Je le guide à travers les rochers jusqu'à apercevoir l'une des maisons abandonnées, la plus diffiile d'accès de toutes.
"Cette maison est la mienne... Ou plutôt, celle de mes parents... Je n'y suis pas allée depuis très longtemps mais je pense que j'ai toujours la clé sur mon trousseau..."
Après une demi heure de marche, la nuit est quasiment tombée et nous arrivons enfin. Je sors le trousseau de clé, et, soulagement, j'ai la bonne!
Marco est épuisé, sa plaie s'est rouverte et il a très mal, même s'il refuse de l'admettre.
On rentre et je referme immédiatement derrière nous, pour être sûre de ne pas oublier et d'être en sécurité.
Nous faisons le tour de la maison pour rallumer l'eau et le chauffage, car, bien que cette maison soit censée être abandonnée, maman a toujours insisté pour qu'on l'entretienne régulièrement et la fasse équiper de manière confortable, et je l'en béni à cet instant.
On finit par se poser dans le salon, sur l'un des confortables canapés, et je décide de soigner sa blessure.
J'attrappe donc le kit de secours que j'ai apporté, et commence par le désinfecter à l'alcool avant de regarder si je peux localiser la balle.
Après un long examen, je peux affirmer que la balle n'est plus dans la blessure, même si cette dernière reste bien ouverte et profonde, et gonflée. Je me dois donc de le recoudre.
Je n'ai rien pour l'anésthésier... Il n'a plus l'air très partant d'un coup! Je lui donne un coussin pour mordre dedans s'il a trop mal, et me lance. On m'a appris à coudre des tissus, mais de l'humain, jamais!
Je dois le faire correctement pour favoriser la cicatrisation, aussi l'opération prend un quart d'heure, mais j'ai l'impression que c'est bien plus que ça, et lui aussi. Il n'en peux plus, il pleure comme un petit enfant, il hurle de douleur, il souffre tellement...
En le regardant, je me rends compte de ce petit quelque chose qui m'a plu chez lui... C'est l'un de ces garçons qui, sous des airs de gros durs, sont très fragiles, très tendres...
Je sais qu'il a mal, donc je tente le Doliprane pour le soulager, et on dirait que ça marche... Il continue tout de même de pleurer, et ne se clame complètement qu'au moment où l'on passe à table. Pendant qu'il n'était pas bien, j'ai fini par le laisser seul, puisque je sais qu'un garçon n'aime pas montrer sa faiblesse et préfère pleurer seul plutôt qu'être soutenu, donc je suis allée préparer le dîner.
Il tente de m'aider comme il peut à mettre le couvert, mais je lui demande d'arrêter de mobiliser son bras, aussi il finit par s'asseoir et me regarder faire.
Nous dégustons tranquillement nos pates à la carbonara, en silence, puis je finis par romper le silence.
"Pourquoi as-tu reçu cette lettre?
-J'en sais rien...
-Tu as bien dû faire quelque chose pourtant, non? Pourquoi cette personne te veut autant de mal?
-Quand j'étais plus jeune, j'avais une amie, Flore, se lance-t-il, elle était la personne qui était toujours là pour moi, on était vraiment... inséparables. Un jour, on est partis se balader sur la plage, comme d'habitude... Et... Bah... On s'aimait plus que bien, et on a décidé d'aller plus loin... Elle est tombée enceinte, et ses parents ne voulaient plus d'elle. Ils me tenaient comme responsible de la situation, et peut-être qu'ils avaient raison, je ne sais plus. Elle est restée vivre chez nous, ce qui a rendu son père encore plus furieux. Depuis je n'ai plus de nouvelles de Flore, et comme son père avait promis qu'il se vengerait sur moi et ma famille quand je serai majeur... Seulement, papa est mort dans un accident de travail peut de temps après, et maman n'a jamais eu d'emploi stable, alors on survit comme on peut... Aujourd'hui j'ai eu 18 ans, et comme par hasard j'ai reçu la letter ce matin...
-Donc tu penses que c'est le père de Flore qui te menace?
-Pas forcément... Maman est tombée enceinte, mais impossible de savoir de qui... Je sais qu'elle n'aurait pas trahi papa, et pourtant... Mickaël est là... Je veux savoir qui est le salaud qui a utilisé ma mère sans assumer les consequences, et donc je peux être une menace pour lui s'il est riche par exemple... Cette affaire pourrait compromettre sa réputation..."
D'un coup, il se tait. Je prends conscience de la confiance dont il fait preuve... Il s'est battu toute sa vie pour sa famille, sans jamais se dévoiler à personne, et c'est auprès de moi qu'il décide de le faire... Moi, une fille banale, au cours d'un dîner encore plus banal...
Marco craque, il pleure, de soulagement d'avoir pu parler de son histoire, de ses problèmes... Ses épaules se décontractent... Il faut que je change de sujet, que je le rassure et que je lui change les idées.
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Perdue dans la ville...
ActionCollaboration avec ma Piou d'amour! Dans un monde aux inégalités frappantes, Vita veut faire la difference, ne pas être seulement une classe sociale. Elle va rencontrer un jeune garcon, si different d'elle qu'il va la fuir. Le retrouvera-t-elle?