20. Ces jours qui passent

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Les cours commencèrent alors au centre de rééducation. Les autres furent libérés de la quarantaine et une vie plutôt normale repris son cours. Je m'amusais bien avec eux.

Livaï n'avait plus à me garder près de lui mais il restait mon éducateur attitré. Mon éducateur à moi seul. Et comme il y eu de nouveau arrivants qui ont pris nos anciennes chambres, nous avons dû accepter de rester dans la deux places. Franchement, ça ne me dérangeait pas.

Il parlait peu, et quand on se parlait le soir, on discutait des livres qu'on connaissait, des endroits où on aimerait aller, on se faisait connaître des lieux, des photos.

Au final, on s'est bien rapproché. Il m'a même permis de le tutoyer ! Mes sentiments ne s'embrouillaient plus. J'étais clairement amoureux de Livaï. En secret. Il ne montrait rien à mon égard, lui. Quelques rares sourires, ponctués d'un bonne nuit le soir et de la lumière qui s'éteingnait. Voire une caresse dans les cheveux au mieux.

En vrai, il ne m'avait pas retouché depuis ma fuite. À vrai dire, je n'avais pas fait de "faute" grave à part celle-là.

Ce midi, je lui ai alors porté son plateau repas.

"Merci Eren. Tu manges avec moi ?"

"Avec plaisir."

Je m'installais, souriant.

"On a fixé un rendez-vous avec la psychologue Petra pour chacun d'entre vous. Note que c'est cet après midi à 15h au bureau du rez-de-chaussée."

"J'y serai."

Je relevais les yeux vers lui. Livaï avait un regard sévère, il fixait son assiette. Sa nourriture avait l'air délicieuse vu comment il l'a précipitait dans sa bouche...ou bien du stress.

Enfin bref, le repas se finit sans un bruit. Tellement silencieusement que l'on pouvait entendre les moucherons voler...normalement cela ne s'entend pas...c'était pesant. Au final, je retournais dans la chambre et il m'y rejoingnit un peu plus tard. Toujours sans un mot.

Le rendez-vous approchait. Je ne savait pas quoi vraiment dire. Et en parler à mon éducateur alors qu'il semblait y avoir un froid me paraissait être une mauvaise idée.

Je finis par me lever et aller vers la porte quand soudain une main m'attrapa le poignet et quelqu'un me plaqua violemment contre la porte. Le baiser de mon collègue de chambre fût tout aussi violent et éprouvant.

Des émotions étaient mêlées à ce baiser. Colère, tristesse, joie...voire amour ? C'en est presque indescriptible.

"Désolé..." Me dit-il.

Je le regardais, incrédule, pressant le bout de mes doigts contre mes lèvres pendant qu'il repartit s'allonger sur son lit.

J'ouvris la porte.

"Livaï ?"

"Mmh...?"

"..."

"...?"

"Je t'aime."

Et je m'en allais en fermant bien la porte derrière moi. Je ne voulais pas voir sa réaction. J'avais peur, honte et étais heureux à la fois. Je venais clairement d'annoncer mes sentiments et ça me perturbais. Mais je le sentais tellement heureux et léger. Ce baiser était pour moi comme une preuve d'amour.

Me voilà descendu, en train d'attendre devant le bureau de la psychologue du centre, Petra Ralle.

Je pianotais sur mon portable pour jouer à "Homescapes" quand une voix me sortit de ma concentration.

Ereri/Riren - L'éducateurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant