Chapitre 10 : A la recherche de la vérité

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   Mathilde restait tellement pleine de mystère que ça me faisait presque peur... A chaque mot que je lisais, je ressentais un frisson me traverser le corps. Et si ce n'était que ça ! En plus il y a... Comme une décharge électrique. Un courant qui part de mon cerveau et passe dans mes bras, mes mains, mes jambes et dans mon ventre... Je veux la connaître. Je veux la voire ! Je ne suis pas encore à la moitié du journal... Nous sommes actuellement en novembre 2017. Ce serait un mensonge de vous dire que je me souviens du jour exact. Tout ce dont je me souviens c'est qu'il faisait froid, que nous étions en fin d'année 2017 et que les vacances d'octobre étaient passées. Il me semble ? A vrai dire cette époque est un peu loin maintenant, alors soyez indulgents !
    Et dans son journal, la date inscrite était : 19/08/17. Je me rapprochais doucement de la fin. Mais il y avait encore des pages après cela. Beaucoup. Elle ne doit pas l'avoir finit.. Hala ! Et moi qui lui pique comme ça...

   Je continuai de lire ces pages qu'elles avaient noircit de son encre. Son écriture était la plus belle que j'avais pus voir parmi toutes ! On sentait que c'était l'écriture d'une femme. Mais sa police avait beau être sans reproches, ses mots restaient tristes, horribles à lire et très sombre. Plusieurs fois durant ma lecture, je dus m'essuyer les joues d'un mouvement rapide du poignet pour rattraper une larme qui s'était échappé. Si ça avait été quelqu'un d'autre, aurais-je réagi de la même façon ? Si...personnellement ?
   Je ne pourrais pas résumer tout ce qu'elle a connu en un chapitre, seule elle pourrait le faire. Et je l'admirais pour avoir supporter sa vie jusqu'à aujourd'hui. 
   Et alors que je lisais, lisais, lisais encore et encore ces mots si forts et remplis d'émotions, quelque chose m'interpella. Il y a un problème ! Une page...Des mots... Une date ? Je lui avais bien pris son journal le 14 octobre ?? 
"C-C'est une erreur...Qu'est-ce qui cloche avec ce journal...?
-To..Tony ?"
Ah. Je l'avais dit à voix haute.
 Que... Que faire ? Je ressens la même boule au ventre que quand un adolescent se fait griller, dans sa chambre, en train de se donner un petit peu de plaisir. Ici je suis cet adolescent, et ma mère c'est Alice. Espérons qu'elle n'est pas compris de quoi je parlais...Qu'elle ne devine pas que, ce que je tiens entre mes doigts si froids, est un journal intime.
 Je ne sens plus mon cœur...  Je peux sentir la chaleur me monter aux joues tandis que de petites gouttes de sueur froides ruissellent le long de mon front. Je détourne le regard et commence à ranger l'objet du démon que je détenais entre mes petites mains.
"T-Tony c'est... un journal ? Le tien ??
-N-NON JE !? C'est juste...MAIS Je..."
   Je n'avais pas eu le temps de le cacher dans mon tiroir, sous une tonne de feuilles blanches de secours. Alors, par réflexe lorsqu'Alice me fit une remarque, je le ramenai contre mon torse et le serrai très fort. Je bégayais. Transpirais. Cherchais une réponse, un repère. J'étais perdu. Je n'avais pas imaginé un seul instant que quelqu'un d'autre que moi devrait partager son secret. Que devais-je faire ? Lui mentir ? A moitié ? Complètement ? Être sincère ? Tout avouer et prendre le risque qu'elle me prenne pour un idiot ? 
  Connaissant Alice, elle verrait tout de suite si je mens. Je pense pouvoir lui faire confiance... Oui. C'était même sûr. Alice ne me rabaissera et ne m'insultera jamais. Et, à vrai dire, garder ça pour moi devient... compliqué. Autant pour les autres qui endurent mon sale caractère que pour moi et mon cœur. 

"Oui, Alice. C'est le journal d'une jeune fille."

Et je commençai à lui raconter. Comment j'avais "rencontré" Mathilde. La sensation que j'ai ressenti à l'entente de sa voix, lorsqu'elle m'a touché, lorsque je l'ai lue. Tous ses problèmes, ses contraintes et ses hontes... Je voulais tant qu'elle comprenne, qu'elle sache ! Mais aussi, si possible, qu'elle m'explique. Pourquoi est-ce que je ne fais que penser à Mathilde ? Vouloir absolument l'aider ? La voire ! Coûte que coûte ! Pourquoi mes émotions se mélangeaient-elles ?
  Elle m'écoutait, silencieusement. Elle ne semblait pas en colère, ni frustrée. Elle était concentrée sur ce que je lui racontais. Elle était tellement douée pour me mettre à l'aise.
"...Voilà, Alice. Tu sais tout. Désolé de te déranger avec ça dès ton réveil !"
   Elle ne semblait pas exaspérée, ni fière, encore moins heureuse mais pas non plus furieuse...? Je n'arrivais pas à percer ce qu'elle ressentait réellement. Puis, toujours en me regardant comme si j'étais idiot (chose que je redoutais...), elle leva un sourcil et me dit comme si c'était évident :
"N'es-tu pas...tout simplement amoureux de cette Mathilde ?"
Badum...Mon cœur... Il battait si fort dans ma poitrine. Ce dernier vivait au jour le jour. Il s'arrêtait soudainement et se remettait à battre lorsqu'il en avait envie...Je n'y comprenais rien. Je ne contrôlais rien ! 
  De qui parlait-on....? Moi ? Avec...Mathilde ? C'est pour cela que je voulais la voire, l'aider ? Est-ce que je suis... Oui...ça paraît tellement évident maintenant que j'y repense... Toutes ces réactions, ces sentiments nouveaux que j'ai pus ressentir... Alors je suis vraiment...
"O-Oui...C'est...c'est probablement vrai..."
Accoudé sur mon bureau en bois, le journal entre mes mains blanches, les joues écarlates et la tête basse. C'était donc...si facile à dire ? A avouer ? Je me sentais honteux, gêné...mais également soulagé ! Comme si je m'étais allégé d'un poids que je traînais depuis trop longtemps. J'avais la bouche entre-ouverte, les yeux écarquillés comme si je redécouvrais une vérité que je m'efforçais de dissimuler depuis un certain temps.
   Alice ne disait rien. Elle était assise sur mon lit, la tête baissée et regardait ses mains moites posées sur ses cuisses. 
   Sans lever le regard vers moi, elle me demanda avec un léger sourire d'incompréhension :
"Et tu ne l'as jamais rencontrée ?
-Pas une seule fois, rigolai-je.
-Tu ne sais pas à quoi elle ressemble ?
-Tu as bien compris, plaisantai-je.
-Tu ne lui as absolument jamais parlé ??
-Malheureusement...
-Et pourtant...tu l'aimes ?

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