Chapitre 4 : résultats

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No sé por qué, pero hoy me dio por extrañarte, por echar de menos tu presencia. Alguien dijo que el olvido está lleno de memoria * Mario Benedetti

Moins d'un an plus tôt

Nataya

Deux rendez-vous mensuels, c'était tout ce qu'il nous restait ces derniers temps et ça me suffisait amplement. Je n'en voulais pas plus mais je n'en voulais pas moins non plus. J'en avais besoin. Je m'en rends compte maintenant que je suis assise dans cette salle d'attente jusqu'à ce qu'on m'appelle pour me communiquer les résultats de mon bilan de santé.

La vérité c'est qu'à priori je n'ai rien à craindre. Je n'ai couché avec personne d'autre que Quentin en trois ans mais à ce qu'il parait il suffit d'être en contact avec une aiguille contaminée et... Je me souviens d'un article qui parlait d'une fille banale, qui n'avait rien fait de fou dans la vie à part aller au cinéma, s'asseoir à la mauvaise place les fesses sur une seringue et devenir du jour au lendemain séropositive....

Bordel j'espère que je ne suis pas séropositive ! Je mets momentanément mon cerveau sur pause et permets à ma peur de me guider vers ce que je crois être une bonne chose : mon portable, puis mes contacts, puis le numéro de Quentin. Un temps mort se produit. Si je l'appelle en lui disant que je suis à l'hôpital et que j'ai peur des résultats ça fera de moi une petite garce égoïste qui se sert de son ex meilleur ami comme d'un déstressant temporaire.

J'en déduis donc qu'il vaut mieux que je lui envoie un sms, débile de préférence. Ce truc marchait bien entre nous. En dehors de notre rendez-vous bi-mensuel, on s'envoyait beaucoup de sms débiles, c'était un peu notre marque de fabrique car force est d'admettre que nous avions le même sens de l'humour. Repenser à ce point commun indéniable m'aide à trouver mon idée. J'active le micro de mon smartphone, regarde brièvement autour de moi et ce que je vois- c'est-à-dire deux petites vieilles en train de baver et/ ou de s'endormir sur un magazine de jardinage- me persuade que je peux faire ce que j'ai en tête sans risquer de me payer une honte monumentale.

C'est ainsi que je me retrouve à articuler un imbécile tout aussi digne du gnégnil prononcé par l'excellent PEF dans la tour montparnasse infernale.

-Mademoiselle euh Vanille ?

Serais-je maudite ?

-Oui c'est moi, bonjour me manifeste-je en souriant cordialement comme si je ne venais pas de me faire passer pour une handicapée mentale histoire de faire rire un ami qui n'en est peut-être plus un.

J'ai affaire à une doctoresse qui prend un temps fou à me dire si oui ou non j'ai ce putain de sida.

Elle me parle surtout du fait que je devrais grossir un peu et ingurgiter du fer et du magnésium car il y aurait une carence à ce niveau là.

-C'est tout demande-je ? A la fin d'une énumération qui me semble inutilement bien trop longue.

-Je crois oui, rien d'autre à signaler ne confirme-t-elle.

-Alors je n'ai pas le sida ? Insiste-je quelque peu obsédée par cette idée.

-Non mademoiselle vous n'avez pas le sida me rassure la doctoresse en m'adressant un joli sourire.

J'ai soudain l'impression de respirer à nouveau après une longue apnée et je me sens stupide aussi d'avoir paniqué pour si peu. Ce qu'il y a c'est que tout va bien dans ma vie quand tous les gens qui comptent pour moi-et qui ne sont d'ailleurs pas très nombreux- y sont. S'il manque ne serait-ce qu'une personne dans ma routine affective, je commence à stresser et c'est le cas en ce moment. Je me sens abandonnée, c'est comme s'il me manquait une partie de moi, que quelqu'un me l'avait volé. Le pire dans tout ça c'est que je sais ou cette partie se trouve mais il m'est impossible de la récupérer dignement à moins qu'elle vienne d'elle-même jusqu'à moi.

Nataya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant