Chapitre 2

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Je jetais un nouveau coup d'œil à l'horloge. Elle affichait 1:00 du matin. La peur s'était installée dans le creux de mon ventre, anesthésiant toutes les autres émotions. J'étais assise sur une chaise au poste de police depuis maintenant presque quatre heures. Seule. Complètement dépassée par la situation, je n'avais pas osé bouger. Les policiers m'avaient laissé une heure pour faire mes bagages et dire au revoir, ce que je n'avais pas fait. J'étais passé devant les Fletcher sans même leur accorder un regard. J'avais seulement croisé les yeux tristes d'Eliza avant de m'éloigner sans un regard en arrière.

Les Fletcher avaient protesté, ils voulaient que je reste avec eux, et ils ne comprenaient pas pourquoi c'était impossible. Les policiers leur avaient promis de leur expliquer la situation une fois qu'ils m'auraient mise en sécurité. Puis, ils m'avaient emmené ici et d'autres agents avaient été envoyé surveiller la maison des Fletcher et celle d'Eliza. Il en restait une dizaine ici pour veiller sur moi.

Evans Pierce, alias l'homme qui me faisait office de géniteur, c'était évadé il y a maintenant plus de vingt-quatre heures et personne ne doutait que la première chose qu'il ferait serait de se mettre à ma recherche. La question était : combien de temps un homme comme lui mettrait pour me retrouver? Un frisson de terreur me parcouru la colonne vertébrale à cette pensée. Je fermais les yeux et serrais les poings jusqu'à laisser des marques dans mes paumes. J'essayais de ne pas laisser les souvenirs remonter à la surface, mais c'était difficile. Je décidais donc de me lever pour tenter de me changer les idées.

- Vous avez quelque chose à manger? Demandais-je à une femme qui se trouvait derrière le comptoir d'accueil.

Je n'avais pas vraiment faim, mais j'avais à peine manger de la journée et je commençais à avoir la tête qui tourne. La femme leva la tête vers moi et pointa un couloir sur ma gauche.

- La cuisine se trouve au fond, à droite. Tu n'as qu'à te servir, fait comme chez toi, ma belle.

- Merci, lui dis-je.

J'avais essayé de lui retourner son sourire, sans grand succès. Je me dirigeais dans la direction qu'elle m'avait montrée. Au fond du couloir, je m'apprêtais à pousser la dernière porte à droite, mais je m'arrêtais en entendant des voix de l'autre côté.

- Je suis complètement crevé! Rappelle-moi pourquoi le lieutenant a besoin d'autant d'hommes pour surveiller une gamine? Demanda un homme d'une voix lasse.

Au son de sa voix, je reconnu l'un des policiers qui étaient venu me chercher.

- Ce n'est pas elle qu'on surveille, c'est son père, répondit son coéquipier.

- Il est si effrayant que ça? tout le monde à l'air à cran.

- Tu n'es pas au courant?

- Au courant de quoi?

- Evans Pierce est un ancien militaire. On raconte que la guerre l'a rendu complètement névrosé. Il s'est fait arrêter il y quelques années, au Mexique, mais ça a coûté la vie de pas mal de policiers. C'est pour cette raison qu'on est autant d'hommes en service aujourd'hui. Ce mec est un psychopathe.

- Merde... et vous êtes tous sûr qu'il viendra ici?

- Ouais. Quand il apprendra que sa fille est ici, si ce n'est pas déjà fait, il viendra la chercher. Il est complètement obsédé par elle.

Je déglutis difficilement et tournai les talons. J'en avais assez entendu. Ma respiration était devenue saccadée et mon cœur battait à tout rompre. Rien ne m'effrayait plus que la possibilité que Pierce me retrouve. Ça ne devait jamais arriver. Je ne pouvais pas attendre ici en sachant qu'il pouvait débarquer d'une minute à l'autre. En tournant le coin du couloir, je percutais quelqu'un par accident. L'homme se tourna. C'était Mr. Phillips, le chef de police.

How To Love Life When...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant