We'll coexist ? [Lexa] P1

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Je la contourne avec lenteur tout en gardant mes yeux rivés dans les siens. Je ralentis, une fois que je l'ai dépassée, jusqu'à presque m'arrêter. Je ne suis plus du tout troublée par notre air de famille. Après tout, nous sommes surement jumelles. Et puis, je sais rapidement m'adapter à tous les genres de situations, je considère ça comme mon super pouvoir. J'arrive à voir dans son regard qu'un malaise y grandit et ça me donne un sentiment de puissance, d'emprise sur la situation. Une possibilité d'emprise sur elle que je pourrais utiliser pour me désennuyer. Seulement, elle n'ose dire quoi que ce soit, je peux le voir à la façon qu'elle a de se mordre la lèvre inférieure. Alors nous ne faisons que nous confronter par notre regard. Nos regards plongés l'un dans l'autre si intensément qu'elle me donne envie d'encore plus la perturber. It's my new favorite little game. Et plus je scrute attentivement pour sonder son âme, plus elle insiste subitement à me contourner pour descendre les escaliers, mais je ne la laisse pas faire. Je lui barre la route à chaque tentative en me décalant d'un pas, diminuant la distance entre nous que j'avais installé un instant plus tôt. Tel un prédateur prêt à en faire voir de toutes les couleurs à sa proie. J'adore jouer avec les gens et j'aime par-dessus tout faire perdre pied aux petites bourgeoises. Elle se renfrogne au bout de la quatrième tentative et alors qu'elle entrouvre les lèvres, je la devance histoire de la déstabiliser.

« Qu'est-ce qui te dérange chez moi tout à coup ? Tu regrettes déjà de m'avoir accueilli ? » dis-je sur un ton qui se veut sec et plein de reproche, mais qui cache beaucoup de malice.

Je pense que pour avoir le cœur net de quel genre de personne à qui j'ai affaire, je dois le plus tôt possible la pousser à bout. Impossible que ce soit long. Être désagréable est ma plus belle qualité ! Et en quelque part, au tréfonds de mon être, c'est aussi pour me préserver. Je ne veux pas avoir de mauvaise surprise, je veux être sûre qu'il n'y a pas la moindre chance qu'elle me foute à la rue si je ne fais pas son affaire. Ce n'est pas comme si j'allais m'attacher, mais je détesterai de m'habituer à une vie facile pour la perdre. Je vaux mieux qu'être un jouet. Je préfère partir maintenant...

« Mais non ! »
se précipite-t-elle de dire en s'arrêtant. Elle se mordille la lèvre une fraction de seconde avant de poser ses mains sur ses hanches en expirant. Elle reprend d'une voix un peu plus douce « Qu'est-ce que tu attends de moi ? À quoi tu as pensée tout à l'heure ? C'est à cause de ça que tu te comportes comme ça ? »

Elle fait les derniers pas qui nous séparaient et me fusille du regard. Je suis prise à mon propre jeu et cette fois, c'est elle qui me sonde et qui me déstabilise. Elle n'a pas tort, lorsque je suis entrée dans la chambre, ça m'a frappée. Depuis que j'ai franchi sa porte, dans les abysses de mon cerveau, j'ai l'impression que je vais devoir partir car si je reste... J'ai peur de comment cette histoire pourrait se passer et je ne suis pas sûre de vouloir réellement prendre mes responsabilités, de vouloir être quelqu'un. Vivre pour soi c'est une chose, mais vivre pour les autres s'en est une autre. Et quand j'ai posé les yeux sur ma future chambre, j'ai compris qu'elle m'offrait la possibilité d'avoir un réel chez moi, sans surveillance et avec droit à de l'intimité. C'est devenu presque... trop réelle et j'ai eu peur. Peur d'avoir quelque chose à perdre. Peur d'être victime d'une cruelle blague venue du destin. Cependant, j'essaie de ne pas montrer mon trouble et j'hausse les épaules nonchalamment.

« Bon comme tu veux, mais tasse-toi, j'ai des trucs à faire. »

Je confronte son regard avec un air triomphant sur le visage car je la sens s'impatienter. Je ne fais rien et elle ne fait rien. Cette Hope est plutôt futée, elle a compris que je ne la laisserais pas passer. Mon sourire s'élargit et cette fois, elle semble perdre patience. Elle poste son visage à six pouces du mien et me lance, faussement en colère :

« Sérieusement, tu joues à quoi là ? Tu veux que je me débarrasse de toi pour t'éviter de te trouver une excuse ? Tu peux toujours courir car je ne suis pas comme ça. » Elle se rapproche encore, à trois pouces de mon visage, et l'air ravis elle continue « Et en plus, je t'aime bien. »

Double RefletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant