Chapitre 11

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Je rentrai chez moi, le coeur lourd, et je pris une douche brûlante. Je chantai avec ma voix mélodieuse et j'essayai d'oublier les événements d'aujourd'hui. J'avais retrouvé Matt, le plus précieux de mes amis, et Elwin m'avait retracée. Je croisais les doigts pour que l'ange blanc ne remarque pas que j'avais tout dévoilé de notre existence à un humain. S'il venait à le savoir, ce serait une véritable catastrophe et je ne crois pas que ça allègerait mon fardeau. C'était une autre de nos lois que j'avais enfreinte et je ne pense pas qu'elle était sans importance. C'était probablement celle qui comptait le plus, d'ailleurs.

Je sortis de sous l'eau et enroulai une serviette beige autour de moi. Normalement, j'aurais dus laver mes ailes, mais le petit endroit restreint n'offrait pas assez de place pour qu'elles s'ouvrent en grand.

J'enfilai mon pyjama et j'allai m'asseoir dans un des deux fauteuils en cuir du salon. Je pris la télécommande pour ouvrir la télévision, mais je me retins. À la place, je regardai la palette pleine de boutons. Ça faisait des années que je n'avais pas vu ça. En fait, c'était depuis que j'avais quitté les humains. Les anges, eux, n'avaient pas ce genre de truc dans leur demeure. Ils y avait uniquement les choses de première nécessité comme un lit, une cuisine, une salle de bain et rarement une petite pièce remplit de bouquins. Ils ne nous servaient à rien, sauf peut-être ceux qui parlaient d'armement, de techniques de guerre ou d'autre chose du genre.

Je reposai la télécommande sur la table basse et je la regardai. Je n'avais pas envie de l'utiliser.

Je m'étendis sur le fauteuil et je posai mes yeux sur le plafond. Il n'avait rien de bien spécial, mais, comme je n'avais rien à faire, je me mis à compter les fissures de peinture. Certaines étaient plus grande que d'autre et il y en avait même qui formait des images. Certes, de piètre qualité, mais de images quand même.

Je vis une forme ressemblant vaguement à des ailes et mon esprit dériva.

Je me mis à penser à Zane. Où était-il? Qu'avait-il fait après m'avoir dénoncée? Était-il, lui aussi, à ma poursuite? Je n'en savais trop rien et un sentiment étrange envahit mon coeur suite cette constatation.

Je fermai les yeux et sont regard dur m'apparut. Même s'il avait les yeux d'un tueur, j'y trouvais une sorte de... réconfort, je crois. En plus, leur couleur bizarre ajoutait du mystère et semblait refléter une toute autre personnalité que celle d'un tueur en série. Ils étaient d'un mauve riche et profond, presque noir. En fait, ses yeux étaient beaux à se damner.

Une autre image de Zane me vint. Dans celle-ci, il était en entrainement et je l'accompagnait. Je n'avais jamais compris comment il faisait pour avoir l'air d'un Dieu et pourtant être un assassin à temps plein. Il était séduisant comme personne et il tuait sans aucune pitié. C'était très caractéristique d'un ange noir, mais sa placidité m'impressionnait tout de même. Quand il enlevait une vie, il avait toujours cet air détaché et sûr de lui que je ne pourrai jamais avoir.

À chaque fois que je plantais ma lame dans de la chair, j'arrêtais de respirer pour une seconde et je devais immédiatement contrôler les battements saccadés de mon coeur de peur d'exploser. Je n'avais jamais dit à personne que j'avais de la difficulté à tuer, mais Zane l'avait remarqué bien assez tôt. Heureusement, il avait gardé mon secret, mais je savais qu'il n'hésiterait pas à s'en servir comme arme ou moyen de pression.

Des fois, je venais à envier sa vie que je qualifierais de facile et sans problèmes majeurs. Tout avait tellement l'air simple pour lui!

Une autre chose me vint en tête et je me souvins de ce regard aux dix milles émotions qu'il avait eu quand il avait vu mes ailes blanches. Avais-je réellement vu de la tristesse et du regret dans ses prunelles? En repensant à qui il était, j'effaçai cette question de mes pensées. C'était sûrement mes yeux qui m'avaient joué un tour. Il était impossible qu'un ange de la noirceur comme lui ait du regret ou de la tristesse. C'était tout simplement infaisable.

Je me levai et j'ordonnai à moi-même d'arrêter de songer à des sujets comme ça. Ce n'est pas en me torturant le cerveau que mes problèmes allaient disparaitre. Ni en un claquement de doigt.

Je claquai des doigts pour m'en assurer. Juste au cas où...

Je secouai la tête. Définitivement, ça ne marchait pas. J'allais devoir arrêter de faire l'idiote à toutes heures de la journée.

Je me couchai dans mon lit et je fermai les paupières. Juste avant de m'endormir, deux images se superposèrent dans ma tête.

Zane et Elwin.

Quoi?!

AngéliqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant