Chapitre 8

64 4 0
                                    

- Quand les anges m'ont enlevée, ils m'ont amenée dans une de leur cités dans les montagnes. Il en existe deux: une pour les anges blancs et une autre pour les anges noirs. Comme j'étais un ange noir, il m'ont tout de suite placé sous la garde de la cité noire. Quand j'ai atteint mes 12ans, je me suis fait choisir par un Maître comme tous les autres jeunes. Chaque ange doit se faire choisir de peur de se faire définitivement rejeter par notre société.

- Qu'arrive-t-il à ceux qui sont rejetés?

Il ne me croyait pas entièrement, mais la curiosité l'emportait.

- Personne ne le sait. Ils disparaissent, c'est tout.

Il regarda ses mains, songeur.

- Bref, quand nous sommes choisis, nous devons obéissance et respect à notre Maître. Aucune faute n'est tolérée et c'est justement la raison pour laquelle je suis ici.

Je me tus.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé?

L'expression soucieuse de son visage se fit plus insistante.

- Tout allait bien, je faisais ce que le Maître me disait sans trop me poser de question même si ses ordres étaient plutôt violents. De toute façon, les anges noirs sont comme ça. Ils se disputent, ils combattent, ils se blessent entre eux, ils se torturent, ils s'insultent, ils s'haïssent...

Je continuai mon énumération en comptant sur mes doigts jusqu'à ce que Matt m'arrête.

- Tu es devenue ça? demanda-t-il avec du dégoût dans la voix.

- C'est dans ma nature...

Il bougea maladroitement, ne sachant pas vraiment comment réagir.

- Enfin, c'était...

Un brin d'espoir sembla animer ses yeux et il se pencha en avant, les avants-bras en appui sur ses cuisses.

- Jusqu'au jour ou je l'ai rencontré, en fait, précisai-je promptement.

- Qui ça?

- Elwin.

Je lui racontai ce qui s'était passé dans la forêt sans oublier un seul détail et il ne m'interrompit pas. Je lui expliquai la raison de ma venue en terres humaines et il se montra très compréhensif face aux révélations que je lui faisais.

- Alors il te cherche? Pour...

Il n'osa pas finir sa phrase et je la complétai pour lui.

- Pour me tuer, oui.

Je jouai nerveusement avec le collier que j'avais toujours autour du cou et je regardai les alentours pendant qu'il me fixait.

- Je me suis cachée ici et j'espère qu'il ne me trouvera pas. J'ai même changé de nom pour plus de sécurité.

Un silence pesant envahit l'air autour de nous et je le laissai planer. Je n'avais rien à rajouter.

- Et si on changeait de sujet? proposa-t-il. Et... Tu pourrais... Hummm... Ranger tes ailes s'il te plaît?

Je lançai un oeil à leur blanc éclatant et je les camouflai sous sa demande. Il me remercia avec soulagement et une question me vint.

- Pourquoi es-tu ici? Tu n'habitais pas à Québec, il me semble?

- J'ai déménagé deux ans après ta disparition, me répondit-il avec soulagement, heureux de ne plus parler d'étrangetés. Juste après le décès de mon père...

- Oh, je suis désolée, je ne savais pas.

Un élan de tristesse le prit et son visage exprima de la douleur.

Je m'approchai de lui et posai mon bras autour de ses larges épaules sans un mot. Il reprit sa contenance peu après et je me mis à genoux devant lui.

- Ça fait mal d'y penser, s'expliqua-t-il. Presque autant que quand tu as disparue.

Je fus bouche bée devant cette déclaration et je ne sus quoi dire.

- Nous étions tellement proche, tous les deux, tu te rappelles? Tu étais comme une soeur pour moi et j'ai terriblement souffert quand tu n'as plus montré signe de vie. J'ai même faillis me retrouver à l'hôpital...

- Quoi?! criai-je autant de surprise que de peur pour lui.

- Oui... D'un coup, je n'avais plus faim et je ne mangeais presque pas. Je suis presque tombé inconscient à cause de ça. Ma mère s'en est rendue compte et elle a prit les choses en mains et c'est pourquoi je m'en suis sorti.

Je couvris ma bouche, totalement horrifiée. C'était de ma faute en plus!

- Oh mon Dieu...

Il posa ses mains sur mes petites épaules en se faisant rassurant.

- Ne t'inquiètes pas, tout va bien maintenant et, comme tu l'as dit toi-même, tu vois bien que je ne suis pas mort, non?

J'hochai la tête, un peu plus confiante.

- Promets-moi que ça n'arrivera plus, le suppliai-je.

- Alors promets-moi de ne plus disparaître. 

AngéliqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant