MONES - L'Exploration Cosmique

- ℂhαpitre IX : Matin D'une Journée Bien Spéciale -

Un léger son rompu mon sommeil, et m'arracha avec douceur de mes rêves instantanément oubliés.

Quand, enfin, je me résolu à ouvrir les yeux, ma vue fût occupée par des couleurs mouvantes ; un dégradé de couleurs chaudes.

Les chiffres d'une horloge numérique apparurent sur ma droite, contrastant, blancs sur jaune. Les couleurs s'éclaircissaient, de plus en plus, tout comme la température ambiante, qui montait.

Désactivant le réveil, je peinais à quitter les bras de mon lit, ne cessant de geindre à chaque effort.

Le fond coloré qui couvrait mon lit se retira - à la manière d'un fluide entre deux parois - pour laisser place à la grande pièce moderne qu'était ma chambre. D'un mouvement inaudible, la bulle de verre s'ouvra.

Assis, sur le bord de mon lit, je tentais de me repenser au rêve que j'avais fait cette nuit, car, il m'est parvenu quelques bribes de ce dernier. Mais au puzzle que j'essayais de reconstituer, trop de pièces manquaient. Je réfléchissais trop au réveil.

Me frottant les paupières de fatigue, je baillais à m'en décrocher la mâchoire. Reprenant mes esprits, je préparais ma boite de nourriture du matin, à emmener dans le cockpit. Chaque membre siègant au poste de commande doit prendre le petit-déjeuné sur place afin de ne pas laisser le Monès dériver dans l'espace en mode automatique, sans surveillance humaine. Il fallait constamment surveiller, même en cas de menace inexistante, qui sera le cas le plus commun, voire peut-être l'unique durant notre éternelle dérive dans l'océan du vide.

Attendant que la volonté me pousse, je me reposa sur mon siège. Je pris conscience, en me reconcentrant que je voyais la Terre sans vraiment la regarder.

Me levant, je scrutais avec plus d'attention la planète, baignant dans une infini étendue sombre. Et dans un sourire, debout en face de la vitre ;

- Salut, toi.

J'apercevais le jour qui trempait déjà le globe de lumière. Quelle heure était-il ? Je ne m'en souviens plus. Quoi qu'il en soit, les éclairages de la chambre s'allumèrent, progressivement. 

- 7h05... remarquais-je, m'apprêtant à rejoindre mes co-équipiers dans la cabine de pilotage.

~~~

Le sas du cockpit s'ouvra, et je m'avançais vers mon siège de commandant, placé entre quatre autres fauteuils, tous déjà occupés.

- Bonjour commandant

- Quoi de neuf, depuis ? demandais-je à l'assistant de bord.

- Et bien, on a une bonne nouvelle ; tous les techniciens ont envoyés leurs rapports écrit sur chaque propulseur de l'appareil, et ils ont passé le test avec succès.

- Tant mieux. C'est une bonne nouvelle pour nous tous, ça. Et sinon, pour l'alimentation énergétique, tout va bien ? Parce que c'est aujourd'hui que nous mettons le cap sur Mars, il faut que tout soit opérationnel.

- Pour l'alimentation énergétique, l'exposition solaire est plus que suffisante, répondit l'autre, elle est largement supérieure comparée à la surface de la Terre, et comme nous sommes partis presque à sec, on va pouvoir remplir encore un peu plus les batteries pour le trajet Terre-Mars sans risque de surplus.

En effet, avec huit mois complet de recharge en énergie solaire, les constructeurs du Mones n'ont rempli tout juste qu'un quart de la contenance des réservoirs de l'appareil.

- Vous savez combien il reste de temps de recharge ?

- Environ ... 3 heures, et nous en serons à la moitié, voire à 60 %.

- D'accord. Et concernant les collisions avec les déchets spatiaux, vous vous débrouillez ? dis-je en regardant les hologrammes de mes co-équipiers.

- Il y en a eu quelques-unes, répondit l'artilleuse co-pilote, mais rien de trop imposant pour endommager le vaisseau. On a trouvé une voie sûre et dégagée où il n'y a pas beaucoup d'objets en orbite. Et de toute façon, on viens d'activer un mini-champ pour repousser les objets magnétiques.

Satisfait, je m'assis, mon dossier et mes accoudoirs se déplièrent. Mon plateau se plaça et j'y posa une pomme, un sachet en plastique et une petite bouteille.

Les contrôles de pilotage, écrans semi-tactiles et hologrammes de l'interface s'allumèrent devant moi. Tout en dégustant mon petit-déjeuné, j'observais l'hologramme du Monès, s'agrandissant et se déplaçant. Les écrans tactiles m'affichaient des visuels en temps réel de l'U-216 à chacun de ses recoins.

- On va faire face au soleil

L'assistante de bord regarda son écran, qui schématisait notre position autour de la Terre. C'était elle qui avait dit ça. Je frottais mes mains, et mon plateau se ranga, aspirant les miettes.

- Ne le regardez pas tout de suite.

Avançant mon siège, je regardais les voyants lumineux de mon interface de commande s'allumer, puis s'éteindre quelques instants plus tard. Du coin de l'oeil, j'entrevis un vif éclair surgir à la surface de notre planète, qui avait déjà fait une légère marque sur ma rétine.

- Le Soleil se pointe, dit un assistant.

Aussitôt, la vitre du cockpit s'assombrit rapidement, puis tout redevint normal.

- C'est bon, s'exclama l'assistant de bord, le rayon n'était pas trop violent

- Activez la couverture photovoltaïque, c'est le moment, leurs signalais-je.

- Ok. Les capteurs solaires sont opérationnels.

Je vis en coin les assistants techniques pianoter les touches de contrôle et les hologrammes du vaisseau se coloraient, partie par partie.

La courbure de la Terre se dessina, les rayons transperçants du Soleil révélèrent le fin voile bleuté qu'était l'atmosphère. La fragile couche d'air qui nous maintenait tous en vie.

- Rotation des coques, orientation vers les rayons solaires en cours...

- 60, 107, 133 ... compta l'assistant de bord

J'observais avec calme et fascination les pointes des coques pivoter dans le sens contraire de l'aiguille d'une montre, sans aucun bruit.

- ... 180 degrés, terminé.

Le centre de contrôle s'inclina aussi, de sorte que la planète bleue soit juste au-dessus, nous surveillant dans notre manœuvre.

- Tous les capteurs sont orientés en direction du Soleil, commandant. 85% des rayons sont capturés.

- Parfait.

- Activation des batteries supplémentaires et des transfuseurs d'énergie ?

- Accordé.