CHAPITRE II

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-Bonjour Monsieur l'agent , je m'appelle Alexandra Delacroix , je suis la grande sœur de Mathilde.

-Bonjour Mademoiselle , une vraie terreur votre petite sœur !

-Oui je sais. , dis-je en souriant. , Qu'est ce qu'elle a encore fait ?

-Elle a agressé un SDF.

-Quoi ? , m'exclamai-je en écarquillant les yeux.

Raphaël pouffa dans mon dos. Pour toute réponse , je lui enfonçai mon talon dans les orteils. Il étouffa une injure.

-Oui , d'après elle , elle faisait la manche et le SDF voisin lui a volé ce qu'elle avait récolté comme pièce , alors elle s'est jetée sur lui. , m'expliqua le policier.

Je levai les yeux au ciel. Elle m'exaspérait.

-Je peux la voir ?

-Bien sur.

Je suivis le policier à travers le commissariat. Mathilde était assise sur une chaise dans la salle d'attente : elle animait une bagarre entre un crayon à papier et une page déchirée de magazine.

-Alex ! , s'écria-t-elle lorsqu'elle me vit.

Elle me sauta dans les bras. Je l'attrapai en vol et la hissai sur mes épaules. Je la sentis jouer avec mes cheveux.

Le policier souris :

-Quand on lui a demandé qui était sa maman , elle n'a pas voulu nous dire qui elle était : elle savait qu'elle allait se faire gronder. À la place elle nous a dit qu'il fallait prévenir sa sœur , qu'elle au moins ne la gronderait pas.

-Oh mais si je vais la gronder ! T'as garder l'argent au moins ? , demandai-je à Mathilde.

-Bah ouais , tu crois quoi. , répondit-elle en tapotant sa poche , faisant cliqueter les pièce de monnaie.

Je me tournai vers le policier :

-On peut s'en aller ou il faut que je signe un papier ou quelque chose ?

-Vous n'avez qu'à signer une décharge et vous pouvez y aller. Mais sachez que je suis indulgent cette fois-ci à cause de votre condition sociale et de l'âge de la fillette.

Quel con. « Notre condition sociale » , mais pour qui il se prend ? Si Mathilde faisait la manche c'est uniquement parce qu'elle ne pouvait pas travailler comme nous. Chez les Delacroix-Verbeek , chacun contribuaient à ramener de l'argent , c'est comme ça qu'on nous avait éduqué : on est une famille , on se sert les coudes. Alors , oui , on habitait dans les quartiers sud mais on était très heureux comme ça.

Evidemment , je ne lui répondis pas cela mais plutôt :

-Oui , merci beaucoup. Cela ne se reproduira pas.

Il m'adressa un sourire plein de compassion et on s'en alla après avoir signé la décharge.

-« La fillette » , c'est lui la fillette. , cracha Mathilde une fois à l'extérieur.

Je rigolai.

-Raphaël ! , s'exclama Mathilde lorsqu'elle le vit.

Elle descendit de mes épaules et alla sauter dans ses bras.

-Alors comme ça on agresse les SDF ? , rigola-t-il.

-J'défend mon argent moi ! , répondit-elle en faisant mine de montrer ses biceps.

-Bon aller , on y va. Maman veut que je te ramène à la boutique. , annonçai-je.

-Oh non ! S'il te plait Alex ! Tu sais que Maman va m'obliger à me déguiser en Little Liberty !

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