Chapitre 4

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La chaleur étouffante. Les ténèbres. Je suffoque. Je tire sur les cordes à mes poignets. Elles creusent encore un peu plus ma chair et le sang coule entre mes doigts. Ma tête tourne et je m'effondre sur le flanc. Mon crâne cogne contre le sol, mais le plus douloureux c'est mon épaule. Elle s'est déboitée à force de tirer sur mes liens. Je sais que si je ne réussis pas à la replacer rapidement, elle sera dans un piteux état, mais je n'en ai pas la force. Le monde continue de tanguer. Je prie pour perdre rapidement connaissance et échapper à cette souffrance, mais bien-sûr, ça ne se produit pas.

Le sang et la sueur me coulent dans les yeux. Je voudrais crier, mais je sais que ça ne sert à rien. J'ai déjà essayé tant de fois. Personne n'entend. Parfois je me mets à divaguer. Des voix me chuchotent à l'oreille, me disant de mettre fin moi-même à tout ça et de m'enlever la vie. Parfois, j'ai envie de les écouter et de me fracasser le crâne contre le mur jusqu'à ce que mort s'ensuive, puis, je me rappelle que je ne peux pas. Je me le suis juré. J'essaye de bouger, mais mon corps me fait trop mal. En plus de mon épaule déboitée, je dois avoir quelques côtes cassées par les coups que j'ai reçu. En passant ma langue sur mes dents, j'ai remarqué qu'il m'en manquait une. Ça fait un moment que j'ai arrêté de pleurer. La première semaine, je n'ai fait que ça et hurler. Du moins, je crois que ça a duré une semaine. J'ai perdu la notion du temps.

Au prix d'un énorme effort, j'arrive à tourner la tête de quelques centimètres et aperçois le rayon de lumière que laisse passer la fenêtre barricadée. C'est une petite fenêtre rectangulaire se trouvant juste en dessous du plafond. J'ai deviné il y a quelque temps, lorsque j'étais encore complètement lucide, que je me trouvais dans un sous-sol. La fenêtre se trouvant au niveau du sol à l'extérieur. Malgré la minuscule source de lumière, je ne voyais quasiment rien. Elle ne laissait voir qu'une petite partie du plafond, qui était encombré de toiles d'araignées. Je serrais les dents et gémis. Est-ce que quelqu'un allait venir me sortir de cet enfer? Est-ce qu'au moins, quelqu'un me cherchait. Je pensais à ma tante, chez qui j'habitais avant de me faire enlever et en conclut que non. Elle ne remarquerait probablement pas ma disparition, et même si c'était le cas, elle ne le signalerait pas. Personne ne remarquerait que je n'étais plus là. Personne ne me chercherait. Je gémis à nouveau et s'en fut trop. Je poussais un long hurlement qui ressembla plus au hurlement d'un animal à l'agonie. Un hurlement de rage et de désespoir. J'y mis toute la colère que j'éprouvais envers les gens qui m'avaient conçu et que j'aurais dû appeler mes parents, envers ma tante, mes profs, mes camarades de classe, mes voisins, les policiers... je crus que ce hurlement terrifiant n'en finirait jamais.

***

Je me réveillais en sursaut en cherchant mon souffle. J'avais envie de crier, mais ma gorge était trop nouée pour produire un son. Où est-ce que j'étais? La pièce était plongée dans le noir, m'empêchant de voir ce qui m'entourait. J'avais chaud. La sueur coulait dans mon dos. Quelque chose entravait mes mouvements. Je me débattis pour m'en défaire. La panique m'envahie, faisant battre mon cœur encore plus vite. Pierce m'avait retrouvé. Mon dieu! Non! Ça ne pouvait pas être réel! Tu en es sûre? Des larmes de désespoir se mirent à couler sur mes joues et je hurlais :

- Laisse-moi partir! Laisse-moi partir!

J'entendis une porte s'ouvrir à la volée et quelques secondes plus tard la lumière envahie la pièce. Je me cachais les yeux devant cette soudaine clarté et mes muscles se tendirent en attendant le coup qui ne manquerait pas d'arriver parce que j'avais crié. Pierce était toujours en colère quand je criais. Mais le coup ne vint pas.

- Mon dieu! Mais qu'est-ce qui se passe?

Ce n'était pas la voix de Pierce. Sans comprendre, j'écartais lentement mes bras de mon visage. Une vieille femme se trouvait devant la fenêtre et tenait les rideaux en me regardant d'un air inquiet. Je regardais autour de moi, désorientée. Nous étions dans une chambre d'aspect sobre, avec des murs en bois. Ce qui avait entravé mes mouvements n'était autre qu'une couverture emmêlée autour de mes jambes. Un miroir posé sur la commode face au lit renvoyait mon reflet. J'avais une piètre allure. Mon visage était blême et mes cheveux en bataille. Je tournais la tête et aperçu un cadre photo posé sur une table de chevet près du lit. C'était une photo de Luke et de la vieille femme qui était toujours près de la fenêtre.

How To Love Life When...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant