Chapitre 41

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Morgane était allongée sur le fauteuil du petit séjour et contemplait le lac. Sa journée avec Jasper avait été merveilleuse, pour la toute première fois depuis qu'elle était arrivée chez lui. Si ce n'avait pas été de la disparition de Viviana et son époux, cela aurait pu être parfait.

Or, puisque Jasper était mélancolique par cette perte, il était resté plutôt raisonnable et, après leurs baisers, ils étaient retournés à la maison. Lila n'était pas sortie de sa chambre et le jeune homme avait dû s'en occuper. Il l'avait convaincue à lui ouvrir la porte et lui avait apporté son dîner. Depuis, Morgane ne l'avait pas revu de la soirée. Les autres étaient chacun dans leurs chambres, n'ayant pas la tête à faire des activités. Seule Morgane déambulait dans l'immense demeure dans le but de se changer les idées, en vain.

Elle décida alors de pratiquer son don de faire voyager son esprit et quel meilleur endroit que celui où les parents de Jasper avaient disparus ! Elle pourrait ainsi éclaircir cet attentat !

Morgane s'installa confortablement et ferma les yeux afin de se concentrer sur Viviana et Guimond. Elle se remémora leur visage et canalisa son énergie afin que son esprit quitte son corps. Pendant un moment, elle resta dans l'obscurité, puis ce fut comme si les lumières s'allumaient. Elle cligna des yeux, puis détailla l'endroit où elle se trouvait. La pièce était sombre, sans fenêtre, mais elle discerna tout de même du mouvement dans le coin. Elle remarqua d'abord des silhouettes, puis deux chaises, et enfin deux corps immobilisées sur les chaises.

Elle écarquilla les yeux d'horreur lorsqu'elle reconnut les deux personnes, qui étaient dans un état épouvantable. Viviana était à-moitié déshabillée tandis que Guimond saignait de la tête au pied. Il paraissait dans un état critique.

Devant eux, se tenaient deux hommes en costard. L'un deux paraissait avoir la petite trentaine, tandis que l'autre, la soixantaine. C'est le plus vieux des deux qui prit la parole.

-         Vous allez parler, siffla-t-il. Soit vous me dites où elle se trouve, soit j'arrache les membres de ta femmes un par un devant tes yeux.

Morgane eut tout d'un coup l'envie de vomir.

-         Va te faire foutre, cracha Guimond, la bouche en sang.

Le plus vieux, qui portait les cheveux courts et la barbe parfaitement taillée parsemée de quelques poils gris, se tourna vers l'autre.

-         Je crois qu'ils n'ont toujours pas saisis, dit-il sur le ton de la conversation. Dis à Louis d'aller me chercher la bassine d'eau.

-         Mais, Monsieur...

-         Qu'est-ce que tu n'as pas compris ? éclata l'homme.

-         Il est inutile de les faire souffrir plus. Albert a...

-         Je sais, le coupa-t-il. Mais je veux vérifier leur tolérance. De toute façon, ma petite-fille sera ici dans très peu de temps, crois-moi...

-         Oui, Monsieur.

Morgane comprit très vite de qui ils parlaient et son pouls s'accéléra. Elle savait qu'ils ne la voyaient pas, mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur. Elle recula prudemment et fit demi-tour. Elle voulait sortir de la salle de torture et, en un clignement d'yeux, se retrouva à l'extérieur.

-         Pratique ! pensa-t-elle. Dommage que ça ne fonctionne pas ainsi dans la vraie vie !

Des escaliers se trouvaient devant elle et elle s'empressa de les monter pour enfin parvenir dans une vaste cuisine. Personne ne s'y trouvait, alors elle examina les lieux afin de trouver un indice sur cet endroit. Ce n'est qu'en regardant par la fenêtre qu'elle put entrevoir le paysage. Une rue. Des arbres. Des voitures. Rien de spécial.

La pêche aux sortilègesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant