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justine.

On a bien été obligé de rentrer, ce jour là. On ne savais même pas trop où on était, donc on avait du rouler encore plus longtemps qu'à l'allée. Elle pleurait tant.. Elle s'en voulait, elle s'en voulait à mort d'être partie et d'avoir laissé sa mère.. Elle répétait, assez silencieusement, mais en boucle « J'aurais être près d'elle ».

Finalement, on voulut s'arrêter pour manger mais on n'avait vraiment rien, donc on entra dans un café en demandant s'il n'avait rien pour nous, en leur expliquant toute la situation ou presque. Ils nous donnèrent quelques croissants et de l'eau, avec de la bonne foi.

On avala ça très vite, je savais qu'elle voulait rentrer au plus vite. Absolument.

On finit par retrouver un chemin que nous connaissions bien : ma ville. Mais je ne voulais pas la laisser, je voulais au moins l'accompagner jusqu'à chez elle, être sûre qu'elle y arrive bien. Elle ne m'y autorisa pas..

Je rentrai donc chez moi. Je ne sais pas si ma mère avait remarqué que j'étais partie, je vais souvent dormir chez ''ma copine'' sans prévenir, alors elle doit avoir l'habitude.

Je montai me doucher. J'avais encore l'odeur de son corps mais ça n'empêchait pas que je ne sentais pas super bon et je me sentais sale, surtout, alors j'ai pris une douche chaude, avant d'aller me coucher. Il devait être 17h à tout casser, mais j'étais fatiguée, pire que ça. J'étais épuisée, mentalement aussi. J'étais morte.. Vraiment.

Alors je me suis juste.. Couchée. Et à ma grande surprise, j'étais bien loin de m'endormir. Tout ça me travaillait bien trop. Pourquoi je l'avais laissé..? Qu'est ce que je peux être bête. Bordel.. Sauf que c'est trop tard, maintenant, elle n'a plus besoin de moi, elle est avec sa famille.

Je lui envoyai un petit message pour qu'elle me tienne au courant de ce qui se passait.
Elle m'appela de suite.

« Justine..
- Dieu merci qu'est ce que c'est bon d'entendre ta voix.. J'allais te demander comment tu allais mais..
- Oui.. Ça va vraiment pas.. »

Quand elle était mal, le ton de sa voix était vraiment différent. C'est comme si tout ce qui pouvait lui passer par la tête était descriptible à sa façon de parler.

Elle se mit à sangloter.

« Je sais pas si j'y arriverais encore longtemps Ju.. Elle était mon pilier, et je..
- Je suis là.. Je te promets qu'avec le temps ça ira..
- On m'a dit ça aussi pour la mort de ma sœur. Et les années ont passées et ça ne fait que d'empirer de jour en jour. On m'a dit ça quand on m'avait détecté une maladie qu'ils pensaient incurable. Et elle m'a bouffé pendant deux longues années. On m'a dit ça tant de fois Justine.. Et ça n'a jamais été. Je te jure que cette fois, je ne supporterais pas.
- L'année est bientôt finie.. 2012 sera meilleure, je peux te le jurer, je serais avec toi et on sera heureuses ensemble, ok ? »

Elle rit légèrement comme elle le faisait à chaque fois que je disais quelque chose d'innocent mais bête.

« Trois fois.. Je t'ai expliqué trois fois que moi, je ne serais plus jamais heureuse. Tu devrais abandonner maintenant, avant que tu ne sois trop attachée à moi.
- Mais je suis beaucoup trop attachée à toi !
- Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenu..
- Je suis désolé.. »

Un blanc. Ni gênant, ni trop long.

« Pourquoi tu t'excuses ?
- Parce que je ne pourrais jamais t'aider vraiment.
- Tu m'aides, beaucoup plus que tu ne le devrais d'ailleurs, et je t'en remercie vraiment. Mais le bonheur et moi on pourra jamais s'entendre, tu comprends ? C'est comme l'eau et l'huile. Même si on était amené à se toucher, on se fuirait comme la peste. »

lonely girlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant