MONES - L'Exploration Cosmique

- ℂhαpitre XIV : Une Rencontre Entre Colons -

- On branche notre transmission à la Lune.

Je commençais à m'éveiller doucement, les lumières artificielles du cockpit illuminaient mes yeux.
- OK, transmission assurée aux antennes relais des bases lunaires 72-A25, me répondit Ava sans plus tarder.

À ce même moment, les enregistreurs vidéos extérieurs montraient une tâche lumineuse d'un orange délavé, attirant notre attention, comme un soudain bruissement dans un tunnel silencieux.

- On commence à apercevoir Mars, annonça James, un signal émis depuis son exosphère tente de nous parvenir.

- Très bonne chose, interceptez-le, fis-je en me frottant les mains d'exitation.

Les assistants de bord visèrent la Planète rouge avec le faisceau de ciblage radio, et décalaient les représentations holographiques des fréquences radios, afin de les aligner avec celles envoyées des stations de Mars.

- On a atteint la moitié de notre période de décélération, communiqua Nelson
Les écrans des assistants affichaient simultanément une validation de programme, et les deux se décalèrent afin de pianoter quelques notes avant de me dire, dans une parfaite synchronisation :

- Nous recevons le message radio, commandant.
- OK, prenez le relais, jetais-je aux artilleurs-copilotes, avant de m'éclipser dans la salle de ravitaillement.
- Aller, Nelson, à nous deux maintenant, fit Arya à son co-équipier, en se replaçant.
Les deux prirent le contrôle manuel du vaisseau en même temps, tout en surveillant de près la phase de freinage qu'ils avaient eux-mêmes programmés, il y a moins d'une heure.

La porte se referma, et les LED éclairèrent la pièce.

- Sade, seulement le bureau individuel, et l'holographe.
- A vos ordres commandant

Les deux cylindres d'acier de l'holographe se rejoignièrent, et une plaque de bureau se déplia du sol pour venir se fixer à l'holographe, prêt à servir.

J'entrais la fréquence radio, et le symbole des Missions d'Implantation Martienne À Long Terme apparu, remplacé par un message vidéo. Les rayons lumineux dessinèrent les traits d'une femme d'âge, parlant calmement.
- Bonjour cher équipage de l'U-216 DB20 Monès, nous vous envoyons ce message vidéo en guise de bienvenue dans l'espace périphérique de Mimalt, et sommes honoré de pouvoir servir au programme de la Mones Mission. Nous vous envoyons ce message 5 minutes avant sa réception, cela veut dire qu'il ne vous reste plus que 40 minutes avant de nous rencontrer. Je dois avouer que la vitesse de votre vaisseau me surprend, comme je peux le remarquer, vous êtes en avance sur le planning de votre mission. D'ici là, vous connaissez la procédure à suivre. C'était le Commandant Corel, de la station martienne Mimalt-1, fin de transmission.

Le message avait coupé, faisant disparaître des parcelles du visage du commandant Corel une par une, pour enfin disparaître.
Agrandissant l'hologramme dans sa largeur, et je scrutais dans la carte 3D le minuscule point que nous étions, à l'échelle de notre trajet Terre-Mars. Rétrécissant de plus en plus le point de vue, je tentais de me représenter notre distance avec Mimalt-1.
Distance énorme pour une vitesse conséquente, qui néanmoins baissait à vue d'œil.
Mars, sur les capteurs, s'approchait de plus en plus, laissant à notre vue la présence de ses auréoles sombres, souillant sa couleur si particulière, qui a inspiré son surnom.
Un point noir, microscopique et à la limite de l'indiscernable, se détacha du décor martien.
- On arrive trop vite, lâcha Nelson
- C'est bon, on coupe des Khoteyes et les rétrofusées feront l'affaire, rassura Arya. Commandant, permission ?
Je venais de rentrer dans le cockpit, aussitôt je répondis, en apesanteur.
- Accordée, puissance de 0,5 à 0,7
- C'est parti, fit Nelson, réglant la puissance de feu afin qu'elle soit optimale.
Les caméras montrait des parcelles de la coque qui s'ouvraient pour laisser sortir les rétro-propulseurs, se mettant progressivement en marche, en échappant chacun des feux tirants sur le violet, tout en silence complet. Les assistants et les co-pilotes communiquaient entre eux.
- Propulseurs Khoteyes éteints, ouverture volets anticollision. Vitesse à 52 000 km/h.
La vitre du cockpit se découvrit enfin, Mars nous paraissait aveuglante, nous renvoyant la lumière du soleil, ajoutée d'une teinture chaude. La station en orbite était bien plus petite que sa représentation 3D à l'holographe.
- Mimalt-1 à 24 000 km. Mise en orbite dans 540 secondes.
- Mars commence à bien nous attirer...annonçais-je à mes co-équipiers, après avoir consulté des cartes du champ gravitationnel de la planète. Augmentation de la puissance des rétrofusées. J'autorise jusqu'à 0,9 pendant 70 secondes, après on redescend.

Chacun hocha la tête et exécuta. Le Monès continuait sa ligne droite vers le champ d'attraction de la planète rouge.

Une demi heure plus tard, le schéma se dessinait ; le Monès, ainsi placé sur la même orbite que la station Martienne, s'en rapprochait petit à petit, et tout le monde commençais à parler de tous les côtés.
- Nous sommes à 500 mètres de Mimalt-1. 5 mètres par seconde dans son référentiel.
Fixant le néant, une voix dans ma tête continuait à dire : trop rapide.
- Recalibrage vertical de l'appareil, et... 90 degrés, c'est OK commandant.
- On appelle la station tout de suite.
Je commençais à contacter nos collègues de Mars, qui répondirent immédiatement.
- Mimalt-1 à U-216 DB20 Monès, vous recevez ?
Chacun étouffa un soupir de soulagement.
- Oui, nous vous recevons, nous sommes sur votre orbite, à 200 mètres en votre approche.
- Nous vous envoyons les coordonnées exactes de l'entrée A. Orientez-vous à 15 degrés.
Un long silence, pesant, pris place dans le cockpit, avant que l'un d'entre nous l'interrompt.
- RCS en marche, entrée A de Mimalt-1 dans 10 mètres ...
- Vous avez le même air ? demandais-je aux pilotes de la station en leur envoyant nos constituants atmosphériques.
- Affirmatif, fis brièvement notre interlocuteur.
Je réglais la position du vaisseau en gardant l'œil sur les images en temps réel des écoutilles du Monès et de la station orbitale.
- Amarrage dans 3...
Tout le monde était concentré, silencieux et tendus. Les deux parties sur les visuels se rapprochaient de plus en plus par de petits à-coups de brefs souffles crachés par les RCS.
- 2 ...1 ...
Les deux appareils étaient presque collés et tout tournait autour de nous. Un grondement derrière nous, et soudain ;
- Contact ! annoncèrent simultanément les assistants et les pilotes martiens.
Des roulis d'engrenages, des portes que se verrouillent, d'autres se déverrouillent, et Sade annonce que nous sommes prêts à embarquer à bord de Mimalt-1.

J'ouvris au même moment le canal de communication du Monès, ordonnant par le micro à tout le monde de se réunir au centre de contrôle. Dehors, le centre de contrôle de l'appareil était solidement attaché à l'immense base orbitale.

- Le travail est fait, les enfants, venez avec moi... m'exclamais-je, en tapant des mains.

Chacun avait éteint son interface de pilotage et s'était déjà détaché de son siège pour me suivre - en volant - dans la salle de ravitaillement. L'équipage s'amassait sur les côtés de la pièce, attendant en consultant leurs bracelets tactiles, ou leurs lunettes.

- A tout le monde ! On embarque tout de suite, un par un.

Je m'avança vers une trappe magnétique au sol que Sade déverrouilla, nous offrant l'espace d'un petit SAS hermétique, conçu pour l'équipage lors d'une situation de sauvetage.

Je saisis les deux poignées de l'écoutille pour les tirer et les tourner d'un seul coup, pour que l'IA du vaisseau effectue le reste. L'ouverture se dessina et un sifflotement en sortit, puis j'ouvris complètement la lourde porte pour apercevoir nos collègues martiens, tous souriants.

Je leur tendis ma main qu'ils serrèrent fermement, puis me tenant l'épaule ;

- Bienvenue sur Mimalt-1, fit l'homme, nous sommes tous impressionnés ; vous avez battus tous les records des missions de ravitaillement de tous les bolides de l'IMPA... Racontez-nous ce que ça fait d'être les humains les plus rapides de l'univers !