Un jour après ma petite visite dans la chambre du dangereux, une sale rumeur à mon propos circulait dans tout l'hôpital. Selon elle, je serais la nouvelle disciple du nouveau venu. Les patients et même les médecins me regardent comme si j'avais tué quelqu'un. D'autres, pensent que je suis la nouvelle proie de Malik, alors ils me regardent comme si j'étais déjà morte.
Louis a peur que le psychopathe me retourne le cerveau. Il est persuadé qu'il a les moyens de me faire devenir une autre, une Haley dangereuse. Je déteste ça, putain. Je suis pas dangereuse. Niall, lui, m'a fait promettre de faire attention. Il est tellement mignon et fragile.
Je marchai tranquillement dans les couloirs quand je vis une infirmière courir en direction de la section C. La section de Niall. Inquiète, je suivis l'infirmière qui me conduisit, malgré elle, jusqu'au "patient à contrôler", comme ils disent si bien. Une petite foule de malades s'était formée. Je me faufilai pour voir quel est le problème, puis je vis Niall tenu par deux gardiens. Il se débattait de toutes ses forces. Son visage portait l'expression d'un animal se battant pour sa survie. Il paraissait tellement hors de contrôle. L'irlandais se mît à crier, encore et encore la même chose :
"Haley, ne lui fais pas confiance!"
Il ne me regardait pas pourtant. Il avait les yeux exorbités, et fixait le néant. Son regard parcouru ensuite la salle et ses yeux se verrouillèrent sur moi. Il se calma aussitôt. Je m'avançais doucement vers lui, tandis que les gardes resserraient leur emprise sur lui. Je passais ma main droite sur son visage, caressant doucement sa joue. Une infirmière de faufila jusqu'à lui et lui planta une seringue hypodermique dans le cou afin qu'il s'endorme. Niall se détendit et les gardes le lâchèrent enfin. Le blond me prit dans ses bras et pleura contre mon cou.
"Je suis désolé." Répétait-t-il sans cesse, avant de fermer les yeux et de s'endormir.
Plus tard, Niall se réveilla, dans sa chambre, sous mon regard bienveillant.
"Ça va?" M'enquis-je.
Il hocha simplement la tête. Je sortis dans le couloir, où attendait Miss Cleaves, l'une des psychiatres de l'hôpital. Elle n'est pas vieille. Elle est même plutôt jeune, dans les vingt-quatre ans, je dirais. Ses cheveux châtains clairs illuminent son visage pâle et ses yeux verts lui confèrent une certaine prestance. Elle ne porte pas de blouse, mais un tailleur crème qui lui va à ravir. Elle entra dans la pièce tandis que Niall lui sourit. J'embrasse doucement le joue de mon ami avant de le laisser avec Miss Cleaves. Niall l'aime bien. Je crois qu'il craque secrètement pour elle. Je pense qu'elle aussi l'aime bien. Elle lui sourit toujours et sait comment le rassurer. Ils seraient mignons ensemble, même si elle est plus vieille que lui et qu'elle est son psy.
"Mlle Garrett?" Dit une voix, me tirant de ma rêverie.
C'était Mme Richards. Je me demande bien ce qu'elle me veut. Nous marchions côte à côte, ce qui me parut bizarre l'espace d'un instant. Elle était vieille, ce qui pour moi, voulait dire qu'elle avait une cinquantaine d'années. Son chignon tiré durcissait les traits de son visage. Elle avait des yeux gris perçants, semblables à ceux d'une aigle. De plus, son ensemble ne lui sciait pas. Elle paraissait encore plus vieille qu'elle ne l'était.
"Je voulais vous demander comment s'était passée votre entrevue avec le nouvel arrivant." Déclara-t-elle.
"Bien. Il est un peu dérangé mais ça va." mentis-je.
"Tant mieux. Mais faites attention, il est dangereux." Informa-t-elle.
Comme si je ne le savais pas déjà... Et puis s'il est dangereux pourquoi dois-je le parrainer hein? Ça c'est une question pertinente.
"N'hésitez pas à me dire si vous rencontrez un problème avec Mr. Malik. Sur ce, je vous laisse, je dois aller voir d'autres patients." Dit-elle.
Cette femme m'énerve. Elle pense que je suis son amie mais elle se trompe. Je ne l'aime pas. Elle est tellement condescendante. C'est insupportable.
Je décidais de retourner dans ma chambre avant de revoir le taré. Je dois le voir tous les jours à 15h. Génial.
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J'étais tranquillement allongée sur mon lit à fixer le plafond quand quelqu'un frappa à ma porte. Merde, ça doit être l'heure. Je me levai en soufflant puis ouvris la porte. Je portais mon regard vers la personne qui se tenait en face de moi. Mon sang se figea dans mes veines. Putain. Je suis maudite. Le dangereux se tenait en face de moi, menotté et entouré de deux gardes. Il avait encore ce sourire niais collé au visage."Tu ne me fais pas entrer?" Demanda-t-il.
Je soufflais encore une fois puis le laissais entrer. Les deux gardes le suivirent dans la chambre.
"Enlevez-moi ces menottes." Ordonna Malik en levant ses poignets attachés.
Les gardes me demandèrent mon accord. J'acceptais, à contre cœur. Avant de nous laisser seuls, les gardes m'informèrent qu'ils resteraient devant ma chambre et que s'il y avait le moindre problème, je devais crier.
Le dangereux s'assit ensuite sur mon lit sans que je lui ai donné mon accord. Il scrutait ma chambre."Elle est mieux que la mienne."Déclara-t-il, avec une pointe d'amertume dans la voix.
"Normal, toi t'es dans le secteur sécurisé." Lâchais-je.
Mon assurance parut le surprendre car il écarquilla les yeux avant de se reprendre. Il ria sans raison valable puis tourna sa tête vers moi. Il ne souriait plus du tout. Son regard devint sombre et ses traits se durcirent. Il se leva et s'approcha de moi. Je reculais, terrifiée. Il m'attrapa le bras et m'attira vers lui. Mon buste frappa son torse. Avec sa main libre, il agrippa mon visage et je me sentais défaillir. Mon cœur battait à tout rompre contre ma cage thoracique.
"Ne me reparle plus jamais comme tu viens de le faire, compris Haley? J'ai le droit à un minimum de respect." Siffla-t-il, tout en resserrant son emprise sur mon bras gauche.
J'hochai la tête, les larmes aux yeux. Il me lâcha enfin et je m'effondrai sur le sol. Malik se pencha et tenta de me relever le menton, comme il l'avait fait la dernière fois, mais je le repoussai. Il tomba et se cogna contre la commode. Prise de panique, je me recroquevillai dans un coin de la pièce. Je l'entendais se relever et avancer vers moi. Il allait me violer ou pire me tuer ou bien les deux. Je sentis sa main se poser sur mon avant bras, ce qui me fit sursauter. Je criais, j'implorais, je suppliais pour qu'il me laisse la vie.
"Haley, Haley, Haley, arrête de pleurer. Je déteste entendre les filles couiner et pleurer. Ça m'énerve." Avoua-t-il, froidement.
Je reniflai et tentai de me calmer du mieux que je pouvais ne voulant pas attiser la colère du brun. Il me tendit un mouchoir que je pris maladroitement. J'avais tellement peur. J'avais refais une crise, sous les yeux du dangereux et j'avais réussi à la surmonter. C'est un progrès en soit.
"J'ai une question." Parvins-je à articuler.
Il arqua un sourcil et me laissa parler.
"Pourquoi veux-tu jouer avec moi?" Demandais-je.
Une petite lueur s'alluma dans ses yeux ambrés.
"Enfin une question intéressante. Je t'ai choisie parce que tu es différente des autres. Tu es curieuse. Et j'aime ça." Dit-il, en souriant faussement.
Pour la première fois de ma vie, je regrette d'être curieuse. C'était un trait de caractère que j'avais toujours considéré comme étant une de mes grandes qualités. J'essuyai les dernières larmes qui avaient coulées sur mon visage.
"Bien. On va instaurer des règles : ne me manque pas de respect, ne m'insulte pas, ne me frappe sous aucun prétexte et surtout ne crie pas et ne pleurniche pas." Décréta le dangereux.
Maintenant, tout ce que j'ai à faire pour rester en vie c'est de respecter ces foutues règles.
