La Nuit pour l'Aurore

V

Fermant les yeux rapidement, elle les rouvre et part en courant dans sa chambre s'habiller. Il lui est impossible de rester là à ne rien faire. La seule chose qu'elle va réussir, c'est s'inquiéter davantage sur quelque chose qui n'est même pas sûr.

Un jean boy-friend déchiré, un débardeur bleu marine près du corps puis sa veste en cuir noir sur elle, Kathya se rend devant sa porte d'entré pour enfiler ses boots noirs usés, son écharpe rouge, et enfin prendre son sac avant de s'enfuir de son appartement.

Marchant jusqu'à son arrêt, elle pénètre dans le véhicule juste avant que les portes ne se ferment, avec l'idée en tête d'aller dans le café de la ville voisine. Le trajet lui paru long, et c'est presque en courant qu'elle arrive devant la devanture. Sans plus attendre, et légèrement rassuré, la jeune femme pénètre dans le café à l'ambiance "Angleterre romantique", et se dirige vers le piano droit dans le fond près de la fenêtre donnant sur la cours intérieur, ouvert au clients l'été.

Jetant sa veste et son sac sur une chaise non-loin, Kathya prend place devant le clavier et retrouve enfin un semblant de calme. Prenant une bonne inspiration, elle pose ses mains sur les touches blanches et noires qui se lancent alors dans un magnifique balais de sons harmonieux. Quand une situation stressante entre dans sa vie, Kathya vient se ressourcer derrière un piano, le piano de ce jolie café à une demi-heure de route de chez elle. La propriétaire ne va pas s'en plaindre, pour la simple et bonne raison qu'elle a, de temps à autre, un pianiste gratuit.

Une fois son cœur calme, et parce qu'elle sentait un regard insistant dans son dos, Kathya termine son morceau et décide de prendre une pause ici. Elle se retourne alors, sous les applaudissements des clients ravis, vers la propriétaire. Une jeune femme du nom de Maïlis, grande, aux cheveux et aux yeux chocolats, avec un sourire ravissant et un visage élégant, marié depuis maintenant cinq ans avec Henri Wave et vivant un jolie petit conte de fée. C'est peut être une des raisons qui fait que cet endroit respire autant le calme et la joie de vivre.

-Alors, que me vaut cette mélodieuse visite?

-Un problème.

-Je m'en doute Kathy', mais peut être vaux mieux en parler plutôt que plonger dans le mutisme, certes de grande beauté, mais mutisme quand même.

-Je...Je ne préfère pas Maïlis.

-Je vois. Ne t'inquiète pas je ne vais pas t'obliger, mais quand tout ça se sera calmé, revient me voir.

Son amie lui tend une tasse d'un bon vieux chocolat chaud comme on en fait plus. Il est vrai que Kathya se sent coupable de pas parler de poids qui pèse sur ses épaules, mais elle ne peut faire autrement. L'hôpital psychiatrique n'est pas son but.

Prenant la tasse, la jeune pianiste lui fait un beau sourire en le lui promettant, allant même à lui dire qu'elle passerait la voir la semaine prochaine probablement. Maïlis se réjouit déjà et commence à préparer mentalement ce qu'elle compte faire pour le diner du week-end prochain tout en retournant derrière sa caisse.

Kathya rigole dans sa barbe, prise de court par cet enthousiasme mirobolant, avant de prendre un gorgé de ce nectar sucré. Le liquide vient la réchauffer de l'intérieur, et lui permet de souffler un bon coup. Posant ses yeux sur sa montre, elle se rend compte du temps passer à jouer, c'est à dire cinq heures sans s'arrêter. Elle se choque elle-même. Et en voyant qu'elle a sauter le déjeuné, son ventre se met à crier famine, comme si il avait sagement attendu qu'elle arrête, et qu'il ne peut tenir davantage.