. Le seul risque qu'il y a avec lui, c'est qu'il devienne un peu trop envahissant... il adore les câlins et les grattouilles sous le menton. Mais pourquoi 'encore' ? Tu as d'autres lions des neiges en ce moment ? »

Le timide palefrenier hocha la tête avant d'ouvrir la porte de l'écurie pour leur montrer. Pas moins de dix lions des neiges se trouvaient à l'intérieur, presque autant que les léomorphes.

HARANYA tome I : Harani [Terminé] (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant