II

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( non corrigé ) 

 La nuit a été courte, malgré la drogue que j'ai fumé avant d'aller me coucher hier, je ne dors pas beaucoup. Aujourd'hui est le jour de mon dix huitième anniversaire et je me retrouve seul, pour ne pas changer. Mes parents sont au travail et je suis fils unique, sans grand frère ou grande sœur pour m'envoyer un petit message d'amour. Je n'ai jamais connu cela, je n'ai que mes deux parents qui me souhaitent mon anniversaire chaque année. N'ayant pas une grande famille et la détestant, je n'ai de leurs nouvelles que le jour de l'an. Je me lève avec difficulté, ma tête me fais souffrir, alors je rejoins la salle de bain pour avaler un cachet. J'en profite pour prendre une douche. Je laisse couler l'eau brûlante sur mon corps mince, j'observe les gouttes qui dégoulinent le long de mon torse et sur mes bras illustrés de cicatrices. J'ai décidé de ne pas aller en cours aujourd'hui, vu que c'est le dernier jour de ma vie, autant essayé de le vivre le mieux possible. Après m'être habillé simplement et séché mes cheveux brun de jais, je décide de boire un chocolat chaud accompagné d'une cigarette. Sur le balcon de notre appartement, j'observe les nuages avancés lentement dans le ciel bleu.

En fin de matinée, la seule personne que j'arrive un peu à apprécier, John vient me rendre visite, nous fumons et buvons ensemble toujours sur mon balcon. On parle de tout et de rien, John n'est pas au courant que c'est mon anniversaire, seul mes parents le sont. John commence à parler de son travail de tatoueur et perceur, il me raconte quels piercings il à fait cette semaine et quelques anecdotes sur son travail. Je fais semblant de rire à ses blagues, tout comme je fais semblant d'aller bien, je crois que au fil des années, j'ai obtenu un talent de jeu d'acteur. John sait que j'ai des problèmes, il à déjà aperçu mes bras mais je ne lui ai jamais caché. Je lui ai juste demandé de ne pas qu'on parle de cela, qu'il fasse comme si j'étais « normal ».

– Tu veux qu'on sorte ce soir ? Il y a un nouveau bar gay qui a ouvert cette semaine à Londres.

Je n'ai rien à perdre et rien à faire ce soir donc j'accepte de suite.

– Cool, je viens te chercher à vingt trois heures. Lâche John en finissant sa cigarette.

J'acquiesce, ensuite le raccompagne jusqu'à la porte et le regarde partir, je me retrouve seul avec mes idées noires. Je pense à la façon de me tuer, j'hésite entre plusieurs manières, médicaments ? Pendaison ? Ou je coupe mes veines ? Je ne sais pas, je verrais ce soir en rentrant de la soirée avec John.

Je décide de ne rien manger, mon estomac est noué. Je me prépare rapidement pour ce soir, je met un slim noir et une chemise de la même couleur. A vingt deux heurs trente, mes parents ne sont toujours pas rentrés de l'hôpital où ils travaillent, je ne les reverrai sûrement pas une dernière fois avant de mourir. John est à l'heure, je le rejoins dans sa voiture et nous partons au bar.

Arrivé au lieu-dit, je commence à boire et à fumer, beaucoup, trop même. Tout le monde danse autour de moi et rigole, cris, chante. Le bruit assourdissant de la musique électro m'est insupportable. J'essaie de trouver John dans la foule mais en vain, je me fais un chemin à travers tout ce monde qui sent la transpiration. Je suis enfin dehors sur le trottoir, le vent glacé qui règne sur Londres me fait un bien fou. Je sors une cigarette et commence à la fumer tout en regardant les véhicules passer près de moi. Je pourrais me jeter sous une voiture ; je pense à ça quelques secondes, mais non ce serait aussi dangereux pour le ou la conductrice et les gens autour. Je ne veux pas tuer d'autres gens en me tuant. Soudain, je me fait accoster par un bel homme aux bras entièrement tatoué. Je le trouve très attirant, il possède un regard doux et protecteur. Il me sourit quand je réponds à ses questions, même si je dois être ridicule à ce moment même sous l'influence de l'alcool. J'ai la vue trouble mais je ne peux détourner le regard de ses beaux yeux vert émeraude. J'apprends qu'il s'appelle Alex et qu'il est tatoueur, comme John.

