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justine.

Le temps d'une soirée.. J'avais réussi à l'oublier. Ça devait faire des semaines que je ne pensais qu'à elle, et lorsque mon vrai père se pointe, je réussi à la sortir de mes pensées pour un temps très court.

Et voilà que je revois son nom sur mon ordi.

Ma mère l'avait vu aussi, alors elle reprit ma place sur la chaise alors que je montais en furie dans ma chambre pour l'appeler. J'aurais du passer chez elle.. Bordel j'aurais du ! Je ne sais même pas ce qu'elle ressent en ce moment.. Je n'ose même pas imaginer..

Son numéro se compose presque tout seul, l'habitude a fait que mes doigts ne tapent plus que son numéro.

A peine deux sonneries avant qu'elle ne réponde.

Un silence. Quelques sanglots. Je fût pris de court, mais tant pis.

« J'arrive. »

Je raccrochai et enfilai un manteau avant de partir. Il faisait nuit, il était tard mais tant pis. Elle me manque trop, puis je m'inquiète horriblement pour elle.

Je crois que je n'avais jamais roulé aussi vite, j'avais dû dérailler au moins quatre fois tellement j'étais peu concentré sur la route mais sur elle.

Je ne pris même pas la peine de sonner, je passai par la véranda et je montais dans sa chambre. Elle était allongé et fixait le plafond.

Lorsqu'elle me vit; ou pensa m'apercevoir, parce que ça devrait pas être super facile avec cette obscurité; elle sauta de son lit et me serra fort. On tomba toutes les deux et je me fis mal au dos, mais tant pis.

Elle était encore là. C'est tout ce qui m'importait.

Lorsqu'elle s'éloigna juste un peu de moi, je ne pus m'empêcher de la fixer et de l'embrasser juste après. Même son baiser était triste.

Je la tirai vers la fenêtre et on s'assit sur le rebord.

Les étoiles brillaient et ça m'ensorcelait. Je voyais bien qu'elle avait encore la tête ailleurs mais elle les fixaient aussi, larme à l'œil.

Je pris sa main.

« Parle-moi.
- Tu veux que je te dise quoi ?
- Je veux que tu me cries ton malheur pour que ça sorte et que ça aille mieux, juste un peu. »

Elle rit de ce même rire qu'à chaque fois je lui disais qu'elle pouvait aller mieux.

« T'arrive pas à comprendre ça, hein ?
- C'est pas parce que tu penses que ça ne s'arrangera pas que c'est le cas.
- Tu crois vraiment que je n'ai fais que de le penser ? Tu crois pas que j'ai pas passé ces dernières années à essayer encore, et encore, et encore, et tant de fois que y'aurait pas assez de encore ? Tu crois que toi et ta bouille d'ange qui aime tout maîtriser, vous pourrez arranger ma vie ? Alors je t'en prie, essaye. Mais rien ne s'arrangera ! Tout plonge, regarde ! Elles ont toutes plongées ! Mes sœurs, ma mère ! Et je vais perdre qui encore, toi ? Mon père ? Mes trois autres sœurs ? Sérieux ? Tu crois pas que si je pouvais aller mieux, je donnerais pas tout ce qu'il me reste pour l'être ? TU CROIS PAS ? »

Elle s'était levé pour me crier dessus, mais elle pleurait en même temps. Elle enfouit sa tête dans ses mains et pleura un peu plus. Je me levai pour la rejoindre et la prendre dans mes bras.

Je murmurai doucement :
« Je ne cesserai de te le dire. J'essaierais. »

Elle se calma après de longues minutes. Encore les yeux tout bouffis, elle me regarda.

« T'avais raison.. Ça va un peu mieux. Enfin.. C'est pas une grande partie de mon mal-être mais.. C'est déjà ça.. Merci. »

Je lui répondis d'un léger baiser. Elle rougit, puis la seconde d'après se remit à pleurer.

Bon dieu.. Je suis vraiment amoureuse d'une fille étrangement émotive.
Elle a perdue autant de gens dans sa famille et je me permets de dire ça ?
Quel monstre.

Elle tira doucement sur mon t-shirt.

« Tu es venue juste pour me voir.. Pourquoi ?
- Tu crois vraiment que je laisserais ma copine mal alors que..
- On sort pas ensemble je te rappelle, t'es obligée de rien du tout.. »

Aïe.. Coup de hache dans la nuque. Une petit piqûre de rappel qui fait du bien.

« Peut-être. Mais je t'aime, alors quelle est l'importance ?
- L'importance c'est que je ne suis rien. Franchement.. »

Je lui levai le menton, pleine de détermination et de rage envers ce qu'elle venait de dire.

« Écoute moi bien toi, tu es tout pour moi. Alors dis-moi encore une fois que tu n'es rien et je te-
- Tu quoi ? Justine, qu'est ce que tu veux faire ? Je suis comme ça depuis toujours, et..
- Toi, pour une fois, arrête de te sous-estimer. Sérieusement, je te vois comme la plus grande reine de ce monde et tu oses dire ça.. Je parais égoïste en disant ça parce que tu es tellement tout pour moi que ça me rend complètement folle que tu dises ça ! Mais regarde toi deux secondes ! À ta place, beaucoup serait à terre, incapable juste de lever les yeux ! Et toi tu es debout ! Peut-être détruite, mais tu es debout, forte, et c'est fou parce que c'est improbable.. Mais génial.
- C'est là que tu te trompes.. Je suis bien loin d'être forte. Je n'ai pas le choix, c'est tout.
- Tu es encore là, donc ferme la un peu.. Relève la tête ma princesse. »

Elle sourit tristement. Elle savait que, quoi qu'elle dirait, je répliquerais. Mais d'un côté, j'avais bien compris ce qu'elle pensait, et.. C'était putain d'effrayant.

Elle me tira vers le lit.

« Tout ce que je veux là, c'est dormir avec celle que j'aime. Viens dormir, s'il te plaît..
- Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi ?
- Assez de temps pour commencer à te voir flou et en double.
- Oh mon dieu.. »

Je la rejoignis dans le lit après avoir enlevé mon jean et on s'endormit très vite.
On dormit tard le lendemain. Peut-être était-il 13h dépassé.. Peut-être seulement 9h ou étions-nous le surlendemain ? Je n'en sais trop rien.

Je n'avais pas dormi comme ça depuis des siècles. Enfin, c'est l'impression que ça me donnait.

Elle me réveilla.
Elle était beaucoup trop joyeuse comparé à la fille que je connaissais d'habitude.
Elle sautillait un peu partout.

« Coucou mon ange !
- Bonjour..? »

J'étais encore endormie alors qu'elle me tendait un cacao.
Je fis une mine inquiète.

« Qu'est-ce qui va pas ? T'aime pas ?
- Je.. Je suis allergique au lactose.
- T'inquiète, ma sœur aussi. On a que du lait sans lactose à la maison.
- Ça.. Ça existe ?
- Évidemment !
- Woah.. Ma mère se contente de m'empêcher de boire du lait.. Ça fait bien longtemps que j'ai pas bu de chocolat chaud tu sais..
- Raison de plus ! »

Je bus une gorgée. C'était drôlement bon !
Ça me rappelait mon enfance, quand mon frère nous ramenait, à ma sœur et moi, des cacaos tous les soirs quand on était plus jeunes.

« Maintenant que j'y pense.. J'ai parlé à mon père hier. »

Elle s'étouffa avec sa boisson.

« Ton père ? Comment ça ton père ?
- Pas mon père en prison.. Mon vrai père.
- Tu vas devoir tout m'expliquer. »

Je lui racontai tous dans les moindres détails et elle avalait chacune de mes paroles avec un air intéressé.

« C'est.. Wow..
- Je sais.
- Et tu.. Tu comptes partir rester avec lui à Martigues.
- Non. Jamais je ne te laisserais.
- Vas-y si ça te fait plaisir, je veux pas te retenir ici..
- Sauf que ça me fait pas plaisir, justement.. »

Elle me sourit gentiment.

« Merci. »

lonely girlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant