Chapitre 8

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Le lendemain midi, la bonne nouvelle c'était que la plupart des élèves avaient arrêtés de me porter attention en comprenant qu'il était trop compliqué d'avoir une discussion avec moi. Même si pour être honnête, peu avait essayé.

Certains s'écartaient même sur mon passage. À croire que le 90% de ma personne qui était de la merde pouvait se voir. Ce qui était peut-être le cas. Peut-être que les gens pouvaient voir quel genre de personne j'étais. Et pourtant, quelques-uns me regardaient encore avec curiosité. En particulier Matthias, que j'avais croisé une ou deux fois dans les couloirs, toujours en compagnie de son ami Jonah, mais que j'ignorais volontairement. Ses questions devraient attendre encore un moment. De toute façon, sa curiosité ne mènerait à rien puisque pour la plupart de ses questions, je serais obligée de lui mentir.

D'un pas lent, je me dirigeais vers la cafétéria. En y entrant, ce qui me frappa en premier, ce fut le bruit. Une vraie cacophonie. Puis, j'aperçus la masse de gens. Les tables étaient bondées et c'était sans parler de la file d'attente pour aller chercher à manger. Je déglutis et allais me placer dans la file en maintenant une distance respectable avec la fille devant moi. Les premières minutes passèrent sans problème. Jusqu'à ce que quelqu'un me bouscule dans le dos. Je me rattrapais de justesse et évitais de percuter la fille devant. Je me tournais pour apercevoir le fautif. C'était un garçon un peu plus jeune que moi. Il grimaça.

- Je suis désolé, quelqu'un m'a poussé.

Je ne lui répondis pas, évidemment. Je m'apprêtais à reprendre ma place initiale quand j'aperçus Monica, alias Barbie, juste derrière le garçon. Elle me lança un clin d'œil. Je serrais les poings, mais décidais de l'ignorer.

Je frottais mes bras qui étaient envahis par la chair de poule. Je n'avais pas froid, seulement, je n'aimais pas la sensation que me procurait tous ses gens amassées autour de moi. Je tentais de me détendre en expirant calmement et fermais les yeux, mais quand quelqu'un me marcha sur le pied, sans fut trop. En essayant de ne pas partir en courant, je quittais la cafétéria en gardant une attitude la plus normal possible. Manquerait plus que quelqu'un me voit quitter la salle avec la panique inscrit sur mon visage.

Quelque minute plus tard, je me retrouvais sur le toit, assise au sol, le dos appuyé sur le muret qui me séparais du vide. Je ne cessais de me reprocher la réaction que j'avais eu plus tôt. Hier, ça avait été le même scénario : moi, seule, mangeant un bâtonnet de bœuf séché sur le toit du lycée. Pathétique! Pourquoi est-ce que j'étais ainsi? Pourquoi étais-je si faible? Soudain le bœuf dans ma bouche devint beaucoup plus dur à avaler. J'avais la gorge trop serrée.

À quinze ans, mon psychologue, monsieur Gregory, m'avait diagnostiqué ochlophobe. Autrement dit : la peur de la foule. Monsieur Gregory avait dit que cette phobie pouvait être expliquée par la peur des regards, l'impression de voir le danger partout ou l'impression de se sentir encore plus seul alors que l'on est entouré de gens. Autant dire que je n'aimais pas cette définition et que je préférais voir ça comme de l'insociabilité à très TRÈS haut niveau.

Je fini de manger mon bœuf séché et ramenais mes genoux contre ma poitrine en essayant d'ignorer le fait que j'avais encore faim, quand soudain la porte s'ouvrit. Je relevais la tête et aperçus Jonah. L'ami de Matthias. C'était la première fois que je le voyais sans ce dernier. J'étais en train de me demander ce qu'il faisait ici, quand je me souvins qu'il venait souvent. C'était plutôt moi qui n'étais pas à ma place. Il me remarqua, mais ne semblait pas surpris de me voir.

Je le regardais s'approcher en fouillant dans son sac. Il en sortit deux sandwichs et, en s'accroupissant devant moi, m'en tendit un. Il me souriait gentiment. Je ne pu lui rendre qu'un regard interloqué. Est-ce qu'il avait pitié de moi?

How To Love Life When...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant