3- Brûlure

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Je suis conne. Je suis tellement conne. Je suis là, debout comme une conne. Je suis debout dans mon bain, l'eau m'arrivant à peine en haut des chevilles. Je suis là, à ne rien faire, comme une conne. L'eau brulante déclenche un picotement dans la bas de mes jambes, ces dernières me criant de refroidir l'eau. Je les entends crier, je les entends hurler, mais je ne fais rien. Comme une conne. Je reste debout, ne voulant même pas baisser le regard, sachant pertinemment que la seule chose que je verrai est la teinte écarlate que prend mes pieds. Ça brûle. Ça brûle énormément, mais nuls membres de mon corps ne souhaitent bouger. Je suis debout, regardant le carrelage de céramique devant moi. Mais qu'est-ce que je fais? Je suis venue dans ma salle de bain pour prendre un bain, pas pour me brûler au troisième degré. La douleur qui lamente mes pieds se répand doucement vers le haut de me corps, atteignant mes cuisses, mon bassin, mon ventre, puis ma poitrine. Ça me fait mal. Ça me fait tellement mal.

Pourquoi ai-je mal jusqu'à ma poitrine, alors que l'eau bouillante est maintenant seulement en haut de mes chevilles? Pourquoi me fais-tu ça? Ne peux-tu pas me laisser prendre un bain sans que j'ai à entrer dans un état second à chaque fois que je pense a toi? Oui, oui! Tu m'as bien entendu! C'est à cause de toi que je suis comme ça. C'est à cause de toi que je suis debout dans mon bain. C'est à cause de toi que je laisse l'eau me brûler. C'est à cause de toi que je regarde sans voir ce qu'il y a devant moi. Tout ça, c'est à cause de toi. Si je n'avais pas croisé ton regard, rien de cela ne m'arriverait. Si tu n'étais pas aussi modeste, aussi timide, aussi vrai, rien de cela ne m'arriverait. Si tu n'étais pas toi, tout serait plus simple. Si tu n'étais pas là, je ne souffrirais point. Mais je ne te blâme pas. Oh non, je ne te blâme nullement. Je me blâme d'être tombée. D'être tombée devant ta beauté, ta joie, ton sourire. D'être tombée pour toi. Tu es la raison pour laquelle je laisse cette brûlure envahir mon corps. Oui, tu es ma brûlure. Mais une si belle brûlure! Laissant tes traces sur ton passage, me faisant fondre. Tu me brûle, mais je t'aime. Et tu m'aimes. Et on s'aime.

Je me décide enfin à baisser mon regard, pour découvrir mes pieds ayant leur couleur beige pale, n'étant point écarlates. Je regarde ensuite le robinet de mon bain, pour comprendre que l'eau n'a coulée goutte. Le fond de mon bain était sec depuis tout ce temps. Et la brûlure que je sentais, c'était bien toi.

Je suis conne.

Je suis tellement conne.

a moment of silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant