l'été des amours

CHAPITRE 5

Le lendemain, je fais la tete toute la journée. Le temps est superbe, mais je préfère me priver de plage. Pas envie de me montrer pour deux raison: ne pas le croiser a la plage ou sur le port, et prouver que je suis vraiment malheureuse. J'écoute Olivia Ruiz en boucle, allongée sur mon lit, tirant les fils d'une reverie dans tout les sens. Est-ce qu'un jour je vais connaitre l'amour ?

Mamine et Jean reviennent de la plage de Donnant vers dix-huit heures, heureux d'avoir joue dans les vagues, d'avoir passer l'après-midi avec des amis. Jean me raconte, innocemment :

-Tiens, j'ai vu Lucas. Il m'a demandé pourquoi tu n'etait pas a la plage .

Je ne peux me taire

-Ah bon? Il était avec la bande de l'an dernier. Je lui ai dit que tu n'etais pas en forme et il a eu l'air étonné.

-Étonné ? Pffffff ! Il est bouché ou quoi ?

Mon frère prend un air idiot. Il ne comprend rien. Mamine répond a coup de fil sur son portable . Elle s'écarte dans le jardin et je l'observe. Elle sourit, marche de long en large, lève les yeux au ciel puis éclate de rire, jette sa tete en arrière. Manifestement, elle parle a Louis. Elle revient nous voir, inspire profondément et nous regarde l'un après l'autre.

-J'ai quelque chose a vous demander, lance-t-elle d'un trait. Demain, Louis et moi avons projeté de passer la journée ensemble. Acceptez vous de le voir ?

Jean leve le menton vers moi. Il attend que je reponde. Lui, ca l'arrange que je prenne une decision, comme ca, il aura toujour une excuse auprès de maman.

-Euh, il viendrait ici ?

Mamine fronce les sourcils et répond, excédée:

-Enfin Lola, je ne vais pas me cacher comme une gamine ! Soit vous acceptez, soit vous refusez et dans ce cas, il passera une autre fois, quand vous serez partis !

Le rencontrer, c'est trahir ma mers ! Leur désaccord pèse tellement sur nous. On se sent obligés de prendre parti, mais rien ne nous y oblige. Maman exagère. Ma grand-mère a le droit d'aimer un autre que Papouch, j'en suis persuadée. Je ne sais pas comment le lui dire. Aussi, je bredouille:

-Tu es chez toi ! Fais ce que tu veux .

Elle m'observe séverement :

-Je sais bien ! Ce n'est pas une réponse !

Je ne sais plus ou me mettre. Franchement , cette situation est trop compliquée pour nous. Que les adultes se débrouillent entre eux! Elle le comprend car elle décide a notre place:

-Ce n'est pas évident pour vous, c'est sur. Mais cet homme me plait. Il m'arrache a ma solitude, je passe de bons moments avec lui. Et ça ne m'empêche pas de penser tous les jours a Papouch. Vous savez, je crois que l'on peut aimer plusieurs fois dans sa vie, a chaque fois de manière différente. Avec votre grand-père, ce furent des années extraordinaires, notre jeunesse, les enfants et petits-enfants, des soucis que nous avons surmontés a deux, beaucoup de joie aussi. Avec Louis, c'est la vieillesse devant nous, des années pas toujours faciles mais accompagnées d'une épaule, d'un autre qui partage. C'est ainsi ! Je souhaite qu'il vienne demain !

Des larmes débordent de mes yeux. Une autre réalité : ma grand-mère, un jour va sans doute se promener avec une canne, un peu voûtée , peut-être sourde, frêle esquif dans la marée des hommes. Et ce jour-la, ce sera a moi de la protéger. Je me coule entre ses bras.

-Tu as raison ! C'est juste que ...

-Ta mère ! J'ai bien compris ! Mais je pense qu'elle va réfléchir ! En tout cas, je compte sur ton père pour cela.