Chapitre 2

61 2 2
                                    

Le trajet fût silencieux. Skye essayait désespérément de contacter ses parents... sans succès. Je ne pouvais pas la blâmer de s'énerver sur son pauvre portable, moi même je maudissais l'appareil qui captait une seconde de réseau par kilomètre. Nous étions comme seuls au monde et je devais avouer que notre éternel esprit de liberté adolescent s'était évanoui pour laisser place à une anxiété enfantine.

Après plusieurs minutes, nous arrivâmes enfin dans la rue où Jasper habitait. Tous pressés de nous mettre à l'abri une bonne fois pour toute, nous sortîmes de la voiture comme des diables et le résident sortit sa clé pour ouvrir le passage :

« - Qu'est ce que...

- Il y a un problème Jasp ? Demanda Skye en s'approchant.

- La – comment c'est possible – la serrure a été fondue !

- Tu te fou de ma gueule ?! Même aux scouts on nous apprend pas à faire ça !

- Michel... soupirais-je »

Jasper avait raison, la serrure était difforme, impossible d'insérer la clé à l'intérieur... Qui avait bien pu faire une chose pareille ? En vérifiant les autres portes nous vîmes que tout le voisinage avait subit le même traitement ; il en était sûrement de même pour toute la ville. Je commençait à faire les cent pas devant le perron pendant que Skye ruminait en soutenant Mya pour qu'elle s'assoie. Calvin et Jasper essayaient tant bien que mal d'ouvrir les volets en bois massif de la maison. C'était désespéré, on devait partir maintenant. Skye me devança dans ma prise de parole :

« - Faut dégager d'ici, c'est dangereux de poireauter au même endroit pendant trois ans.

- Et pour aller où ? Demanda Mya, un air quelque peu défaitiste sur le visage.

- On pourrait peut être pioncer chez moi, ça vaut le coup d'essayer... proposa Calvin.

- Mitch, tu habites en plein centre ville ; c'est le premier endroit où la Timoria ira chercher. Et puis faut pas rêver, ta porte d'entrée a due subir le même traitement.

- Tu as un bidon d'essence dans ta voiture chat ?

- Heu oui je crois... Mais il doit être vide...

- On va aller le remplir à la pompe la plus excentrée et ensuite on se casse loin d'ici. »

Ma proposition sonnait plus comme un ordre et le reste du groupe n'osa pas la contredire : c'était notre meilleure option. Alors, dans un soupir général, nous reprîmes la route.

Cela faisait près d'une bonne demi-heure que nous roulions. Nous étions passé devant environ cinq stations essence, mais Jasper avait refusé de s'arrêter, appuyant sa décision sur le fait que la Timoria devait avoir déjà investie tous les alentours de la ville et donc vidé ou piégé toutes les pompes. Je commençais doucement à m'assoupir, éloignant de mes pensées les hypothèses concernant le sort de mes parents... Je voyais déjà notre maison de bois rongée par les flammes, leurs crépitements se mêlant aux cris.

Lorsque mes yeux se fermèrent enfin j'entendis la sonnerie distinctive de mon portable me chatouiller désagréablement les oreilles. Un message de Gaëlle, une amie très proche de Skye, apparu sur l'écran : « Skye me répond pas besoin daide vite venez cinéma ya des blessé ». En voyant la forme déstructurée du messages et les nombreuses fautes d'orthographe j'en déduit qu'elle avait écrit dans l'urgence... Je posai ma main sur l'épaule de Jasper :

« - Chat, on doit faire demi-tour.

- On peut pas Aelyn, me répondit-il durement.

- Jasper arrêtes cette voiture tout de suite Gaëlle à besoin de nous !

Matricule 258Où les histoires vivent. Découvrez maintenant