– Tu veux venir chez moi ? Me demande-t-il l'air gêné.

Je ris bêtement avant de refuser.

– Je peux avoir ton numéro au moins ? Continue-t-il.

J'accepte car cela ne m'engage à rien, il n'aura juste jamais de nouvelles de moi car dans quelques heures, je serai mort. Je retourne à l'intérieur du bar suivi d'Alex qui me tient la main. Tout va trop vite mais l'alcool me rend beaucoup plus sociable et puis je m'en fous de tout ce soir, c'est ma dernière soirée sur Terre.

Alex et moi dansons corps contre corps, je sens ses lèvres se déposer sur mon cou, cela me procure des frissons et mon ventre est soudainement brûlant. Tout cela est agréable et je me laisse emporté par la musique. Je mets mes bras autour de son cou et il a enfin le courage de m'embrasser. Ses lèvres sont douces et chaudes, et son haleine qui sent la vodka n'est pas dérangeante. Nous continuons de danser encore une heure, ou plus peut-être, je ne m'en souviens plus.

Bien que Alex insiste pour que je l'accompagne passer la nuit chez lui, je refuse catégoriquement et lui donne un dernier baiser. C'est peut être égoïste de ma part de faire ça avec un garçon juste avant de me suicider, il n'aura pas de nouvelles de moi, mais je doute que je ne lui manque, demain, il ne se souviendra même plus de cette soirée, il est aussi bourré que moi.

N'ayant toujours pas retrouvé John, je rentre chez moi à pied, une heure de marche qui me permet de me vider la tête, j'ai froid alors je me dépêche et commence à courir. J'arrive enfin chez moi, ma mère est dans la cuisine en train de manger je ne sais quoi, il est bientôt cinq heures du matin.

– Où étais-tu ? Me demande-t-elle sèchement.

Je sais qu'elle est fatiguée et stressée par son boulot mais je ne supporte plus le comportement qu'elle a à mon égard. Je ne réponds pas et marche en direction de ma chambre, ma mère me rattrape.

– Réponds moi quand je te pose une question!

Je sens mes traits se crispés, elle ne m'a même pas souhaiter mon anniversaire, au lieu de ça, elle va me faire la morale.

– T'es vraiment une mère nulle à chier, tu le sais ça ? Dis-je d'un ton neutre, je ne dois pas montrer que je suis énervé.

Elle lâche un petit cri de stupéfaction.

– Je ne te permet pas de me manquer de respect de la sorte ! S'offusque-t-elle.

Elle ne va vraiment pas me le souhaiter...

– Tu n'as pas oublié quelque chose aujourd'hui ?

Elle ne réagit pas, je rétorque alors :

– C'était mon anniversaire putain ! Même ça tu as oubliée, tu ne remarques rien, comment est-ce possible d'être aussi conne ?!

Je hausse le ton sans le vouloir, elle est là devant moi, la bouche grande ouverte. Elle essaie de s'excuser mais c'est déjà trop tard. Je n'arrive pas à rester dans la même pièce qu'elle et je pars m'enfermer dans ma chambre. Elle me supplie de lui ouvrir, que l'on discute tous les deux. Mais la seul réponse que je lui donne est le silence. Après plusieurs longues minutes, elle s'en va et je me retrouve enfin dans le calme. Je fume plusieurs joints devant ma fenêtre ouverte. Je pourrai sauter d'ici, l'appartement se trouve au cinquième étage, mais non je veux mourir plus proprement, pas que mon corps s'écrase et se disperse sur le trottoir en plusieurs morceaux. Je bois rapidement la bouteille de vodka que j'ai caché dans mon placard il y a de cela plusieurs semaines, pour anticiper si je suis en manque d'alcool. Je pleure sans m'en rendre compte, j'ai une haine profonde envers ma mère qui n'a jamais remarqué mon mal être, le malheur qu'est mon quotidien, elle n'est obsédée que par son boulot. Je titube dans ma chambre à la recherche de mon couteau pour me couper les veines et mettre enfin fin à ce cauchemar. Mais je ne vois presque rien dans l'obscurité de la pièce, de plus, mes yeux me brûlent et sont remplis de larmes. Je tombe sur mon lit et n'arrive pas à me relever. Et sans m'en rendre compte, je m'endors, toujours en vie...

Him.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant