Chapitre 1

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All the lonely people

Where do they all come from?

All the lonely people

Where do they all belong?

Ah, look at all the lonely people

Ah, look at all the lonely people

Eleanor Rigby died in the church and was buried along with her name

Nobody came

Father McKenzie wiping the dirt from his hands as he walks from the grave

No one was saved

All the lonely people

Where do they all come from?

All the lonely people

Where do they all belong?

Allonger à même le sol de ma chambre, je fixais obstinément le plafond en espérant qu'il s'effondre sur moi. Je n'avais pas bougé depuis je ne sais combien d'heures. Même pas le petit doigt. Si quelqu'un était entré, il aurait pu me croire morte, mais je n'en avais rien à faire.

La chanson « Eleanor Rigby », des Beatles, sortait des haut-parleurs posés sur mon bureau. Le son était tellement fort que les murs tremblaient. Habituelle, j'adorais cette chanson, mais aujourd'hui, j'avais l'impression que les paroles avaient été écrites pour se foutre de moi.

« Tous les gens seuls, d'où viennent-ils tous? Tous les gens seuls, où est donc leur place? »

Où était ma place, à moi? Je n'en avais aucune idée. Probablement en enfer. Je n'avais rien fait de mal en soit, mais j'étais née dans le pêché. J'avais baigné dedans toute mon enfance. Le mal coulait dans mes veines et était imprégné dans mes gênes. Jamais je ne pourrais m'en débarrasser. Le paradis n'accueillait certainement pas les gens comme moi. Du moins s'il existait, ce dont je doutais fortement. Je ne croyais pas en Dieu. S'il existait vraiment, il n'aurait certainement pas permis que je naisse et ça aurait été mieux.

Pour l'instant, ce sont les services sociaux qui avaient décidé où serait ma place. C'est-à-dire, dans une famille d'accueil. Plusieurs familles, plus précisément. Depuis maintenant un an, je me trouvais avec un charmant petit couple de croyants, évidemment, car l'Univers semblait s'acharner à me montrer à quel point il pouvait être ironique. La première fois que j'avais rencontré Morgane et Felix Fletcher, il m'avait servi tout un discours sur Dieu et sur le fait qu'Il allait m'aider à surmonter toutes les épreuves. Ça m'avait énervé. Je leur avais presque répliquer qu'il pouvait se mettre leur Dieu là où je pense. La seconde d'après, je m'en étais voulu. Ils ne m'avaient rien fait. Je ne pouvais, ne VOULAIS pas les blesser.

J'avais aussi rencontré Yann, d'un an mon cadet. Il avait été placé chez les Fletcher huit mois avant moi. Lui, je ne l'appréciais vraiment pas. Il me dégoutait au plus haut point. C'était un adolescent boutonneux aux cheveux brun et gras. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne le jugeais pas pour son apparence. Yann était tout simplement quelqu'un qui me donnait envie de vomir. Il s'était mis en tête de me charmer, et était beaucoup trop insistant, même après que je lui ai expliquer que je n'étais pas intéressée.

Chaque soir, durant le souper, les Fletcher priaient en se tenant les mains. J'en était exempté. Tous les gens que je connaissais savait que je n'aimais pas être touché. Je ne le supportais pas. Pourtant, Yann ne semblait pas comprendre, ou ne le voulait pas. Il tendait toujours une main vers moi durant la prière, et quand je la refusais, il me faisait du pied sous la table. Ça avait le don de me couper l'appétit. D'ailleurs, ça faisait maintenant plus d'une semaine que je n'avais pas manger à ma faim.

How To Love Life When...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant