[Afin de mieux introduire l'univers et définir le contexte, j'ai ajouté ce chapitre. Il est encore à l'état de brouillon donc toute correction est la bienvenue ! Bonne lecture]
Au cœur de l'habitacle encombré du métro, Lucina patientait. Elle venait de quitter Sanh depuis une dizaine de minutes déjà et regagnait sa demeure. Le subway s'arrêta puis un arrêt fût déclaré. Parmi le flux de personnes montantes et descendantes, elle vit une créature invisible pour le reste des gens présents. La jeune femme sourit à l'Esprit et l'invita à s'assoir à ses côtés.
Si elle n'en connaissait pas la raison, ses yeux vairons percevaient aussi distinctement l'invisible que le réel. D'un geste tranquille, elle sorti un carnet de son sac. À l'intérieur, elle consignait ses découvertes sur cet univers mystérieux qui l'intriguait tant. Avec un intérêt non dissimulé, elle étudia l'être immatériel.
De taille respectable, il avait une apparence humanoïde. Sa consistance boueuse et transparente laissait entrevoir un tas de bulles grouillantes qui s'élevaient du bas de ses pieds jusqu'à sa boîte crânienne où elles pétillaient dans des bruits sourds. Ni yeux, ni bouche n'apparaissaient sur sa face plate. Seul un nez en patate, grotesque car disproportionné, ressortait de cette figure vide. Un chapeau de paille usé par de longues années d'utilisation couronnait son profil. Dessus, une carte du monde était maintenue par un tissu délavé dont le bout s'effilait.
Après avoir relevé la description physique par un bref schéma, Lucina assura d'une note qu'il paraissait en tout point inoffensif. Sur la page de gauche, des lignes lui permettaient de rédiger un texte. Vint alors le moment le plus important de l'analyse.
Chaque Esprit possédait des runes spirituelles qui parcouraient son épiderme. Ces arabesques aux formes mouvantes étaient aussi variées que leurs propriétaires puisque cela équivalait à l'ADN des humains.
Assez éparses et de couleur beige, celles de la créature à sa droite ne reproduisaient aucun dessin en particulier. Cette constatation ainsi que ses précédentes observations lui permirent d'affirmer qu'il s'agissait d'un Meta.
Ses critères, semblables à ceux des rapports publics de la Brigade, classifiaient toutes ses rencontres surnaturelles. De cette façon, elle répartissait les êtres surnaturels en plusieurs catégories dont les titres dérivaient du latin. Alors qu'elle ouvrait son sac pour y ranger le journal, un brusque virage le fit tomber de ses genoux. Entraîné par le tangage il glissa sur le sol, toujours ouvert.
La jeune femme étouffa un juron et se leva d'un bond. Prête à tout pour récupérer son trésor, elle se baissa pour passer sous l'aisselle transpirante d'un bras levé. Cette première épreuve affrontée, ce fût alors des coups d'épaules qui la firent grimacer. Jouant des coudes, déterminée à défendre sa place, elle ne compta plus les excuses qu'elle maugréait par réflexe afin de se déplacer dans cette cohue d'heure de pointe. Enfin elle repéra les pages brunes, miraculeusement intactes entre deux paires de jambes. Avec un petit cri de joie, la demoiselle se pencha pour s'en emparer.
Ses doigts les frôlaient presque lorsqu'une bousculade les repoussa de nouveau hors de sa portée. Sous le choc d'une telle cruauté de la part de sa mauvaise chance naturelle, elle resta immobile, la bouche ouverte dans une protestation muette. Contre toute attente, une main salvatrice finit par ramasser le journal et une voix moqueuse au timbre arrogant l'interpella.
- Tout ceci m'a l'air bien intéressant.
Le jeune homme aux boucles carmin lui adressa un sourire malicieux. Hébétée par l'aura fière qu'il dégageait, Lucina se releva et le balaya d'un regard.

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Lilium
FantasyEntre surnaturel et rationnel se trouve l'infime frontière de l'incertitude. De ses hautes tours d'acier jusqu'à son plus profond souterrain, Seoul renferme un univers étrange, fait de rêves et de réalités. À la fois enchanteur et cruel, il y règne...