Je n'arrive pas à dormir. Je relate sans cesse le moment où le monstre et moi nous nous sommes regardés l'un l'autre. Quand je pense à lui, je me rends compte à quel point la citation "Les apparences sont parfois trompeuses" est vraie. Je ne peux pas m'empêcher de penser à toutes ses victimes et à leur souffrance. Mon esprit est perturbé par lui. Son sourire ne me quitte pas. Je crois que je deviens folle. C'est assez drôle sachant que je suis déjà dans un hôpital pour alienés. Peu importe, je ne dois pas m'approcher de ça. Ce n'est pas un humain, c'est un déchet de la société. Une râclure qui ne mérite pas de vivre. Pour la première fois de ma vie, j'ai peur. J'ai peur de ce monstre.
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6h30
La sonnerie matinale retentit dans le bâtiment. C'est l'heure de se lever. Comme d'habitude, je marche en direction de la salle de bain. Je me douche, m'habille et me coiffe. Je hais cette combinaison que tous les patients doivent porter. Le pire n'est peut-être pas la couleur bleue/blanc, mais plutôt la matière : du polyester. Ce truc me gratte affreusement. Une deuxième sonnerie retentit. Il doit être sept heures, l'heure de prendre notre petit déjeuner dans la caféteria. J'y descends tranquillement. Des tas de patients déferlent dans les couloirs. Chacun a un bracelet au poignet indiquant son nom, ses problèmes de santé (asthme, diabèthe) et son trouble psychique. J'aperçois, dans la foule, mon ami Louis. Il souffre de "trouble de l'adaptation", c'est-à-dire, que lors de situation stressante il perd le contrôle de lui-même et fait une crise. Cela finit généralement en cellule d'isolement. Je l'interpelle, tandis qu'il se retourne et avance vers moi. Nous échangeons quelques mots puis continuons notre chemin. Enfin arrivée à la caféteria, je m'asseois à ma table, après avoir pris un muffin et un verre de jus d'orange. Louis me rejoint peu après. Nous déjeunions tous tranquillement quand le monstre, rentre dans la pièce, pieds et poings liés par des châines, et entouré de deux gardes armés. Tout le monde le scrute. Il s'installe à une table non loin de la mienne, puis regarde les gardes, attendant qu'on lui enlève ses menottes. Un d'eux, lui retira ses menottes des poignets, mais attacha les chaînes de ses pieds à un crochet, planté dans le sol. Et ben dis donc, ça rigole pas! La chose tourna la tête vers moi. Il souriait. Je sentis la peur faire trembler mon corps. Il me fit un clin d'oeil. Une boule se forma dans ma gorge. Il continuait de me regarder fixement. Je détourne les yeux, priant qu'il arrête ça. Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule. Je crie de stupeur.
"Wow! Relaxe Haley, c'est que moi." s'offusque Niall.
"Désolé, je pensais que c'était quelqu'un d'autre." dis-je.
Je porte mon regard sur le monstre. Il est en train de manger. Il me fout vraiment les jetons, celui-là! Niall et Louis commencent à parler du temps qu'il fait, alors que je me perds dans mes pensées, essyant de résoudre le mystère de son obssession pour ma personne.
"Mlle Garrett?" interromp Mme Richards, directrice de l'établissement.
Je sursaute, surprise de la voir débarquer comme ça. Je me retourne vers elle.
"J'ai une faveur à vous demander." commence-t-elle.
"Je vous écoute", répondis-je.
"Comme vous le savez, à chaque nouvelle arrivée, un ancien membre paraine le nouvel arrivant. Et bien, même dans de telles conditions, nous devons appliquer le protocole. Vous serez donc la paraîne de Mr. Malik." déclare-t-elle.
Mon coeur s'arrête quand elle prononce ce nom. Ce n'est pas possible, je ne peux pas être sa paraîne. Elle est dans le coup. Ils le sont tous. Ils veulent ma mort. Ils veulent me voir disparaître. Il est l'organisateur de tout ça. Il les contrôle tous. Tout mon corps tremble. Mon coeur tambourine contre ma poitrine. Je me lève précipétemment et titube puis tombe. Je convulse de plus en plus. Ça recommence. Mes crises recommencent.
"Mark! Administrez-lui un décontractant musculaire et un anti-dépresseur! Tout de suite!" s'égosille Ida.
Et voilà. On recommence de zéro. Ça faisait 156 jours que je n'avais pas eu de crises. Soit 5 mois et 4 jours. Voilà. Je suis toujours Borderline. Je n'arrive pas à contrôler mes émotions. Je perds pieds. Je fais des crises de colère intense, de peur panique, de stress et de paranoïa aïgue.
Tu as perdu. On rejoue?