Changement de c.a.p [Hope] P2

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Nous mangeons et observons l'activité de la ville, alors que le silence fait rage entre nous. Un moment, je me perds à penser à ce que donnera les prototypes d'intelligence artificiel complètement fait de chair. Je fini en premier, mais je reste tout de même assise à siroter tranquillement mon café avec elle. C'est en fait très agréable de ne plus être seule. J'aime beaucoup mon train de vie solitaire, mais je crois que celui-ci saura m'apporter plus. Je vois le visage de Lexa s'assombrir, dans ma vision périphérique, et elle chasse le silence d'une voix morose.

« Qu'est-ce je fais ? Je veux dire, qu'est-ce que tu vas faire de moi ? Tu as sans doute déjà décider de mon sort, so... Tu vas me... »

Je suis surprise par ces propos, car son choix vestimentaire laisse croire que ce n'est pas dans sa nature. Un préjugé injustifié de ma part, j'imagine. Qui plus est, elle ne me laisse même pas le temps de placer un mot car à chaque fois que le silence revient et que j'entrouvre les lèvres, elle reprend. Je coupe alors court à ses propos avant qu'elle explose inutilement.

« O-ooh ! Moi qui croyait que tu t'imposerais et m'obligerais à vivre avec toi » dis-je avec un sourire taquin, au commissures de mes lèvres. Je prends un air plus tendre, comme lorsqu'on s'adresse à un enfant, en reprenant « tu peux être rassurée, je n'ai que de bonne intention et puis je t'ai déjà dit de faire comme chez toi. Ce que je voulais dire par là, c'est que je préfère que tu vies avec moi sous mes conditions plutôt que te promener avec mon visage et me créer des problèmes que je n'aurai pas conscience. »

Elle sourit amusée et reprend un air assuré, effaçant instantanément toute trace de son inquiétude. Je pourrai presque croire que ce n'était que dans mon imagination, mais ma surprise vis à vis de cette facette de sa personnalité est bien réelle. Je la croyais presque invulnérable et dur à cuire, mais comme tout le monde elle est vulnérable. C'est adorable. Un silence se dresse à nouveau alors pour y mettre fin, je m'installe au piano. Je mets le tableau d'un champ fleurit avec des montagnes à l'arrière et pendant une heure, je fais défiler les partitions. Cependant pour la plupart, je peux les jouer les yeux fermés. Je profite du moment et du soleil pour créer une atmosphère, telle que j'aime, magique et nostalgique.
C'est avec les doigts endoloris que j'arrête, une heure et demi plus tard, après tout je ne joue qu'une ou deux fois par semaine. Je m'étire et me lève doucement alors que Lexa me complimente avec quelque sarcasme en plus. Je la remercie en allant reprendre un café dans la cuisine. Je lui fais ensuite signe de me suivre et je monte à l'étage pour lui montrer sa nouvelle chambre. Face à l'escalier, approximativement 2,4 mètre plus loin, se dresse une fenêtre et vis-à-vis il y a mon jardin botanique intérieur en suspension. Un peu plus sur la gauche, sous une fenêtre, il y a quelques coussins sur le sol. C'est un espace de lecture dédier à lorsque je sens que je m'égare et que je dois retrouver mon âme d'enfant. Mon petit secret.

« À droite au fond c'est ma chambre, à gauche première porte, ce sera la tienne et juste là » je pointe l'espace juste derrière le mur de l'escalier « se trouve la salle de bain. » Et alors qu'elle ouvre la bouche, je préfère la devancée. « Du tien, c'est une autre chambre d'ami et comme tu peux le voir, il y a une aire de lecture pour les enfants. J'ai quelques amies qui sont parents. »

Sans un mot, elle se dirige vers la chambre et, subitement nerveuse, je la suis. Un autre silence vient entre nous, alors qu'elle l'inspecte dans le cadre de la porte, et cette fois il est malaisant. Je la sens irritée et je n'arrive pas à saisir pourquoi. Son expression ne la trahi pas une seule seconde et cela me rends encore plus agité. Est-ce qu'elle est frustrée par la chambre, qui n'est évidemment pas son style, ou une autre chose par rapport à tout à l'heure ? Elle entre lentement, comme un animal qui s'assure qu'il n'y a aucun danger. Je reste dans le cadre, décontenancer par son attitude et subitement, tout près du lit, elle pivote vers moi. Je sursaute, me redresse d'un coup et croise son regard alors qu'elle se laisse tomber sur le lit. Je suis toute droite et aux aguets, attendant impatiemment qu'elle m'aiguille. Un rictus satisfait apparaît progressivement et vient illuminer son visage. Je crois bien que le lit lui plait.

« C'est parfait pour le moment, mais si je reste définitivement, je vais vraiment devoir revoir la déco'. » Mes muscles relâchent la tension et soulagé, je lui souris. Elle se redresse et vient à ma rencontre nonchalamment, sans pour autant me laisser le temps de dire quelque chose. « D'ailleurs, je crois qu'on doit sérieusement discuter de la façon de procéder. »

Double RefletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant