Loveness without Happiness

III

« - Bon je te laisse. N'oublie pas, Hyunjin vient à quatorze heures ! A ce soir. »

Nous sommes lundi. Il est sept heure quinze. Vendredi, j'ai finalisé mes quelques recherches, et notamment à propos de Hyunjin. Je sais que c'est un ami de Jisung, qu'il connaît Changbin et qu'il est psychologue. Jisung est vraiment inquiet de mon état psychique, et je le comprends. Je suis tombé sur des dossiers vidéo vendredi, et ce Changbin est tout à fait le genre de personne que je n'aime pas. Ou tout du moins depuis que je sais qu'il sort avec Jisung. Arrogant, mal poli et j'en passe. Même s'il n'a pas l'air d'avoir vilain fond. A vrai dire, il ressemble un peu à mon frère. Après ce vendredi dans la peau de Sherlock, j'ai passé un week-end paisible, comme dans un rêve. Jisung était au petit soin avec moi. Allant des repas consistants aux après-midis entiers passé sur le canapé, l'un contre l'autre, à regarder la télévision. Et maintenant, nous voilà lundi.

Mes recherches du jour se sont bien déroulées et j'entends à l'instant l'interphone, à quatorze heures zéro trois précise. Je lui ouvre, lui propose un café, et nous nous installons sur le canapé.

« - Alors, qu'est-ce qu'il t'arrive mon vieux ? Jisung est dans un de ses états à cause de toi.

- Eh bien, je ne sais pas vraiment... »

Il me pose des questions plus ou moins vagues, me laisse parler de ce que je ressens. Puis il dirige ces questions vers Jisung. Je sens qu'il est déconcerté avec le ton de sa voix, même si son visage reste impassible. Il oriente ensuite les questions sur ma vie privée et personnelle. Je réponds de moins en moins assurément à ses questions, ne connaissant pas assez la vie de la personne dont j'ai emprunté le corps. Il se doute de quelque chose, j'en suis sûr.

« - Écoute Changbin. Je crois que je sais ce qu'il t'arrive.

- Ah oui ? 

- Un dédoublement de la personnalité. Sérieusement. Le toi que je connais n'aurais pas était aussi docile face à mes questions. Et d'ailleurs, il aurait surement fait un scandale pour ne pas "aller voir le psy". Mais cependant, les symptômes sont assez... Étrange. Tu es sûre que tu me dis tout ? »

Il me teste avec son regard. Cet homme n'est pas diplômé de l'école de psychologie à seulement 22 ans pour rien. C'est un très bon déducteur, et très intelligent en plus de ça. Je soupire. J'avais déjà envisagé de dire ce qu'il m'arrive à quelqu'un, cela reste étrange et pas facile à accepter. Seulement, pas à Jisung. Je ne veux pas que lui soit au courant. Je suis trop égoïste et dépendant de l'amour qu'il m'offre pour faire cela. Je commence donc à peser le pour et le contre dans mon esprits pendant qu'il me sonde. Je fini par craquer, de toute façon, je n'aurais pas pu garder ça pour moi très longtemps.

« - Ne dit rien à Jisung, s'il te plaît.

- Secret professionnel, je respecterai ta décision. Tout reste entre nous.

- Ne me prend pas pour un fou non plus.

- La plupart de mes clients sont considérés comme fou, fragile psychologiquement parlant ou dépressif pour aucune raison apparente tu sais. »

Je souris discrètement.

« - Je ne suis pas Changbin, pas intérieurement. Je m'appelle Félix, je me suis réveillé dans ce corps l'autre jour, sans comprendre ce qu'il m'arrivait. J'ai jugé bon de faire comme si tout était normal. 

- Et comment tu te sens face à cette situation toi, Félix ?

- A vrai dire, Changbin est peut-être dans mon corps. Mais ça je m'en fou. Peut-être que je resterais dans ce corps pour toujours. Mais ça aussi, je m'en fou.