Chapitre 3 : stop

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Quentin 

Un an plus tôt

  Elle est là dans mon lit et elle me regarde avec cette expression mutine qu'elle garde toujours après le sexe. J'ai allumé la console car je m'attends à ce qu'elle s'en aille comme à chaque fois qu'on se voit. Seulement cette fois-ci elle n'en fait rien. Elle remet son tee-shirt catwoman et se lève du lit pour s'emparer d'une manette.

-Qu'est-ce que tu fais ? Je demande étonné.

-ça t'embête si on joue ensemble pour une fois ? Me demande-t-elle à son tour bizarrement gênée.

C'est d'ailleurs un sentiment que je n'ai jamais vu sur son visage jusqu'à aujourd'hui. Quelque chose cloche...

Elle et moi ne nous connaissons que depuis un peu moins de trois ans maintenant. En Terminale j'ai changé de filière et de lycée. C'est comme ça que j'ai fait connaissance de cette fille pour le moins... Différente.

Je dois avouer que j'ai immédiatement été impressionné par cette désinvolture qui émanait d'elle parce qu'elle lui allait parfaitement. J'étais déjà incapable il y a trois ans de l'imaginer faire des manières et ça me semble toujours impossible aujourd'hui.

Alors pourquoi ai-je cette fichue impression qu'exceptionnellement elle essaie de prendre des pincettes avec moi ? La perplexité qui m'envahit m'empêche de jouer correctement et ça fait la troisième partie que je perds alors que, de ma vie je n'ai jamais, ô grand jamais perdu à ce foutu jeu, même pas la fois où j'avais la gastro ou lors de la partie historique que j'ai disputé avec le meilleur des gamers que je connaisse.

Vanille s'en rend bien compte puisqu'elle me balance :

-Hé Q qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu te ramollis on dirait. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Le moment est donc venu de mettre les choses au clair. Je me lève pour aller éteindre la console puis je viens m'asseoir au bord du lit à côté d'elle.

-Je crois que c'est à toi que je devrais demander ça. Lance-je de but en blanc.

-Ah ouais ? Pourtant moi ça va niquel chrome, tout roule comme sur des roulettes.

-Non, crois-moi sinon tu n'aurais pas utilisé trois expressions que je n'ai jamais entendu dans ta bouche en trois ans d'amitié et ce dans une seule et même phrase ! La contredis-je.

-Bah c'est peut-être parce que vingt-minutes de baise tous les quinze jours pendant trois ans ça ne laisse pas beaucoup de place pour les conversations et le repérage de nos tics de langage mutuels.

Bon, la Vanille que je connais vient de se réveiller mais merde elle a mangé du lion ou quoi ? Pour le coup, elle n'y va vraiment pas de main morte.

-Je ne comprends pas. Tu voudrais qu'on passe plus de temps ensemble ? Tu sais que c'est compliqué, je ne peux pas forcément rentrer toutes les semaines et j'ai du boulot cette année à la fac. Me justifie-je comme je peux. 

-Non ce n'est pas du tout ce que je veux ! S'empresse-t-elle de dire tout à coup. Enfin ce n'est pas ce que je voulais dire se rattrape-t-elle gauchement. Je t'aime bien, tu es un mec cool mais...

-Mais ? Répète-je plus qu'impatient de connaître la suite alors que quelque chose me crie que celle-ci ne va pas me plaire du tout.

-Tu te rappelles de ce que tu m'as dit tout à l'heure ? Murmure-t-elle tout à coup timidement.

Nataya Vanille n'est pas timide. C'est plus grave que ce que je pensais.

-A quoi tu fais allusion quand tu dis tout à l'heure ? Tente-je vainement de gagner du temps. 

  Je déteste cette conversation. C'est probablement la plus gênante que je n'ai jamais eu. En même temps c'est sûrement parce que je n'ai jamais été très doué pour ça. Dans ma bande d'amis je suis plutôt le boute-en-train qui détend l'atmosphère en général. Je suis le gars qui ne se prend pas la tête parce que ça arrange tout le monde, moi et tous ceux que je fréquente.

  En réalité, je me souviens très bien de ce moment où je me suis laissé emporter. En même temps pour ma défense, à ce qu'il paraît la jouissance sexuelle est un des moments où on est le plus vulnérable.

 -Bah tu sais, tu étais sur moi, tu y étais presque et tu...

-C'est bon stop la coupe-je froidement.

Je ne peux pas en entendre plus, j'ai déjà trop honte. J'étais sûr que ce jour finirait par arriver mais j'étais persuadé que ce serait elle qui craquerait. Je l'espérais...

-Quentin s'il te plait laisse-moi finir insiste-t-elle. Tu as dit... Tu as dit que j'étais belle.

Non ce n'est pas exactement ce que j'ai dit. C'était pire que ça.

-Et alors quoi ? Rétorque-je prêt à tout pour garder la face. Tu aurais préféré que je dise que tu es laide ? C'est ton truc ?

-Ce n'est pas la question. Tu sais bien que ces machins là ça me fout la trouille se défend-t-elle en me culpabilisant au passage. C'est à cause de phrases comme ça que certaines filles sont déjà mariées avec trois gosses à notre âge. Tu es gentil mais moi un mioche qui crie et qui chie dans son pantalon ce n'est pas encore dans mes projets.

-Ce n'est pas dans les miens non plus je te rassure lâche-je dans un rire nerveux. Si ça peut te rassurer je ne recommencerai plus promets-je sans pour autant prendre le risque d'affronter son regard et d'y lire ce que je dois lui inspirer à l'instant : c'est-à-dire de la pitié.

-Je n'en doute pas. Déclare-elle en faisant preuve d'un sérieux méconnaissable et effroyable. Et je pense que pour que ce soit plus facile on devrait arrêter de se voir.

Quoi ? Juste parce que j'ai mis un peu trop d'emphase dans mon « tu es tellement belle » ? Je te trouve un peu trop sévère Vanille, cruelle même mais si c'est ce que tu veux...

En disant ça, au moins, je me serais mangé dignement le râteau qu'elle vient de me mettre et ça aurait pu être un peu moins douloureux. Peut-être... Seulement dans les faits la seule chose que j'ai été capable de dire c'est :

-Ok.

  **


  Salut ! Je sais que je ne devrais pas tout publier si vite mais que voulez-vous en ce moment j'ai envie d'écrire et de partager ce qui me vient à l'esprit avec vous. Trop de générosité...

  Cela dit voilà, vous avez fait la connaissance de Quentin qui est vraiment un mec sympa. Il me fait un peu penser à Renan dans 17 ans sauf que celui-là moi je le kiffe vraiment. Je ne sais pas pourquoi (en fait si mais c'est juste que je ne veux pas vous le dire :-p). 

Nataya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant