Chapitre 17

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Une heure avait passé et toujours aucun signe de lui. Morgane se mit à arpenter la grange et essaya de regarder dehors par une fente dans le bois.

Elle le vit enfin. Il était assis sur le perron de la maison et regardait son cellulaire. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Elle l'appelait depuis tout à l'heure et il ne bronchait pas.

-         Jasper ! Hurla-t-elle. Qu'est-ce que tu fous ? Je t'attends depuis tantôt. Amène tes fesses ici tout de suite. Ce n'est plus drôle.

Il leva la tête mais ne répondit rien.

-         Je sais que tu m'entends. Je te vois alors arrête de faire le con et sors-moi d'ici.

Il se leva enfin et s'approcha de la grange.

-         C'est le loquet, cria-t-elle. Tu peux l'ouvrir de l'extérieur.

Il ne dit toujours rien.

-         Ma patience a des limites, continua-t-elle. C'est quoi ton problème ?

-         Tu n'as toujours pas deviné ? Demanda-t-il.

-         Mais de quoi tu parles ?

-         Le coup de vent, ce n'était pas vrai. J'ai fait exprès pour t'enfermer dans cette grange.

-         Et pourquoi aurais-tu fait ça ?

-         Car tu es dangereuse, Morgane.

-         Quoi ? Tu es cinglé ! Ouvre-moi immédiatement, Jasper.

-         Désolé. J'ai des choses à régler. Je reviendrai t'expliquer tout ça plus tard.

Morgane l'entendit s'éloigner, la laissant seule dans cette grange obscure.

Elle avait de plus en plus peur. Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle s'était faite piégée, elle commença à pleurer. Elle avait fait confiance à ce gars et voilà ce qui lui était arrivée. Elle aurait dû écouter Geneviève.

Après quelques heures à appeler au secours, elle se calma et observa autour d'elle. Elle était tellement furieuse qu'elle jeta tout le matériel de pêche par terre. Dire qu'elle avait été attirée par lui... Elle le détestait maintenant. Elle trouverait un moyen de s'enfuir, elle se le jura.

Seulement un peu de paille recouvrait le sol. Il n'y avait pas de faille ni d'ouverture. Pourtant, en levant la tête, elle aperçut une grande poutre. Il y avait un trou entre le mur et le plafond. Si elle parvenait à grimper jusque là-haut, elle pourrait sauter dehors. 

Il y avait une vieille stalle au fond de la grange. Morgane monta sur la porte et, en se donnant une poussée, elle parvint à se hisser sur la poutre au-dessus d'elle. Elle regarda en bas. Si elle sautait, elle se briserait quelque chose, c'est certain. Et si elle se brisait quelque chose, elle ne parviendrait pas à retourner au camp.

-         N'y pense même pas, dit alors Jasper, qui se trouvait à quelques centimètres d'elle.

Morgane sursauta et faillit tomber en bas. Il la retint par le bras pour ne pas qu'elle se casse le cou. Comment était-il entré sans qu'elle ne s'en rende compte ?

-         Ne me touche pas, l'avertit-elle.

-         Excuse-moi. Je ne voulais pas te faire peur.

-         Je n'ai pas peur de toi. Tu me dégoûtes.

-         Je ne te dégoûtais pas au camp. Je connais les émotions que tu as pour moi.

-         Ça, c'était avant que tu m'enfermes ici.

-         Écoute, Morgane. Je vais tout t'expliquer, mais descend ou tu risques de te blesser. Donne-moi ta main, je vais t'aider.

En guise de réponse, l'adolescente lui jeta un regard noir et croisa ses bras, ce qui fit soupirer Jasper.

-         D'accord, restons ici, finit-il par dire. Je sais que tu penses que je suis fou à lier et c'est compréhensible. Seulement, tu n'as eu aucune formation et des cas comme l'autre soir autour du feu pourraient se reproduire, ce qui serait dangereux.

-         Mais de quoi tu parles ? s'écria Morgane.

-         Tu es une enchanteresse.

Le silence se fit. Puis, la jeune fille éclata de rire.

-         Je suis très sérieux, ajouta Jasper. Tu ne t'es pas demandé pourquoi tout le monde s'était endormi lorsque tu as dansé autour du feu de camp, l'autre soir ?

-         Sans doute parce qu'ils étaient fatigués !

-         Tous ? Sérieusement, Morgane... c'est parce que tu les as ensorcelés.

-         Vas te faire soigner, Jasper ! Tu as vraiment besoin d'aide.

-         C'est toi qui en a besoin, ma chère. Et mes parents et moi allons t'aider.

-         Je n'ai pas besoin de votre aide, hurla Morgane. Je veux rentrer chez moi.

-         Malheureusement, c'est impossible. Tu devras rester ici un moment.

-         Jamais ! Laisse-moi partir ou je vais...je vais te crever les yeux.

C'était la seule menace qui lui était venue à l'esprit.

Jasper lui offrit son habituel petit sourire insolent. Puis, il sauta en bas de la poutre avec une étonnante habileté.

-         Je vais te laisser te calmer, dit-il en se dirigeant vers la porte. À plus tard.

Sur ce, il ferma la porte derrière lui, qu'il prit soin de verrouiller.

Morgane se sentait trahie. Comment pouvait-on enfermer quelqu'un dans cet endroit et lui faire croire ce tas de conneries ? Elle, une enchanteresse ? Pourquoi pas une sorcière, tant qu'à y être ? De cette façon, elle aurait pu aller à Poudlard !

Et puis, qu'est-ce que c'était, une enchanteresse ? Probablement un terme inventé de toute pièce. Ce gars était sans doute schizophrène. Il s'était imaginé qu'elle était dangereuse alors qu'en réalité, c'était lui qui l'était.

La pêche aux sortilègesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant