MONES - L'Exploration Cosmique

- ℂhapitre X : Derniers Instants -

Les mécanismes se déclenchaient un a un, bruits silencieux, voyants allumés, voyants éteints. Le plafond de contrôle, couvré de manettes et d'interrupteurs affichait des points de lumières clignotants de toutes parts.
Les transfuseurs d'énergie vrombissaient derrière nous, transportant le contenu des batteries des coque vers celles du centre de contrôle. Les actions automatisées se déroulaient comme prévu. Tout fonctionnait à merveille.

J'étais serein.

Comment ignorer cette couleur transcendante qui faisait front à ma vision ? C'est une si belle planète... Si bleue, si lumineuse, si vivante. Regarder la Terre me fascinait, mais le fait de savoir par-dessus tout que la Vie y était hébergée me procurait un sentiment intense, me coinçant entre la fascination et la perplexité. Une explosion d'émotions, qui se propageaient de toute part, guidée par un courant puissant d'adrénaline.

C'était Notre Maison. Oui.

Mais c'était.
Il fallait nous voir comme des nomades, ou plutôt précurseurs d'une potentielle exode planétaire. Malgré notre excitation à propos de cette image, c'était difficile de quitter Le Caillou - l'habitat que l'Homme a toujours connu.

Quatre milliard et demi. C'est l'âge de ce grain de sable, qui, perdu, enfoui dans une plage immense, était unique en son genre et jusqu'alors le seul a abriter la Vie. En effet, il est arrivé le moment où l'Homme s'est persuadé que la solitude de la Terre était un fait absurde, une idée de plus à abolir.

Nous avons beaucoup appris de ce sur quoi nous naissons, nous marchons, nous bâtissons. Certains ont compris plus rapidement que d'autres. Ils ont découvert des choses qui nous paraissent désormais évidentes, logiques, mais qui ne l'étaient pas avant. Ils ont vulgarisé les lois de la Nature à nous et à eux-mêmes, et grâce à leur découvertes, tout le monde ou presque est capable aujourd'hui d'apprendre à mieux connaître la Terre, à s'adapter à Elle, et comment rester raisonnable avec tout ce qu'Elle nous offre. Nous ne commençons à peine à ouvrir les yeux, à comprendre et à connaître notre Protectrice...

... que nous voilà maintenant, nous poussant à en chercher une autre, possédant la même particularité que celle qui était devenue notre maison.

Comme si que notre planète pourrait trouver un partenaire tout aussi singulier.
Une question s'installa tout de même ; nous ne sommes probablement pas seuls, mais, au final, ne sommes-nous pas destinés à devoir se contenter de cette solitude pour l'éternité ? Mais l'humanité est comme un enfant curieux, qui cherche toujours à en savoir plus, et parfois... à être puni.
Il y a très peu de chances que nous retrouvions une planète comme la nôtre. Je me demanda si la mission qui nous a été confiée pouvait tourner en mission suicide... Non.
Quelle idée stupide.

Un son retenti. Un hologramme s'afficha devant moi.
- Niveau d'énergie à 62%.
- Ok, Sade, coupe l'alarme.
Les cinq heures étaient écoulées. Tout se renversa, pour qu'enfin le Monès soit placé correctement.
- Je prépare notre alignement, commandant, annonça Ava.
- Ok, on est bien sur 55, 7 ?
Après un temps de vérification, c'est James qui me répondit ;
- Oui, enfin un peu plus, avec notre trajectoire.
- Combien ?
- 57 Mégamètres, tout rond. Ça épuisera un demi-seizième.
- On est bon. J'en informe l'équipage tout de suite.
- Vous voulez faire une réunion ?
- Non, c'est inutile. Par contre il sera nécessaire de faire une transmission vidéo vers l'IMPA, histoire de les informer de notre départ.
Dans un hochement de tête collectif, mes co-équipiers me laissèrent commencer le message.

- Bonjour la Terre, ici le commandant Saul Watkins de l'U-216 DB20 Mones. Nous nous apprêtons actuellement à quitter l'orbite terrestre afin de rejoindre celle de la planète Mars. La durée du voyage serait de... 4 heures et demie. Nous allons ainsi faire escale chez nos équipes martiennes Mimalt, puis nous serons prêts à se tourner vers des horizons, restés encore inexplorés. Fin de transmission, Saul Watkins.