9. J'aimerai que tu sois mon fils

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L'irritation de Giotto monta encore d'un cran en voyant la lune commencer à monter dans le ciel. Il était déjà en retard pour son rendez-vous hebdomadaire. Cela faisait maintenant presque six mois que Tsunayoshi venait le voir, depuis leur première discussion. Bien que le jeune ait réussi à maîtriser la disparition de la flamme frontale en quelques semaines et pas une vulgaire illusion posée dessus, ils continuaient à passer des moments ensemble.

La plupart du temps, ils discutaient de leur famille respective, des bons souvenirs. Giotto lui parla même de sa femme, sujet qu'il n'abordait jamais. En échange, Tsuna lui présenta chacun de ses meilleurs amis, avec qui il passait la plupart de son temps. Il fut étonné de nombreuses fois, surtout en apprenant qu'Eleanor Cavallone était encore en vie, ou bien que Rokudo Mukuro vivait paisiblement à Nanimori, au lieu de pourrir à Vendicare.

Giotto savait qu'il ne devrait pas autant se livrer à quelqu'un surtout un jeune dont il ne connaissait pas le visage, qui pouvait être un ennemi de la famille et pourtant, quelque le poussait à lui faire confiance. Sur biens des sujets, ils rigolaient. L'enfant avait un rire doux et clair, qui lui réchauffait le cœur.

Lors de leurs premières entrevues, les gardiens du quarante-cinquième passaient comme par hasard dans le parc, la nuit, pour veiller sur leur boss. C'est ainsi que Giotto avait commencé à apprendre à manipuler les différentes essences. C'était un travail fastidieux, mais dont il en abusait en secret. Avec Tsunayoshi, ils avaient mis au point des blagues, juste embêtantes, pour que le boss puisse se venger de ses gardiens.

Soudain, le brouhaha autour de lui s'arrêta et Giotto vit la libération. La réunion avec le conseil était enfin terminée. Après un rapide salut, il quitta la salle de vidéo surveillance et se fit accoster par ses gardiens, notamment G :

-eh bien, je pensais que ça ne finira jamais !

-Surtout pour de sujets aussi vulgaires, gronda Giotto

-Gio !

-Laisse, notre cher boss est en retard pour son rendez-vous galant, ricana Daemon

-Premièrement, ce n'est pas un rendez-vous galant, c'est juste un informateur et... quoi que je dise, vous ne me croyez pas, je me trompe ?

-Franchement, fait ce que tu veux. Mais tu trépignes toute la journée pour ce rendez-vous, que tu loupes sous aucun prétexte. Tu pars en vadrouille pendant toute la nuit, sans qu'on puisse te repérer. Même la fois où tu étais malade, tu voulais y aller. En plus, on ne sait pas qui est ton « interlocuteur », se moqua G

-Je vous promets que ce n'est pas une amourette, c'est juste que... que parfois, j'ai besoin de sortir de mon cadre de boss, d'être qu'un homme

Ces mots firent mouche et ses gardiens se turent. Ils comprenaient ce sentiment. Eux aussi, parfois, se rendaient dans un endroit inconnu pour être humain, par l'un des gardiens du Vongola.

Giotto soupira intérieurement de soulagement en voyant que son argument avait fait mouche. Avant que ses amis tentent de l'arrêter, il quitta le manoir et s'installa sur leur banc. Par ironie surement, mais il s'asseyait sur ce même banc avec sa femme, quand ils flânaient dans le parc.

Pour la première fois, Tsuna était en retard. Lui qui était toujours ponctuel, on simplement quelques minutes, n'étaient toujours pas présent. Peut-être avait-il dû partir, comprenant que Giotto ne viendrait pas cette nuit.

L'homme soupira et hésita à rentrer, sans bouger toutefois. Il espérait que le jeune viendrait tout de même et se mit à réfléchir à sa dernière discussion avec ses gardiens. Il leur avait menti. Sa fonction de boss ne lui pesait pas tant que ça, c'est juste qu'en compagnie de Tsunayoshi, il avait l'impression d'avoir un fils. En l'écoutant raconter ses histoires idiotes, il avait le sentiment d'être proche de lui. Tous les deux manipulaient les mêmes flammes, celles que personnes d'autres n'avaient. Et plusieurs fois déjà, Giotto avait fait un lapsus mental, en appelant le jeune homme son enfant.

Il n'était peut-être pas son fils biologique, mais il n'en voudrait pas un différent. Sur bien des points, il lui ressemblait tellement, quant à d'autres, il réussissait toujours à leur faire ressembler à sa défunte femme.

Parfois, il essayait de deviner l'apparence de Tsunayoshi, lui inventant un visage, une apparence. Aussitôt, le jeune prenait les traits de la petite photo qu'il gardait dans son tiroir. Cette photo était un montage, quand lui et sa femme s'étaient amusés à inventer le visage de leur fils quand il aurait une quinzaine d'années. Giotto avait gardé cette photo car elle avait vraiment l'apparence humaine, contrairement à d'autres essai. Sur cette image, l'adolescent avait la même coupe que lui, mais ses cheveux étaient châtains, comme sa mère. Ses yeux étaient noisette, toujours comme sa mère, cependant, il avait sa physionomie à lui.

Giotto se souvenait d'une fois où Tsunayoshi lui avait demandé si cela le dérangeait qu'il garde son visage caché. Le boss avait inventé une excuse bidon, pour que le jeune reste anonyme. En réalité, il ne voulait pas briser son image mentale, garder cette illusion encore un peu plus longtemps.

Les premiers rayons du soleil effleurèrent sa peau et Giotto soupira. Tsunayoshi n'était pas venu. Il espérait que le jeune n'avait rien de grave, qu'il était uniquement occupé.

Se redressant, il fut étonné en voyant ses gardiens venir vers lui, toutes les armes sorties. Son intuition lui hurla quelque chose et le boss se retourna, retenant un hoquet d'exclamation. Un gigantesque robot tirait sur lui. Immédiatement, Giotto se prépara à esquiver, avant de se rendre compte que cela condamnerait ses amis. Il ne pouvait pas faire cela. Cependant, il n'aurait pas le temps de créer une barrière.

Conscient qu'il mettait sa vie en jeu, Giotto alluma tout de même sa flamme, prêt à encaisser le choc. Il y avait peu de chance qu'il survive, mais il devait le tenter. Comme au ralenti, il vit le tir venir droit vers lui. Inspirant profondément, il regarda la mort, droit en face. Alors que le trait venait dans sa direction, Giotto ressentit la puissance des flammes du ciel et bascula sur le côté, se cognant la tête contre le sol. La douleur fusa et le fit grogner. Il entendit les voix de ses amis et les mains des gardiens venir le redresser. Ses pensées s'éclaircirent et il comprit que le tir l'avait évité. Son intuition lui hurla la réponse et son cœur manqua un battement, l'empêchant de vérifier.

Ainsi soit-il [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant